Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Pour se souvenir de Jean Giraud (alias Gir ou Moebius)…
Après que Jean Depelley nous ait évoqué, la semaine dernière, toute la carrière de Jean Giraud, et plus particulièrement sa face Moebius dans le mensuel Métal hurlant (1), grâce à un article commémoratif contenant une interview inédite, voici un autre hommage à ce véritable génie du 9e art : axé, cette fois-ci sur son célèbre western « Blueberry », sur sa collaboration avec le scénariste Jean-Michel Charlier et sur ses relations avec celui qui fut son maître à dessiner, Joseph Gillain alias Jijé.
Cet article reprend surtout une interview réalisée par Gilles Ratier, en 1992, au festival de Saint-Malo, laquelle n’a été publiée, qu’en partie, dans le n° 27 du fanzine Sapristi (daté de l’hiver 1993), au milieu de plusieurs autres retranscriptions d’entrevues supervisées par Alain Ledoux et Olivier Maltret.
Comme nous l’a rappelé Jean Depelley, Jean Giraud a démarré dans la bande dessinée, en tant que professionnel, en 1956, alors qu’il était encore aux Arts appliqués.
C’est d’ailleurs dans cette école artistique qu’il va rencontrer Jean-Claude Mézières et Pat Mallet qui voulaient, eux aussi, faire de la « bédé »….
Or, dès ses débuts, Giraud dessine des westerns : que ce soit dans le mensuel Une sélection d’histoires de Far-West de Marijac (les humoristiques « Frank et Jérémie »)
ou dans les hebdomadaires confessionnels des éditions Fleurus qu’étaient Cœurs vaillants (avec des histoires réalistes ou humoristiques, plus ou moins courtes, dus aux scénaristes maison),
Fripounet et Marisette et Âmes vaillantes(2) : « Pour moi la bande dessinée a toujours rimé avec western. Dans mes cahiers d’écolier, je dessinais déjà des colts et des selles de cheval ; cela faisait partie de ma culture d’enfant de l’après-guerre. En outre, j’ai vécu un peu avec ma mère au Mexique [en effet, avec l'argent gagné avec ses bandes dessinées réalisées pour Marijac, Jean Giraud part au Mexique pour retrouver sa mère, Pauline Vinchon, qui allait s'y remarier]. Même si ce n’est pas un pays de cow-boys, il y avait une ambiance XIXe siècle qui me donnait l’impression d’être dans l’Ouest. Quand j’en suis revenu, j’avais l’impression d’avoir ingurgité beaucoup de choses et de posséder une clef que d’autres n’avaient pas. À l’époque, en France, il y avait une petite équipe d’auteurs de bandes dessinées, autour de Marijac, passionnés par le western : des gens comme Joë Hamman, Étienne Le Rallic ou René Giffey. C’était déjà une BD anti-impérialiste, pro-indienne, qui préfigurait, un peu, Blueberry ! ».
En 1958, juste avant d’effectuer son service militaire (d’abord en Allemagne où il travaille avec André Chéret pour la revue des armées 5/5, en 1959, puis en Algérie), il décide d’aller voir, en compagnie de ses copains Mézières et Mallet, le dessinateur qui les inspire depuis toujours : Jijé. Ce dernier, qui habite alors en région parisienne, encourage chaleureusement ces nouveaux venus prometteurs : « Cette rencontre a beaucoup compté pour moi. Il avait aussi vécu au Mexique. Nous avions tous les deux des sources authentiques, mais il les avait beaucoup mieux intégrées que moi : son bagage graphique était plus important. J’ai fait un peu de western avec lui, en encrant notamment quelques pages de son « Jerry Spring » sur scénario de son fils Philippe Gillain qui signait Philip [l’épisode « La Route de Coronado » dans Spirou, en 1961]
et des récits de quelques pages pour le Bonux Boy (petit format publicitaire offert dans les paquets de lessive Bonux) et le Total journal de son autre fils Benoît, lequel avait ouvert un studio de publicité : j’y ai beaucoup utilisé ses codes. (3)
Pourtant, je n’avais pas envie de m’enfermer dans une activité traditionnelle dédiée à la bande dessinée de western. J’ai donc un peu batifolé, j’ai même dessiné des pièces d’orfèvrerie, illustrations et peintures, pour une encyclopédie sur l’histoire des civilisations éditée par Hachette, où Mézières était devenu maquettiste, juste avant qu’il ne décide de partir pour les USA… [voir notre « Coin du patrimoine » sur « Le Rêve américain »] : et c’est là que j’ai vraiment appris à dessiner ! ».
