Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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En s’appuyant sur le destin exceptionnel de deux frères, cette fiction romanesque, bien documentée et aux nombreux rebondissements, nous plonge dans l’incroyable histoire de la légion tchèque composée, au début du XXe siècle, de cinquante mille déserteurs de l’armée impériale qui, par patriotisme, vont traverser la Russie en combattant, indifféremment, les communistes et les Russes blancs (1).
Ian et Ratislav sont deux frères amoureux de Jilhava. Si le premier milite dans un mouvement terroriste nationaliste de Prague destiné à déstabiliser l’empire austro-hongrois, le second profite des charmes de la jolie jeune femme. Alors que la police réussit, avec l’aide d’infiltrés, à détruire l’organisation, Ian aurait été exécuté à la sortie d’une réunion politique. Ratislav s’engage ensuite dans l’armée de l’empereur pour tuer les traîtres qui ont livré le réseau, car il a reçu une lettre écrite de la main de son frère lui demandant de le venger. Jilhava l’aide dans sa mission vengeresse, mais elle est arrêtée par la police et est obligée de collaborer. Sur le front, Ratislav, quant à lui, aveuglé par sa haine, endosse les valeurs nationalistes pour parvenir à ses fins.
Cette adaptation réussie du roman historique et politique de Jacques Mazeau (publié chez Balland, en 1987) – par l’auteur lui-même, lequel a déjà officié comme scénariste pour des séries ou one-shot du même acabit chez Glénat —, bénéficie d’un trait réaliste convainquant dû à un dessinateur originaire de l’ex-Yougoslavie qui avait déjà fait impression sur « L’Expert » de Frank Giroud (voir : http://bdzoom.com/3576/bd-de-la-semaine/plus-de-lectures-13-les-critiques-du-1er-decembre-2003/ et http://bdzoom.com/3846/bd-de-la-semaine/plus-de-lectures-du-10-janvier-2005/).
Gilles RATIER
« La Druzina : 1914-1918 » par Brada et Jacques Mazeau
Éditions Glénat (19 €) – ISBN : 978-7234-6374-4
(1) Voir aussi, sur le même sujet : « Svoboda ! » T1 par J.-D. Pendanx et Kris.
Bonjour
C’est la deuxième fois que lis la Druzina(confinement obligé ).le père de mon père est décédé pendant la guerre de 14/18 en combattant sans doute avec les Austro-Hongrois?puisque né à Svetin en République Tchèque .mon père est parti de Tchéquie en 1927 avec sa maman et deux soeurs.il était soufleur de verre .il s’est engagé en 1939 dans la légion tchécoslovaque basée à Agde pour combattre à côté des français .il a été porté drapeau jusqu’à son décès en 1991.Dans mon imagination ,je pense que mon grand père faisait parti de la légion tchécoslovaque ?merci pour ce roman.Patrik Olsak.