N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...Fluide change…
Au cours de ces trois dernières années, Fluide glacial a connu une longue période d’incertitude qui a suivi le départ de Thierry Tinlot à la tête du journal. Révolte des auteurs à la suite de la nomination d’un rédacteur en chef contesté, rédaction communautaire pas vraiment efficace, départ de Louis Delas, PDG des éditions Audie-Fluide glacial vendues à Gallimard par Flammarion. Au début 2013, Yan Lindingre, qui anime « Titine » dans ces pages depuis quelques années, devient le rédacteur en chef officiel du mensuel d’Umour & Bandessinées. Cadeau de bienvenue, Fluide glacial passe de 68 à 84 pages tout en proposant un papier de qualité, mais aussi un prix passant de 3,90 à 4,90 euros. Le journal ne se contente pas de changer dans sa forme (un recueil Deluxe vient aussi d’être diffusé en librairies), le contenu lui aussi évolue… En bien ou en mal, selon les goûts des lecteurs.
Son fondateur, le génial Marcel Gotlib adorait les dessins soignés, ne qualifie-t-il pas de gribouillis, aujourd’hui encore, les champions du roman graphique ? Alexis, Solé, Coyotte, Edika, Foerster, Hugot, Binet, Maester, Moerell, Lelong, Gimenez, Tha…, plus tard Relom, Julien et Mo CDM, Gaudelette, Ferri, Blutch (à ses débuts), Margerin… et bien d’autres ont représenté avec talent ce goût pour le dessin ciselé, l’image sur laquelle le lecteur passe du temps à savourer les petits détails. Les représentants de ces temps de vaches grasses (les ventes étaient bien supérieures à celles d’aujourd’hui) sont réduits à la part congrue dans le Fluide de Lidingre qui opte pour le dessin trash, les gros plans, les images crades. Aranega, Aurel, Félix, Fabcaro, Terreur Graphique, Plonk et Replonk, Zanelo, Trapier, Houssin, Besseron, Pluttark, Camille… occupent de plus en plus d’espace. Aujourd’hui, la nouvelle rédaction semble hésiter à abandonner totalement l’esprit fondateur pour se tourner vers l’humour débridé de feu Ferraille dont plusieurs anciens collaborateurs sont à l’œuvre dans ses pages. Hasard ou non, notons que Bruno Léandri et Yves Frémion — dont l’ultime « Gazette » a quitté le journal en avril après 454 éditions —, annoncent leurs départs à la retraite. Décidément, tout fout le camp !
On peut apprécier le trash et néanmoins conserver des goûts de luxe, comme le prouve l’OVNI que Fluide glacial vient de publier. Les trois récents numéros 452, 453 et 454 (de février à avril 2014) sont réunis en un album broché trimestriel sous une couverture inédite de Julien Loïs, imprimé sur un papier de qualité (mat, ce qui est plus agréable que le papier brillant et tape-à-l’œil du mensuel) pour un prix plus qu’honnête de 9,90 euros. On peut se demander si ce n’est pas se tirer une balle dans le pied que de proposer, à quelques mois de distance un même produit dans une présentation à la fois plus agréable et à un prix bien plus compétitif (9,90 € pour l’album au lieu de 14,70 € pour le journal). Espérer toucher de nouveaux lecteurs dans les librairies où l’album est uniquement vendu, en pensant qu’ils ne fréquentent pas les kiosques, semble un pari risqué.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour obtenir des réponses à ces interrogations qui, espérons-le, permettront à Fluide glacial de fêter avec faste ses quarante années de parution l’an prochain. Courage et bonne chance à Yan Lindingre à son équipe.
Henri FILIPPINI
Fluide glacial n° 456 (juin 2014), 84 pages en noir et en couleurs (4,90 €), diffusion en kiosques.
Fluide Deluxe n° 1, 250 pages en noir et en couleurs (9,90 €), diffusion en librairies.
Bizarre, cette réédition Libraires à prix cassé, sans doute une tentative pour se faire remarquer.
Maintenant, cher Henri Filippini, je suis étonné de l’absence de Daniel Goossens dans votre liste d’auteurs importants, ayant participé de façon significative et déterminante à la vie de cette revue d’humour dessiné. Quant à Yves Frémion, il continuera à publier sa rubrique en trop dans les pages de ZOO le mag, pour le plaisir de tous.
Il était difficile de citer tout le monde, d’autant plus que ce n’était pas le but de ma démonstration. Il semble que Frémion n’a pas été à la fête ! Tant mieux s’il peut poursuivre son travail dans l’excellent Zoo.
Henri FILIPPINI