Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Antonio Hernández Palacios
Les éditions du Long Bec, sises à Strasbourg et éditant, jusqu’à présent, quelques bandes dessinées de factures plutôt classiques — dont des scénarios pour la plupart dus au local Roger Seiter —, ont eu la bonne idée de proposer une imposante intégrale des aventures de Manos Kelly : un western superbement illustré par l’artiste espagnol Antonio Hernández Palacios. Comme le galeriste Daniel Maghen vient, en plus, de consacrer (c’était jusqu’au 8 octobre !) une exposition à ce dessinateur qui fait partie des plus brillants de l’école hispanique, nous nous sommes dit qu’il était temps de revenir sur sa riche carrière !
Né à Madrid, le 16 juin 1921, Antonio Hernández Palacios a étudié la céramique et la sérigraphie à l’École des Beaux-Arts de San Fernando, où il a été formé par des artistes comme Vazquez Diaz, Jorge Oteiza, Pedro Mozos ou Francisco Cossio.
La guerre civile espagnole interrompt sa carrière de peintre et de dessinateur publicitaire, notamment dans l’illustration d’affiches de films où il se fait remarquer.
Cependant, pendant trente ans, jusqu’à la fin des années soixante, il travaille dans le domaine de la publicité, obtenant prestige et popularité, mais s’ennuyant dans des travaux de commandes assez complexes à réaliser.
Sa première incursion dans le 9e art daterait toutefois de 1943, avec une histoire ayant pour cadre la Légion étrangère (« El Enmascarado del desierto » : quatre planches dans le n° 268 du magazine Chicos daté du 22 septembre) et avec deux épisodes d’« El Capitán Maravillas », fascicule d’espionnage proposé par les éditions Valencia.
Même s’il réalise aussi vingt-six cahiers d’une version assez humoristique du célèbre « Doc Savage » pour les éditions Rollán (en 1961), il ne se lance vraiment en ce domaine qu’au tout début des années 1970, avec, justement, le western « Manos Kelly », publié par le magazine espagnol Trinca.
Deux jeunes collaborateurs de son studio lui parlent des nouvelles bandes dessinées européennes : moyen d’expression qu’il a toujours apprécié.
Or, ces dessinateurs publicitaires ont été approchés pour participer à un nouveau projet lancé par les éditions Doncel : ce qui allait devenir la revue Trinca.
S’ils n’y participent finalement pas, ils serviront toutefois d’intermédiaires et Isidoro Carvajal (le premier directeur de Trinca) commande à Palacios deux séries régulières (« Manos Kelly » et « El Cid ») et une plus anecdotique (« La Paga del Soldado »).
Un autre projet d’aventures futuristes (« Nuri-Eva ») ne convenant pas à la ligne éditoriale du magazine sera, quant à lui, abandonné après deux pages d’essai.
Ce sont les fréquents voyages en Amérique de Palacios qui sont à l’origine de l’idée de réaliser une bande dessinée consacrée à la présence espagnole en Amérique du Nord : « En s’intéressant plus à l’histoire réelle de l’Ouest américain qu’à ses mythes ou archétypes, Palacios recherche bien sûr un esthétisme dans chaque case, mais aussi une rigueur historique et ethnologique » nous rappellent les éditions du Long Bec dans leur promotion de cet indispensable volume de deux cent vingt pages préfacées par Luis Alberto de Cuenca, Roger Seiter et François Corteggiani.
L’apparition de « Manos Kelly », série qui l’a fait connaître en dehors de l’Espagne, remonte donc au n° 1 de Trinca de novembre 1970. Nous aurons droit, jusqu’en juillet 1973 (dernier numéro de Trinca), à la publication de l’équivalent de trois albums édités chez Doncel en Espagne, puis chez Aventures et Voyages (en 1973 et 1974) et aux Humanoïdes associés (en 1980) en France.
Il existe aussi un épisode de seize pages en noir et blanc traduites en français en 1981, dans le n° 61 de la revue Métal hurlant, et publiées la même année dans le n° 0 et le n° 1 de la revue Saloon de Hit Press. Palacios reviendra encore à cette série en 1985, pour une cinquième histoire (« La Guerra Cayuso », publiée en 1984 dans la revue Rambla de Distrinovel) qui était, jusqu’à lors complètement inédite en France.