C’est aussi là qu’il rencontre Claudine Conin qui deviendra sa femme, en 1968, et avec qui il aura deux enfants…
Pour en savoir plus sur ces œuvres de jeunesse, nous vous conseillons de lire le passionnant dossier (interview, bibliographie détaillée et études) concocté par Patrick Bouster pour le n° 100 de la revue Hop ! (décembre 2003).
Continuant de « paterner » Jean Giraud, Jijé va intervenir plusieurs fois sur les cinq premiers épisodes de « Blueberry », dont le titre générique reste « Fort Navajo ». D’abord en dessinant la première couverture mettant en exergue la série pour Pilote, au n° 210 du 31 octobre 1963, puis en assurant un premier intérim sur les pages 28 à 37, et sur la première case de la planche 38, de « Tonnerre à l’Ouest », en 1964, au moment où le futur Moebius était de nouveau parti au Mexique. L’année suivante, il va s’occuper de la couverture du premier album édité par Dargaud, paru au troisième trimestre 1965, et des pages 17 à 38 du « Cavalier perdu ». Cependant, cette fois-ci, Joseph Gillain doit se fondre dans le style du dessinateur de « Blueberry » qui s’est fortement affirmé depuis ses timides débuts :
« J’aime mieux vous dire que cela a été très difficile. Et, en le faisant, je n’hésite pas à dire que j’ai appris beaucoup de choses. Par exemple, une certaine rigueur dans les images que je n’ai pas. Et lui aussi, quand il est revenu, il m’a dit que cela n’avait pas été simple de reprendre ! Nous sommes convaincus, l’un et l’autre, que ce petit échange nous a fait grand bien à tous les deux. », dixit Jijé lui-même, dans une interview datée de 1975 et parue dans le n° 40 de la revue Hop !, en 1986.
Pour l’anecdote, sachez que parmi les planches dessinées par Jijé pour cet épisode, deux planches avaient été envoyées directement par ce dessinateur à l’imprimerie. Or, la Poste les a égarées et Jijé a dû les recommencer, au forcing.
Sans se souvenir précisément de sa première version, il va réinterpréter le scénario de Charlier en modifiant les angles et en simplifiant le texte, sûrement par souci de rapidité. Ces planches n’ont pas dû être perdues pour tout le monde puisque, en mai 2011, sur le blog http://jdoriginaux.over-blog.com, on a appris qu’un collectionneur a acheté une demi-planche (la 25A) lors d’une vente aux enchères et que, lors de cette vacation, était également proposée une autre demi-planche inédite (la 26B). Elles avaient été vendues, précédemment, lors d’une vente courante, en 2008, à Drouot, en même temps que l’original de la couverture du « Cavalier perdu »…
À noter aussi que cette reprise s’est faite à la demande de Jean-Michel Charlier car Giraud avait disparu en Amérique, sans laisser d’adresse : « Volontairement, je suppose. Petite vengeance contre les monstrueux retards des scénarios de Charlier… » explique Jijé dans l’ouvrage de Numa Sadoul « Mister Moebius et docteur Gir », publié chez Albin Michel, en 1976. Or, quand votre serviteur lui demanda s’il lui était arrivé de piquer des colères devant les légendaires retards du scénariste, Jean Giraud répondit : « Oui, bien sûr ! Mais, en plus, je dramatisais un peu tout cela pour le pousser à accélérer la cadence. En fait, ça allait : quand il y avait du retard, je faisais autre chose. Il faut dire que j’ai toujours cherché à avoir de bonnes relations avec mes aînés ; ce qui explique que nous nous sommes toujours bien entendus, malgré la différence d’âge et de mentalité. Je le laissais s’occuper de toute la partie commerciale, du choix dés éditeurs, etc. Il était passionné par ça et avait l’impression d’être très compétent : c’est lui qui représentait la série et j’avais plutôt tendance à lui faire confiance. Nous avons toujours eu des relations très simples : le personnage était pittoresque, mais je ne peux pas en extraire spécialement une anecdote ! Tout était très bien… ».
