Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Champs d’honneur T1 : Valmy, septembre 1792 » par Emiliano Zarcone, Ugo Pinson et Thierry Gloris
L’Histoire en bande dessinée a actuellement le vent en poupe, comme en témoigne encore ce mois-ci cette nouvelle série conceptuelle des éditions Delcourt, intitulée « Champs d’honneur ». Après avoir notamment évoqué la Seconde Guerre mondiale dans « Malgré nous » (4 tomes publiés chez Quadrants de 2009 à 2012) et le Moyen Âge dans « Les Reines de sang : Isabelle, la louve de France » (2 tomes publiés chez Delcourt en 2012 et 2014), Thierry Gloris a choisi d’évoquer cinq grandes batailles, toutes aussi célèbres que méconnues, qui firent pourtant la grandeur de l’esprit français. À commencer donc par « Valmy », première et improbable victoire des troupes révolutionnaires contre l’armée prussienne.
Évoquer l’Histoire de France et la guerre en bande dessinée n’a bien sûr rien de nouveau, si l’on s’en réfère à quelques grands titres ou séries notables comme « Les Grandes batailles de l’Histoire en BD » (10 titres oubliés par Larousse entre 1983 et 1985), « La Bataille » (par Frédéric Richaud et Iván Gil (3 titres chez Dupuis de 2012 à 2014), ou encore le remarqué « Putain de guerre » de l’incontournable Jacques Tardi (Casterman, 2008 à 2013). Chez Delcourt, plusieurs séries historiques récentes (comportant souvent plus de 5 titres à sorties rapprochées) sont venues enrichir un catalogue de parution déjà très dense. Dans la collection Histoire & Histoires, citons ainsi la réussite de séries telles « L’Homme de l’année » (11 titres parus depuis 2013), « Lignes de front » (10 ouvrages depuis 2014) et « 14-18 » (5 albums depuis 2014). Avec « Champs d’honneur », ce sont d’ores et déjà 5 titres qui sont d’emblée annoncés, tous scénarisés par Thierry Gloris et illustrés par différents dessinateurs : en septembre 2016 paraîtra ainsi « Castillon, juillet 1453 » (dessin de Gabrielle Parma), suivi de « La Bérézina, novembre 1812 » (dessin d’Andréa Mutti) à l’hiver 2016, de « Camerone, avril 1863 » (dessin par Joël Mouclier) et de « Dunkerque, juin 1940 » (dessin de Ramon Marcos) en 2017. Comme il se doit en pareil cas, une certaine unité sérielle est assurée à l’ensemble par le biais d’intervenants supplémentaires : Dimitri Fogolin aux couleurs, Marie Gloris Bardiaux-Vaïente en tant que rédactrice des dossiers historiques présentant chaque titre, et Ugo Pinson comme cover artist.
En couverture, précisément, le lecteur est immédiatement replongé dans un contexte identifiable : couleurs tricolores et soldats de la garde nationale auront tôt fait de symboliser la période révolutionnaire, tandis que lieu (dans le titre), date et moulin renverront à des souvenirs de batailles historiques plus ou moins diffus. Valmy est aujourd’hui une paisible commune de la Marne, située à 220 kilomètres au nord-est de Paris. En septembre 1792, la situation est autrement plus dramatique puisqu’une armée de 170 000 hommes, rassemblant notamment les forces coalisées de Prusse et d’Autriche, tente alors de redonner à Louis XVI son pouvoir monarchique. Élue depuis la fin août 1791, la jeune Assemblée nationale législative ne s’en laisse pas compter, mais doit tenir compte de l’exaspération grandissante du peuple. Le 10 août 1792, après la prise des Tuileries, le roi est déclaré « suspendu » et la nouvelle Convention vote la toute 1ère République. Pour répondre au manifeste de Brunswick (qui menace la France et Paris de représailles s’il était porté atteinte à Louis XVI), une armée commandée par les généraux Dumouriez et Kellermann est envoyée sur un plateau situé dans les environs de Sainte-Menehould. Sur ces hauteurs trône le moulin de Valmy : 47 000 Français font bientôt face à 34 000 Prussiens sous le commandement du duc de Brunswick. Vers une heure de l’après-midi, en ce 20 septembre, le brouillard se dissipe. Le général Kellerman lève son épée, surmontée de son chapeau au panache tricolore, et lance le cri de « Vive la Nation ! ». Ses soldats l’imitent et entonnent La Marseillaise. Décontenancé par cette résistance et la puissance de feu du nouveau canon Gribeauval, l’ennemi recule… La bataille n’aura fait que 500 morts mais la victoire est inespérée et passe dans la légende militaire, largement reprise au 19e siècle par l’imagerie d’Épinal. Pour l’anecdote, le célèbre moulin de Valmy avait en fait été détruit le soir même de la bataille sur l’ordre de Kellermann, car il offrait une cible idéale à l’ennemi. Un deuxième moulin a été vendu puis démoli en 1831 et c’est finalement un troisième (érigé en 1947) qui servira pour le Bicentenaire de la Révolution en présence de nombreux chefs d’état !
Par sa remise en image didactique d’une bataille connue, « Valmy » aurait pu se contenter de reproduire les codes des albums d’antan : il en résulte à l’inverse une dynamique entraînante, par le biais d’une narration dense et d’un graphisme adéquat. Au travers de l’écheveau du temps, personnages, contextes et points de vue permettent au lecteurs d’appréhender le lien – pour ainsi dire mystique – entretenu jusqu’à nos jours (y compris dans des compétitions plus pacifiques telles que l’Euro de foot !) avec le sentiment national, sous le drapeau tricolore. Pour compléter cet article, Thierry Gloris revient avec nous en détail sur les origines de ce projet.