Le magazine Trinca propose alors des bandes dessinées dues à la fine fleur ibérique : Jaime Agulló, Juan Arranz, Alfonso Azpiri, Juan Bernet Toldano, Adolfo Buylla, Miguel Calatayud, Carlos Giménez, Josep Gual, Esteban Maroto, Adolfo Usero, Enrique Ventura ou Víctor de la Fuente (voir Víctor de la Fuente) que Palacios considère comme un maître.
L’autre série de Palacios à être publiée dans Trinca, à partir du n° 12 d’avril 1971 jusqu’au dernier n° de 1973, est donc « El Cid » : aventures moyenâgeuses qui confirment la virtuosité picturale de cet auteur au graphisme fouillé et baroque, mais aussi la maîtrise de sa narration.
Les deux premiers épisodes parus dans Trinca sont traduits en français dans un album des éditions Aventures et Voyages publié en avril 1974, dans la collection Mon Journal, lequel sera repris dans une intégrale de la Collection noire des Humanoïdes associés, en 1980.
Palacios reprendra cette saga, dont il avait prévu bien d’autres péripéties (qu’il ne pourra jamais achever), avec « La Cruzada de Barbastro » : une quatrième aventure publiée en album en 1984 aux éditions espagnoles Ikusager.
Enfin, n’oublions pas, dans Trinca, les cinq épisodes de quatre pages chacun de « La Paga del Soldado », racontant les actes héroïques de la milice espagnole, en 1972.
Le succès obtenu par ses séries dans Trinca, lui ouvre les portes du marché européen et, en 1974, il participe à une exposition collective en Suisse (« Aspects de l’imagerie critique ») à la Galerie 2016, à Hauterive.
Il est alors contacté par Claude Moliterni qui travaille sur le projet du mensuel Lucky Luke (voir Le journal de Lucky Luke !) pour l’éditeur français Dargaud.
Ce dernier lui fait rencontrer son ami ancien baroudeur, écrivain et scénariste Jean-Pierre Gourmelen qui lui écrit un nouveau western : « Mac Coy », l’épopée du capitaine Alexis Mac Coy, héros sudiste de la fin de la guerre de Sécession nord-américaine vite enrôlé par les Yankees.
Les courts récits complets publiés dans Lucky Luke (avec un inédit plus long) seront compilés en trois albums aux éditions Dargaud, entre octobre 1974 et octobre 1975. Toutefois, cette épique série continue dans l’édition française de Tintin (en 1976, le temps d’un seul épisode : « Le Triomphe de Mac Coy »), puis de 1980 à 1984 dans Pilote (quatre aventures) et de 1986 à 1989 dans Pilote & Charlie (deux longs-métrages et deux courts récits de six et trois pages en 1987 et 1988 : « Le Pire Noël de Mac Coy » et « Intermède madrilène »), avant de se poursuivre directement en album chez Dargaud (et en Espagne chez Grijalbo ou Norma) : totalisant ainsi vingt et un opus jusqu’en 1999. Certaines histoires comme « Little Big Horn » (en 1980) y sont publiées en noir et blanc et rendent compte du talent de ce maître en ce domaine, alors qu’il est, aujourd’hui, plutôt réputé pour sa couleur directe à la palette explosive : son trait précis, tout en hachure, offrant des effets saisissants de volumes et de reliefs qui traduisent à merveille le vertige des grands espaces.
Il réalise aussi, à cette époque, un récit de seize pages pour l’hebdomadaire Pif gadget : une fantaisie médiévale intitulée « Garin » et publiée au n° 428 de mai 1977.
L’expérience est de courte durée, Pif gadget ne payant pas assez, mais Palacios réutilisera cette idée pour les six épisodes de « Drako Gades » dans le magazine espagnol Rumbo Sur, entre 1984 et 1991.
Une autre histoire avec le même personnage (« Los Gazules de Sevilla ») sera proposée dans la revue Osinvito, en 2004 : il s’agit d’une publication posthume d’un travail effectué en 1991.
Par ailleurs, en 1982, Palacios travaille également directement pour un autre magazine français en publiant seize pages des « Chants de Maldoror », d’après le comte de Lautréamont, dans le n° 77 de Métal hurlant français (et dans le n° 11 de la version espagnole).
Parallèlement à ces travaux européens, il effectue diverses œuvres pour la collection Imágenes de la historia des éditions Ikusager, en commençant par une série sur la guerre civile espagnole.