Donc, l’autre personne qui va marquer le destin de Jean Giraud, c’est le scénariste Jean-Michel Charlier : « Je l’ai rencontré en 1962, à mon retour de l’armée, après avoir travaillé un an avec Jijé autour de « Jerry Spring » et pour l’Histoire des civilisations chez Hachette. À la fin de cette collaboration, j’ai pensé revenir à la BD et j’ai fait la tournée des maisons d’éditions et de tous les journaux. En allant à Pilote, je suis tombé sur lui car il recevait les jeunes dessinateurs. Je lui ai montré mes dessins et nous avons commencé à parler de projets possibles. Je lui ai dit que j’étais assez porté sur le western et la science-fiction. Lui, il avait envie d’écrire un western et il me semble qu’il devait repartir aux États-Unis où il a fait un grand voyage dans l’Ouest américain. Il en est revenu tout à fait enthousiaste et c’est à partir de cet instant que nous avons commencé à collaborer. Nous avons alors discuté du lieu, du personnage, etc. Et c’est ainsi que Blueberry est né ! ».
Dans la plupart des ouvrages sur Charlier ou sur Giraud, on affirme donc que « Blueberry » est né de ce désir du scénariste de créer un western, à la suite de son voyage aux U.S.A.
D’ailleurs, dans notre entretien en 1987, il accrédite cette thèse, trop belle pour être démentie : « En avril 1963, j’ai fait un reportage à la base aérienne d’Edwards, dans le Nevada, où sont testés tous les appareils, tous les prototypes de l’aviation américaine. J’ai eu envie, parce que c’était vraiment la porte à côté, de faire un tour dans l’Ouest. J’ai été littéralement ébloui ! Moi qui n’avais jamais envisagé de ma vie de faire une bande dessinée western, j’en suis revenu avec l’irrépressible envie, précisément d’en écrire un. Il se trouvait que plusieurs années auparavant, Jean Giraud était venu me trouver en me demandant si je ne voulais pas lui écrire un scénario de western. Je lui avais répondu que ce n’était vraiment pas mon truc et que je n’avais pas envie de me lancer là-dedans. Revenant de ce voyage, je cherchais un dessinateur, ce fut lui, et nous avons commencé Blueberry ! » (3).
En fait, Charlier avait imaginé, bien avant 1963 (date de création de la série « Blueberry »), des histoires semblables à celle qu’il allait raconter dans « Fort Navajo » et les épisodes suivants…
C’est ce que nous dévoile Jean-Yves Brouard (grand spécialiste du scénariste) sur son site jmcharlier.com.
Cet érudit a en effet retrouvé une nouvelle publiée dans Spirou, au n° 600 du 13 octobre 1949 (soit quinze ans auparavant !!!), qui s’intitule « Fort Cheyenne » : « Ce n’est pas « Fort Navajo », mais déjà, ça se rapproche. C’était illustré par René Follet qui signait alors Ref. Pour moi, on peut dire que ce petit récit est un Blueberry avant l’heure puisqu’il met en scène un jeune, fougueux et désobéissant, soldat d’un fort de tuniques bleues, perdu au fin fond de l’Arizona, au milieu des Indiens en guerre… « Toute ressemblance… etc. » n’est pas due au hasard… ».
Il en est de même pour le roman « Tempête à l’ouest », publié en feuilleton dans l’hebdomadaire Tintin, de juillet 1958 à mars 1959, également illustré par René Follet.
