Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...ENCORE BEAUCOUP D’ERREURS DANS LE DERNIER HORS-SÉRIE DE BEAUX ARTS MAGAZINE CONSACRÉ À LA BANDE DESSINÉE AMÉRICAINE…

C’est ce que nous signale le spécialiste Jacques Dutrey dans un article, évidemment, hyper-documenté, comme lui seul sait les faire ! Moralité, ce n’est pas encore ce coup-ci que Beaux Arts va remonter dans notre estime !
PETITES REMARQUES ENTRE AMIS
Il traîne encore, dans le numéro de Beaux Arts consacré à la bande dessinée américaine (septembre 2010), une erreur factuelle que Gaines et Feldstein ont répétée dans leurs interviews depuis un demi siècle et qu’ont repris en chœur tous les pseudo-critiques de pictérature qui ne prennent pas la peine de vérifier leurs sources :
Non ! Gaines et Feldstein n’ont pas été les premiers à rapprocher le nom d’Alfred E. Neuman du visage du gamin au sourire idiot qui est devenu la mascotte du magazine Mad, comme vous pouvez le vérifier sur le scan ci-dessous.
Feldstein lui-même a été très étonné quand je le lui ai prouvé dans un courriel ! Voici sa réponse : » Dear Jacques,
My sincere and humble apologies.
I cannot believe it, but… after all these years… I have now discovered that I was under a totally wrong impression!
…
And up to this point in time, no one…NO ONE has ever cited to me any evidence of a direct connection between the face and the name in Mad ( prior to #29…when I used it in an ad ) until now.
…
I have been duly admonished, educated and knocked off my high horse with the overwhelming evidence : » Mad Awards… » …and Harvey’s calling the ‘Oscar-Like’ images, « Alfred E. Neuman » statuettes…in issue #25.
From now on, I will have to limit my claims to: I was the one who ordered the definitive portrait of Alfred E. Neuman and made the fortuitous decision to use him as our Official Mad Cover Mascot/Logo.
Mad-ly yours,
Al
Cet oubli était d’autant plus curieux que cette statuette d’Alfred E. Neuman comme Oscar sera réutilisée bien plus tard sur une couverture de Mad (n°231, juin 1982).
De plus le » what me worry kid » était déjà sur la couverture du premier recueil de poche The Mad reader (décembre 1954), sur la couverture de Mad (comic book) n°21 (de mars 1955), sur celle de Mad nouvelle formule et des numéros suivants, respectivement dessiné par :
Kurtzman (n°24 à 26),
Elder (n°27-28),
Davis (n°27)
et même en mini poster par Elder (n°27) !
Gaines et Feldstein n’ont donc pas inventé grand chose…
Sinon faire appel au peintre Norman Mingo pour les couvertures à partir du n°30.
De plus ce n’est pas le n°28 que Feldstein a achevé, mais le 29, quoiqu’il en dise. Au n°28, Kurtzman était encore aux commandes, et il est même resté des histoires scénarisées par Kurtzman et finies par Elder jusqu’au n°30 !
Rendez à Gaines et Feldstein ce qu’ils méritent, mais pas plus. Ils ont fait fortune avec, c’est déjà pas mal.
Enfin, dire qu’Alfred « ne quittera plus jamais la couverture » me paraît un peu excessif :
couverture du n°115 déc.’67
couverture du n°161 sept.’73
et celle du n°166 avr.’74
…Non?
Autres bêtises, même article : Terry Gilliam ne pouvait pas être rédacteur en chef de Help ! au n°8 (mars 1961) car il n’était pas encore arrivé à New York. Il était encore étudiant en Californie.
Il n’a d’ailleurs jamais été rédacteur en chef de Help ! non plus, mais simplement assistant d’Harvey Kurtzman, et ce à partir du n°17, après les départs et en remplacement de Gloria Steinem et de Chuck Alverson.
Quant à Crumb, il n’apparait dans Help ! qu’au n°22 de janvier 1965.
Jacques DUTREY
(1) Le pompon avait quand même été atteint avec leur hors-série « Les Secrets des maîtres de la BD « , lequel avait suscité nombres de réactions sur notre site ; voir : http://bdzoom.com/spip.php?article3914 !
Ce qui est merveilleux avec ce numéro de Beaux Arts c’est que c’est un merveilleux terrain de jeu des 10 000 erreurs : je ne reconnaissais pas le chapeau du pseudo Mr Natural de Crumb page 8. Et pour cause : c’est pas lui ! Et ils sont payés pour ça ?
Rien que dans ces pages 8-9 de ce Beaux Arts Hors série « un siècle de BD américaine » de septembre 2010, on peut aussi noter les erreurs suivantes :
- Verbeck ne prend qu’un « e »
- Nancy n’a pas été créée par John Stanley mais par Ernie Bushmiller (dans « Fritzi Ritz »)
- Ce beau barbu n’est pas Mr Natural de Crumb mais l’auto stoppeur anonyme de « The Squirrel Cage » de Gene Ahern.
… ainsi que les omissions (ou ignorances ?) de :
- Mr O’Malley dans « Barnaby » de Crockett Johnson
- « Barney Google » de Billy DeBeck
- « The Squirrel Cage », donc
- « Bunky » de Billy Debeck
- « Buck Rogers » de Phil Nolan et Dick Calkins
- « Little Orphan Annie » d’Harold Gray (et son chien Sandy)
- « Count Screwloose » de Milt Gross (et son chien Iggy)
16. « Happy Hooligan » de Frederick Hopper
…fallait le dire, car ça me chagrinait…
Jacques Dutrey