Il pensait, à l’origine, la développer sur une vingtaine de volumes, mais seulement quatre paraîtront finalement : « Eloy, uno entre muchos » et « Río Manzanares » (en 1979), « 1936 : Euskadi en llamas » (en 1981) et « Gorka Gudari » (en 1987).
Les trois premiers ont été proposés en France par les Humanoïdes associés, entre 1981 et 1982.
Pour le même éditeur espagnol et son responsable Ernesto Santolaya, il réalise également « Roncesvalles » (en 1980) : une magnifique fresque historique sur la mythique défaite infligée à l’armée du roi franc Charlemagne à Roncevaux.
Cette bande dessinée est aussi traduite en français l’année suivante par les Humanoïdes associés, toujours dans leur Collection noire.
Également chez Ikusager, signalons le didactique « El Libertador, Simón Bolívar » album publié en 1987 et scénarisé par Jean-Pierre Gourmelen. Les éditions Dargaud le traduisent, la même année, dans leur collection Les Grands Capitaines. (1)
En 1992, toujours parallèlement à sa série « Mac Coy », Palacios dessine, sur ses propres textes, trois « Relatos del Nuevo Mundo », albums autour des voyages de Christophe Colomb chez Planeta DeAgostini : « El Primer Viaje de Colón : una candela lejana », « El Virreinato de Colón : la Luz y la espada » et « La Conquista de la Nueve España ».
Sept ans plus tard (en 1999), il produit aussi deux albums consacrés aux règnes de Charles Quint (« Carlos V ») et Philippe II (« Felipe II ») chez Grupo Pandora, commandés par la Société nationale pour la commémoration de leurs centenaires. « Carlos V » a également été édité en français par Dargaud, la même année, dans leur collection Portraits souvenirs.
Venu tardivement à la bande dessinée, Palacios a prouvé, tout au long de sa carrière, qu’il était un grand artiste de la bande dessinée réaliste ; ne serait-ce que par son style baroque articulé par l’utilisation de couleurs énergiques et violemment contrastées, notamment un recours fréquent au rouge et à ses dégradés.
Antonio Hernández Palacios est décédé à Madrid le 29 janvier 2000, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, nous laissant de sublimes dessins et une œuvre accomplie qui, nous l’espérons, continuera d‘être mise à notre disposition par les éditions du Long Bec ou par d’autres structures.
Gilles RATIER
(1) En 1983, Palacios participe à l’album « La Historia de Andalucía », édité par El Monte de Piedad y la Caja de Ahorros de Sevilla.
Super, je me souviens bien de PALACIOS et de la revue TRINCA, dans laquelle était publié aussi un autre fameux dessinateur espagnol: ViCTOR DE LA FUENTE
Pour ma part, tout gamin, j’ai découvert le talent spectaculaire de Palacios dans le 1er numéro de l’éphémère journal « Lucky Luke » (Dargaud, mars 1974) que je possède toujours.
Placées entre 2 récits humoristiques, (à savoir un mémorable épisode de Valentin le vagabond par Tabary ["Les dévaliseurs"] et une chouette histoire courte de Lucky Luke himself ["Le desperado à la dent de lait"]), les 1ères planches somptueuses de La Légende d’Alexis McCoy (« La marque ») me sautaient à la figure ! Par contraste, c’était un vrai choc visuel !!!
Mais étant donné qu’en dehors de Mc Coy, je connais très mal la carrière de cet auteur remarquable, eh bien merci Gilles : grâce à votre copieuse « Bio-graphik » , j’ai une bonne séance de rattrapage en vue !
(comme je dis souvent : « Mieux vaut thark que jamais… » )
Et merci à vous,Thark, pour vos commentaires toujours aussi passionnés !
Bien cordialement
Gilles
Excellente nouvelle en effet!!!
Mr Eric Catarina, directeur général des éditions du Long Bec , a les moyens de continuer d’éditer de la Bande dessinée. Formidable!!
Il a donc les moyens de me régler les 400 Euros qu’il me doit depuis le 12/02/2016…date à laquelle nous avons signé conjointement un contrat pour un collectif BD sur un très beau sujet Rock.
Je ne suis pas le seul , puisque 16 auteurs participaient à ce collectif, dont Julien Solé, Olvier Supiot, Olivier Martin, Richard Di Martoino, Christopher …et bien d’autres , dont la plupart avaient terminés leur travail, ou presque.