La trame et un certain nombre de péripéties sont exactement celles des cinq premiers épisodes de la série en bande dessinée lancée dans Pilote, cinq ans plus tard, sous l’intitulé général « Fort Navajo » ; notamment le conflit entre les Indiens Navajo et les soldats de la cavalerie US, avec l’évasion du chef apache Cochise : fait réel déjà raconté par Jean-Michel Charlier dans l’éphémère périodique publicitaire Jeannot, en juillet 1957, sous des images de Georges Bourdin…
Et Jean-Yves Brouard de rajouter que le héros de « Tempête à l’ouest » se prénomme Steve, comme Blueberry au début de la bande dessinée (et au début seulement, car en cours de route, le scénariste lui a attribué, par étourderie, le prénom Mike, qui est resté…) et qu’un album du cycle « Fort Navajo » a aussi pour titre « Tonnerre à l’ouest »… Quoi qu’il en soit, Jean Giraud a donc ignoré, très longtemps, qu’il n’avait illustré qu’une reprise de ce roman, jusqu’à ce que l’auteur de l’article que vous êtes en train de lire le lui apprenne : « Ah non, je ne le savais pas. Je me souviens qu’il me disait, lors de notre première rencontre, qu’il aimait le thème du western et que cela manquait à son palmarès. Il est quand même possible que son voyage aux U.S.A. ait été un déclic car il en est revenu vraiment enthousiaste. Il avait traversé tout l’Arizona en hiver avec tout ce que cela comporte de rigueur. Cela l’a mis en contact direct avec la réalité physique du pays bien plus que je ne l’ai été moi-même. ».
Toujours sur son indispensable site, Jean-Yves Brouard nous apprend également que le dernier chapitre du roman « Tempête à l’ouest » dans Tintin s’intitule « Le Bout de la piste » (au n° 543 du 19 mars 1959) : « Étranges coïncidences, certainement involontaires : « Le Bout de la piste » est aussi le titre du tout dernier album de « Blueberry » écrit entièrement par Jean-Michel Charlier, avant son décès. J’en profite pour vous signaler, également, que le diptyque de « La Mine de l’Allemand perdu » semble être une reprise d’une histoire avec le cow-boy « Jim Flokers » : une commande de Corn-Flakes pour un petit album proposant un court roman de Jean-Michel Charlier avec des illustrations d’Albert Uderzo à coller, en 1956 » (voir « Albert Uderzo chez les Belges ») (4).
Pourtant, même si Jean-Michel Charlier laissait peu d’initiative à ses dessinateurs, Jean Giraud fut l’un des rares à être intervenu dans ses scénarios : « J’ai toujours eu envie d’intervenir. Dès la première planche, j’ai commencé à changer un mot et il m’a immédiatement mis en garde en me disant qu’il avait la faiblesse de croire que ce qu’il écrivait n’avait pas besoin d’être changé. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine d’années, du fait qu’il était un peu surchargé et qu’il y avait de toutes petites défaillances, très légères, dans son scénario, que j’ai commencé à rectifier son texte, tout en le lui disant. Il m’arrivait également de me tromper ! Si on change le scénario par erreur ou parce qu’on a pensé que c’était mieux, pour le scénariste, c’est pareil. Nous avons donc pris l’habitude des erreurs de l’autre, puis nous avons commencé à discuter des scénarios avant de les réaliser. Comme il acceptait, petit à petit, mes idées, nous nous sommes fait confiance ; mais je n’ai jamais changé ses scénarios d’une façon considérable.
Curieusement, c’est dans le dernier album, « Arizona Love », qu’il y a eu de ma part, d’un seul coup, des envies de changer de personnage. Nous avons eu l’idée ensemble et nous l’avons travaillé à deux, mais quand il m’a fait la première livraison, je lui ai proposé un nouveau découpage où l’on donnait plus d’importance au personnage de l’époux trompé. C’est à ce moment-là qu’il a disparu et que je me suis retrouvé seul avec mes idées… Il avait écrit à peu près douze-treize pages que j’ai dilatées en vingt pages. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, même les scènes érotiques étaient de lui ; je lui avais dit qu’on pouvait peut-être « faire plaisir» à Blueberry en le mettant dans une situation adéquate. On arrivait à discuter du personnage, après toutes ces années, comme si c’était quelqu’un de vivant. C’est très curieux car on a beaucoup de responsabilités : on peut effectivement agir dans un scénario d’une façon très mécanique, se contentant de mettre le protagoniste dans des aventures en mettant en route des mécanismes, mais quand on commence à se demander comment il va vivre ça, va-t-il avoir peur, froid, faim, manquer d’argent, avoir le cafard, une dépression nerveuse, etc. Là, c’est moins évident ! ».