Des choix précis ont-ils été effectués pour différencier le traitement de chacune de ces batailles ?
T.G. : « J’ai commencé à bosser sur les « Champs d’honneur », il y a plus de trois ans. J’ai toujours été passionné d’Histoire et encore plus d’Histoire militaire. Mais je ne voyais pas comment traiter cela en BD. C’est en travaillant en 2013 sur « Dien Bien Phu » pour la série « La Grande Évasion » que le déclic m’est venu : traiter l’événement-bataille comme un prétexte narratif pour développer en fil rouge, une thématique. Pour la première saison, c’est l’identité. En utilisant plusieurs batailles, je rends compte de différents contextes historiques, tout en développant une autre facette de ma thématique. J’ai donc présenté le projet à mon éditeur historique qui l’a accepté immédiatement. Pour le choix, des batailles, je ne voulais pas travailler sur du « déjà vu » en album. Donc un choix délibéré de rendre compte de confrontations pas trop connues du grand public mais qui pourraient soutenir ma réflexion. En premier, Valmy : l’encrage de la France dans la République et son héritage Révolutionnaire. En deuxième, Castillon : l’idée que l’hexagone n’est qu’un héritage de l’histoire. Les frontières, comme l’identité, ne sont que des constructions de l’esprit. En troisième, La Bérézina, récit construit sur un récit d’amitié entre deux Français aux idées opposées. Pourtant, ils se savent appartenir à la même nation. En quatrième, Camerone, qui illustre le concept légionnaire de « Français par le sang versé et non reçu ». Et enfin en cinquième, Dunkerque, qui illustre le concept de nation éternelle. Même au pire moment de son histoire, des Français refusent de baisser les bras. »
Comment n’être point trop didactique ou patriotique, un écueil récurrent de ce type d’ouvrage ?
T.G. : « Les cinq albums auront une narration différente. « Valmy » est le plus didactique du fait d’une volonté de mettre en place la Révolution française. « Castillon » sera plus un récit dans la bataille. « Camerone » est plutôt une BD d’aventure. « Bérézina » est une histoire d’amitié entre deux hommes que tout sépare. « Dunkerque » est un récit de guerre au plus près des personnages, de leurs pensées, de leurs doutes. La question du patriotisme exacerbé m’a interpellé. J’ai essayé de faire au mieux avec ma conscience. Ce n’était pas le but de faire un tableau panégyrique de la France, même si c’était une donnée lourde à gérer. Les lecteurs se feront leur avis… »
Point de véritable dossier historique en fin d’ouvrage, comme il est désormais de tradition ?
T.G. : « Si, il y a des dossiers historiques. Notre éditeur les a même trouvé forts conséquents. En revanche, ils sont sur les titres complémentaires. C’est un choix. Les albums sur le sujet se suffisent en elles-mêmes. La complémentarité se fait sur « Champs d’Honneur ».»
Une réflexion particulière sur la présente couverture de « Valmy » ?
T.G. : « J’ai travaillé sur les couvertures avec Ugo Pinson. C’est un illustrateur/auteur féru d’histoire. Il a de suite compris ce que je voulais. Sur « Valmy », c’était l’élan révolutionnaire qui devait transparaître. Nous nous sommes inspirés d’affiches soviétiques relatant « la Grande Guerre Patriotique » et l’image d’Épinal du Moulin de Valmy. Nous y avons mélangé les personnages de notre récit. Et le résultat est là.»
Peux-tu nous dévoiler tes futurs projets ?
T.G. : « Il y aura tout d’abord la parution du cinquième « Aspic » en septembre 2016, dessiné par Emmanuel Despujol. Le tome 6 est déjà à l’écriture. Suivra un récit d’aventure historique durant les guerres d’Italie à la Renaissance, avec Jaime Calderon et nommé « Valois » (chez Delcourt pour 2017). Puis le tome 2 de « NSA » chez Casterman en 2017. Un gros récit multi-personnages (6 albums) sur la Seconde Guerre mondiale sera également publié chez Quadrant/Soleil en 2017. Ensuite ? Un biopic sur Cléopâtre avec Marie Gloris et Joël Mouclier chez Delcourt. Sans oublier un mini-récit sur « Les Tuniques Bleues » avec Denis Bodart pour Dupuis ! »
Philippe TOMBLAINE
« Champs d’honneur T1 : Valmy, septembre 1792 » par Emiliano Zarcone, Ugo Pinson et Thierry Gloris
Éditions Delcourt (15, 50 €) – ISBN : 978-2756035444
Désolé, mais aucune bataille ne peut faire ni ne fera jamais la grandeur de l’Esprit Français ; la grandeur de l’esprit Français est faite de valeurs de civilisation, et aussi d’éléments culturels (notre musique, notre peinture, nos .. BD), et non de batailles!
C’est un sujet à débat : sans retomber dans « une certaine idée de la nation » ou des valeurs propres à la 3ème République (le mythe gaulois par exemple), des batailles – victoires ou défaites – du type d’Alésia, Marignan, Bouvines, Valmy, Trafalgar-Austerlitz-Waterloo restent des « marqueurs » dans la mémoire. De nos jours, c’est sans doute plus – avec les mêmes effets – la Coupe du monde 98 ! Guerres et conflits ont aussi forgé notre culture, ne serait-ce que parce que des milliers d’œuvres (tableaux, romans, films, etc.) en témoignent.
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