Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...« Les Tuniques bleues T59 : Les Quatre Évangélistes » par Willy Lambil et Raoul Cauvin
Les Tuniques bleues toujours au sommet ! Ce cinquante-neuvième épisode a du souffle, de l’énergie à revendre : il est inventif, drôle et émouvant. Le scénario est efficace, mis en images par un dessinateur bientôt octogénaire dont le trait demeure ferme et riche en détail. Rien d’étonnant à ce que, depuis des décennies, « Les Tuniques bleues » caracolent au sommet des meilleures ventes d’albums.
Étonnants Raoul Cauvin (né en 1938) et Willy Lambil (né en 1936) qui continuent à nous offrir, à un rythme soutenu, les aventures du sergent Chesterfield et de son inséparable caporal Blutch. Cette fois-ci, ils ont pour mission de pénétrer au sein des lignes confédérées afin de mettre un terme à la boucherie provoquée par les quatre canons sudistes placés sur une colline, braqués sur les troupes nordistes dans la vallée. Canons mis en place par un certain capitaine William N. Pendleton, ancien pasteur de l’Église épiscopale, qui a abandonné l’habit d’homme de Dieu pour l’uniforme militaire. Baptisés Luc, Jean, Marc et Matthieu, ça ne s’invente pas, ces canons doivent être rapidement mis hors service. C’est à cause de ce fait historique — Cauvin part toujours d’un évènement réel pour écrire ses histoires — que nos deux héros prennent la route des positions ennemies : Chesterfield déguisé en pasteur, Blutch jouant les simplets, histoire de toucher au cœur l’ancien homme d’Église.
Une route truffée d’obstacles, mais aussi de retrouvailles inattendues, dont celle avec l’ineffable Cancrelat, plus méchant que jamais. Pendant que nos deux héros risquent leurs vies, au camp Nordiste, Stark réquisitionne l’indomptable Arabesque : la monture de Blutch.
Notons que les éditions Dupuis présentent, à partir du 13 novembre, un tirage de luxe de cet album destiné à mettre en valeur le travail de Willy Lambil : une excellente initiative oh combien méritée ! De grand format (25 x 36 cm), cet ouvrage de luxe au tirage limité de 96 pages en noir et blanc, pour 29 €, présente en vis à vis les crayonnés et les planches en noir et blanc. Admirateur de Jijé, rencontré alors qu’il avait 16 ans, Lambil n’a jamais oublié les conseils prodigués par le grand Joseph Gillain (voir à ce sujet, ce mois-ci, l’excellent entretien avec Willy Lambil dans le n° 58 de la revue L’Immanquable, ainsi que le « Coin du patrimoine » que nous avons consacré à ce dessinateur : Willy Lambil).
Henri FILIPPINI
« Les Tuniques bleues T59 : Les Quatre Évangélistes » par Willy Lambil et Raoul Cauvin
Éditions Dupuis (10,60 €) – ISBN : 9 782 800 162 720