Quoi qu’il en soit, après le décès de Jean-Michel Charlier, Jean Giraud va décider de continuer cette série en essayant de réemployer le principe feuilletoniste de son scénariste…
Même si, parfois, Moebius prenait facilement le pas sur Gir : « C’est un système que je trouve très bon, je sais que c’est embarrassant pour le lecteur, cela l’oblige à avoir des albums disséminés, mais en même temps, cela permet de donner de la respiration à l’histoire. Pour moi, l’idéal serait de réunir les histoires en un seul livre mais, évidemment, cela pose des problèmes éditoriaux : pourtant, j’aimerais bien avoir un album de deux cents ou trois cents pages, comme en littérature, un truc que l’on peut lire confortablement. ».
Ainsi, pendant quarante-trois ans (le temps de réaliser vingt-huit albums complets de « Blueberry » et trois de « La Jeunesse »), Jean Giraud s’est plongé dans cet univers, donnant le meilleur de lui-même :
« Après des années de métier, je trouve certains dessins mauvais – des erreurs de proportion, des visages erronés… : « Blueberry » a été pour moi un apprentissage ! Du moins jusqu’aux deux albums que j’estime les plus aboutis, « La Mine de l’Allemand perdu » et « Le Spectre aux balles d’or », où j’avais enfin conquis mon autonomie.
C’était la rencontre parfaite d’un scénario et d’un dessin. J’étais à un pic de ma création. Toute mon énergie s’investissait dans « Blueberry » : à l’exception de quelques pages dans Hara-Kiri, je n’avais pas encore vraiment commencé à publier sous le nom de Moebius… » !
Gilles RATIER qui remercie encore chaleureusement Michel Vanderbergh du Centre Belge de la Bande dessinée, Jean-Yves Brouard et Jacques Dutrey pour le temps qu’ils ont passé à lui communiquer nombre de renseignements, souvent inédits, ou à scanner certains documents peu connus.
Pour voir d’autres belles images peu connues de Blueberry, voir le blog de Louis-Hugues Jacquin : http://jacq-jacquin.blogspot.fr/search/label/Blueberry.
(1) Voir http://bdzoom.com/47536/patrimoine/pour-se-souvenir-de-moebius/
(2) Certaines de ces histoires ont été compilées dans les albums « Le Lac des émeraudes » et « Le Tireur solitaire », aux Humanoïdes associés (collection Gir œuvres), en janvier 1981 et mai 1983.
(3) Témoignage de Jean-Michel Charlier provenant d’interviews réalisées par Gilles Ratier et François Defaye dans le cadre du portrait vidéo « Un Réacteur sous la plume » produit par le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême, le Centre d’Action Culturel Les Plateaux d’Angoulême, le quotidien La Charente libre et les éditions Novédi. Cette série d’interviews a été ensuite remise en forme par Gilles Ratier pour le n°44 de Hop ! spécial Jean-Michel Charlier (en 1988), puis pour l’ouvrage « Avant la case », toujours disponible aux éditions Sangam.
(4) Nos amis de CaseMate, Frédéric Vidal et Jean-Pierre Fuéri, ont eu la bonne idée de demander à Jean-Yves Brouard d’approfondir et d’étoffer cette genèse inconnue du célèbre lieutenant ; ceci afin d’alimenter un article publié dans un numéro hors-série, en hommage à Moebius/Jean Giraud ; lequel sort aujourd’hui en kiosques !
Dès 1961, l’hebdomadaire Pilote proposait une rubrique de jeux mettant en scène les personnages vedettes du journal. Intitulée « Jouez avec » [ou « Jeux avec »], elle était illustrée par leurs créateurs, puis par Eddy Paape qui signait alors Péli. En 1967, c’est Jacques Devaux qui lui succède et qui mettra en scène deux pages de jeux avec Blueberry, au n° 384 du 2 mars.
En revanche, peut-être que cette page de jeux avec Blueberry, publiée dans le n° 1 du Super Pocket Pilote de 1968, est bien illustrée par Jean Giraud ?