Or à cette époque, Mr Eric Catarina, au mépris des contrats dûment signés avec nous, prétextant être aux abois, mettant presque la clé sous la porte, nous a « proprement » tous plantés là!!!
Je me doutais un peu que cette personne, peu recommandable de par son attitude non professionnelle et irrespectueuse du travail des Auteurs, finirait par sortir quand même de nouveaux livres, sans aucun scrupule, et qu’il serait donc capable par la suite, d’embobiner de nouveaux artistes.
Je suis hors de moi, et je me devais de mettre en garde les auteurs envers cet éditeur pour le moins véreux.
Refaire de la BD me tente de temps en temps…mais cela fait deux fois coup sur coup , après pourtant 42 ans de boulot, que je me fais avoir comme un débutant ,simlplement parce que je fais confiance!
A bon entendeur , vous êtes prévenus , amis auteurs.
Philippe Sternis.
Bien que totalement hors sujet par rapport à la carrière de Antonio Hernández Palacios, dont il est question ici, je me permets un tout petit mot, M. Sternis. Je comprends votre colère et le fait que vous ayez besoin de l’exprimer haut et fort d’une façon ou d’une autre.
Les passionnants dossiers & articles de BDzoom n’étant pas le lieu pour pouvoir décortiquer les mésaventures pros ou persos des uns ou des autres, je me bornerai à ceci : illustrateur indépendant avec « seulement » 19 ans de boulot derrière moi, j’en ai aussi vu des vertes et des pas mûres du même genre… , ce qui me met en mesure de ‘capter’ précisément, je pense, vos (res)sentiments.
J’espère donc tout simplement que votre coup de gueule sera entendu par qui de droit, et que vous et les 15 auteurs concernés en auront un écho constructif… et décisif !
Méfions-nous des « snarks » illusionnistes, gardons-nous de tout « Trafic »… pour ne garder que les bonnes choses en « Memory » ! [Oui, oui, j'avoue : j'ai lu et adoré ces récits succulents quand j'étais ado... ^^ Okapi, Circus, tout ça... ].
Bon courage, avec une bonne dose d’ondes positives !
Très cordialement,
Thark (… et pas snark… ^^).
D’accord avec vous sur le fait que ce n’est pas forcément le lieu pour parler des « mésaventures » ..sauf que trop..c’est trop! et ce n’est pas une « mésaventure » , mais c’est bien plus grave , puisqu’il s’agit d’abus de confiance , et de mépris de l’Auteur , en général.
Je prends le support qui se présente à moi….bien plus dans le but d’alerter que de râler.
J’estime donc qu’il est de mon devoir d’avertir les auteurs, et plus particulièrement les jeunes auteurs par ailleurs souvent trop naïfs, des pratiques de certains éditeurs…
Dans le cas présent, c’est indispensable, car il m’est insupportable de voir ce qui se passe avec le Long Bec…qui est un exemple parmi beaucoup d’autres.
J’en resterai là de mes commentaires, à chacun de se faire son opinion.
Ceci étant, vous m’avez fait sourire par vos clins d’oeil sympas évoquant certains de mes albums, à l’époque où l’on pouvait à peu près vivre de notre métier-passion….
Je vous souhaite bonne route et restez vigilant.
Amicalement.
Les hors-sujets s’avèrent parfois aussi intéressants que le sujet lui-même. C’est le cas ici.
Merci à vous pour ce témoignage. Vous avez eu bien raison de saisir l’occasion de venir nous l’apporter.
J’espère que vous finirez par obtenir gain de cause. Il arrive trop souvent que les métiers créatifs ou artistiques soient traités de cette manière (j’en sais aussi quelque chose).
Merci pour votre soutien compréhensif.
Ca fait du bien.
Amicalement.
A tout hasard, Philippe… Suite à cet échange ici-même (et vu que sur le Web les nouvelles vont vite… ), avez-vous reçu un signe des Editions du Long Bec, un quelconque écho qui pourrait laisser espérer une suite et surtout une conclusion positive à tout ça ?
Je vous souhaite que tout soit réglé (dans tous les sens du terme^^) rapidement et autant ‘à l’amiable’ que possible…
Bon courage one more time, et que le souffle du Waconda soit en vous !