Excellent dossier , instructif et passionnant, merci GR ! Rien que les annonces de Bluebbery et les planches non retenues mériteraient d’être réintégrées dans les albums concernés. Un truc, cependant, me turlupine, c’est cette histoire de voyage au Mexique : « … En assurant un premier intérim sur les pages 28 à 37, et sur la première case de la planche 38, de « Tonnerre à l’Ouest », en 1964, au moment où le futur Moebius était de nouveau parti au Mexique. » « Tonnerre à l’Ouest » a été prépublié de fin avril à début octobre 1964 et j’avais toujours lu que c’était en 1965 que Giraud était reparti au Mexique… Plus loin, « Jean Giraud étant reparti furtivement au Mexique, il ne va pas pouvoir fournir ses habituelles deux planches hebdomadaires de l’épisode « L’Aigle solitaire », prévues pour le numéro 273 du 14 janvier 1965. », mais, là, Jijé ne le remplace pas. Connaissant les délais d’impression (et en lisant le texte d’excuse), effectivement, il semble vraisemblable qu’au deuxième semestre 1964 et début 1965, Giraud était au Mexique. Mais là, ça ne colle pas avec le remplacement des planches 28 à 37 de « Tonnerre à l’Ouest », assurées par Jijé, déjà dessinées depuis (maximum) l’été 1964. Plus loin, « il [Jijé] va s’occuper [...] des pages 17 à 38 du « Cavalier perdu » », prépublié dans Pilote, de fin avril à début octobre 1965, ce qui corroborait aussi la présence de Giraud au Mexique cette année-là… Alors, Giraud au Mexique, en 1964 ? en 1965 ? les deux, mon capitaine ? Plaisir d’ historien à débattre amicalement…
Salut Gilles
Je penses que Jean Giraud est parti au moins 2 fois au Mexique, en 1964, puis en 1965. La première fois, Charlier est au courant et demande à Jijé de le remplacer, la deuxième fois Giraud envoyait ses planches par la poste ; d’ailleurs, à propos de l’interruption sur « L’Aigle solitaire », je dis bien : « Jean Giraud étant reparti furtivement au Mexique… » !
Merci pour tes commentaires !
La bise et l’amitié
Gilles
Les aventures mexicaines sont racontées longuement par Giraud dans son autobio « Histoire de mon double » mais malheureusement il n’y a pas grand chose de daté avec précision, car comme il le dit lui-même dans son préambule « Moi et les dates, c’est la catastrophe ». (c’est même la première phrase du livre). L’historien attentif aura quand même tout intérêt à relire ce livre.En recoupant avec d’autres événements, il pourra sûrement reconstituer quelques repères temporels.
La petite biographie incluse dans les pages roses de la brochure gratuite de l’exposition MOEBIUS TRANSE-FORME de la Fondation Cartier donne la réponse :
« Au cours de son deuxième voyage au Mexique, en 1965… »
Le premier ayant eu lieu en 1958.
Il n’y a pas eu de voyage au Mexique en 1964.
CQFD
Dossier très complet et magnifique !. Pour avoir eu l’occasion plusieurs fois de discuter avec Jean, c’est vrai que les dates et la chronologie, ce n’était pas trop sa came !
Je vous invite à voir la captation (enfin en ligne après de longs mois dans le vide interstellaire) faite à la Fondation Cartier durant la soirée « Nomades », entre dessins et musique, au cours de laquelle Moebius jouait du mélange des genres : dessins épurés, oniriques ou comiques, musiques de films ou morceaux des Beatles joués par une fanfare… et aussi, exactement un an jour pour jour avant sa disparition, la dernière fois qu’il dessinait Blueberry et signait « Gir »…
Le contexte de cette captation est raconté ici, avec à la fin le lien vidéo :
http://mandrake-de-paris.blogspot.fr/2012/03/giraudmoebius-le-concert-en-dessins-10.html
Encore un bel article bien illustré sur le grand Giraud.
Il est des grands artistes dont on a jamais fini de parler, même des années aprés leur mort.
Claude Monet est mort depuis plus de 70 ans, et pourtant on continu d’écrire des livres et d’organiser de grandes expositions sur son oeuvre.
Jean Giaraud est de cette race d’artistes dont on parlera encore longtemps.
Je prépare actuellement un article original sur une petite touche de son immense talent.
Il paraitra sur ce site dans quelques jours .
A bientôt
Jacques
AIGLE SOLITAIRE, STEELFINGER VON-LUCKNER ET LES AUTRES…
1ere partie
Pour s’affirmer et devenir un véritable héros, un personnage de BD a besoin d’affronter des méchants.
Une tradition de la BD belge voulais que le méchant soit toujours le même, qu’il réaparaisse à chaque nouvel album.
Dans se registre les plus célébres sont : Olrik, Borg, Arbaces, Lady X et j’en passe.
Lorsqu’il crée son personnage de Blueberry avec son complice Charlier, Giraud décide de ne pas céder à cette solution de confort. Il est plus facile d’avoir sous le coude le même méchant que d’en céer un nouveau à chaque histoire.
On connait bien son physique et surtout ses traits de caractéres. On sait jusqu’où il peut aller ou ne pas aller.
Giraud va donc devoir faire preuve d’imagination pour créer de nouveaux méchants à chaque album.
Des méchants dont le rôle est indispensable pour permettre à Blueberry de s’affirmer à la série, de trouver son rythme et à Giraud de faire la preuve de son talent.
Le but de cet article n’est pas de les citer tous, il y en a trop et le but est de s’attarder sur la personnalité des principaux protagonistes de cette série et de montrer que sans eux la série ne serait pas ce qu’elle est.
Dans les deux premiers albums il n’y a pas de véritable anti-héros. Il y a bien le major BASCOM mais il est trop prisonnier de son véritable rôle historique. (une erreur que Gir ne comettra plus)
AIGLE SOLITAIRE
C’est au cours du troisième album qu’apparait le premier véritable adversaire de Blueberry.
C’est un guide indien borgne du nom de QUANAH. On decouvrira vite qu’il s’agit en réalité d’un grand chef de guerre Navajos du nom de AIGLE SOLITAIRE. S’il a pris cette fausse identité c’est pour mieux trahir les blancs.
Ses motivations sont la haine, la haine des visages pâles qui oppriment son peuple. Durant 3 albums il menera un combat farouche contre les tuniques bleus et surtout contre Blueberry.
Il aura un la fin d’un grand guerrier, le tomahawk à la main en affrontant ce dernier.
JETHRO STEELFINGER
Il apparait pour la première fois dans « le cheval de fer » C’est un brigand comme il en existe beaucoup gravitant au sein du village de l’Union Pacific.
L’homme a plutôt bel prestance, il est grand (1m90) d’allure athlétique et il posséde une gueule à faire du cinéma (Jack Palance)
Ses motivations sont simple (l’argent) il ne rêve que de s’emparer de la paye des ouvriersde l’UP. Joueur de cartes, brigants, proxénéte à ses heures il a joué de son charisme pour devenir le chef d’une bande de malfrat
Tous les moyens sont bon pour arriver à ses fins, trahison, ventes d’armes aux indiens etc…
Blueberry n’oubliera jamais sa première rencontre avec cet homme et surtout avec son poing. Ayant predu la main droite à cause d’un tomahawk , un bricoleur de génie lui en frabriqua une en acier, d’ou son nom de Steelfinger.
Durant trois albums il va tenir la dragée haute à Blueberry, mais à la fin de l’album « la piste des Sioux » il sera capturé par les Sioux et exécuté. Sa main d’acier ira orner le buste de Sitting-bull.
Une bien triste fin pour mon méchant préféré.
VON LUKNER
l’homme est petit, vieilli préméturément, laid et sale, il se prétend issu d’une famille de la noblesse Prussiene, mais en réalitè c’est un imposteur qui a tué son maître le véritable baron pour usurper son identité et qui qui n’a qu’une ambition, trouver des jobards pour l’aider à retrouver un trésor caché dans le désert.
Il est intelligent et cruel, presque sadique, il va entrainer ses compagnons dans une folle aventure, pour deux albums qui comptent parmis les plus grands chef-d’oeuvre de la BD.
Tous les moyens seront bon pour arriver à ses fins, même les plus sordides (un crotale dans une botte)
Ce n’est qu’au momment de sembarquer pour l’Europe qu’il sera capturé par Blueberry qui ne lui promettra comme trésor, qu’une bonne corde de chanvre pour le pendre.
Ouf la morale est sauve.
VIGO
Vigo est général dans l’armée Mexicaine, il a pour mission de surveiller la frontiére avec les Etats Unis
C’est un homme peu sympathique dans les griffes duquel il vaut mieux ne pas tomber.
Il apparait dans le treiziéme album et il sera plus ou moins présent durant tout le cycle du trésor des confédérés.
Ses motivations sont double, l’argent et le pouvoir, il n’est que général et pourquoi ne serait-il pas gouverneur ou mieux ?
Mais le destin sera cruel pour lui, griévement blèssé dans « la derniére carte » il rachetera son âme par une mort digne d’un soldat.
LOPEZ
Lopez à tout, il est riche, puissant, il est gouverneur, mais cela ne lui suffit pas tout lui est du et il rêve d’épouser la belle chanteuse de cabaret » CHIHUAHUA PEARL » il veut aussi s’emparer du trésor des confédérès.
Berné lors de son mariage avec la belle chanteuse il rêve de vengeance et se lance dans une folle poursuite pour se venger, une course folle qui se terminera pour lui dans les flots tumultueux d’une rivière.
A SUIVRE
PS . J’ai encore beaucoup à écrire sur l’oeuvre de GIRAUD mais j’aimerai avant avoir des critiques sur les articles.
A bientôt peut-être
Jacques
Cher Gilles,
Quel plaisir de me replonger dans Gir, grâce à ton travail. Anecdote amusante: vers les années 75, j’avais prêté mes archives Giraud à Jean G. lui-même. Les Humanoïdes ont largement puisé dedans pour l’édition de »Le lac des émeraudes » et »Le Tireur solitaire ». Tu reproduis une pl. du Roi des Bisons, extraite de mes Cahiers. Dans le coin supérieur droit, une tache de colle, due à ma maladresse. Les Humanoïdes n’ont jamais pris la peine de corriger et nettoyer ces reproductions, en 1981. Giraud m’avait reçu chez lui, où j’ai pu le photographier sur sa terrasse, une winchester à la main! Un artiste fabuleux! Jean-Pierre V.
Merci pour tes compléments d’information mon cher Jean-Pierre !
Je vais bientôt avoir besoin de tes services car je suis en train de plancher sur Will : je te tiens au courant !
La bise et l’amitié
Gilles
Cher Gilles,
Comme ton dossier recèle également une référence au grand René Follet, rendons-lui hommage en ce jour de son anniversaire! J’ai eu le plaisir de l’avoir au téléphone ce matin: il était au travail! 81 printemps! Quelle énergie! Jean-Pierre V.
ANGEL-FACE FINLAY ALLISTER ET LES AUTRES …. SUITE
En commencant cet article, je voulais rendre hoommage à ma façon à Gir. Mais en analysant la personalité de ces acteurs, j’ai vu devant moi se dresser l’ombre du grand Charlier.
J’ai alors compris que le triomphe de cette série le devait autant à Gir que à Charlier.
C’est la rencontre de ces deux génies qui a provoqué cette alchimie :faire de blueberry une série cultissime de la BD »
ANGEL-FACE
S’il fallait trouver un acteur pour jouer le rôle de Angel face, ce serait Brad Pitt.
Comment ce jeune homme au visage d’éphebe Grecque a-t-il pu se tretrouver avec une telle bandes de tueurs ?
Qui a bien pu l’embrigader pour en faire un tueur à gage?
Tireur d’élite il a été programmé pour tuer le président Grant.
Armé d’un fusil à lunette comme Oswald il a pour mission de réaliser cet attentat.
Mais grace à l’intervention de Blueberry, ce funeste projet va échouer.
Au cours d’une course poursuite sur un train il aura la tête projetté dans le four de la locomotive.
Transformé en zombie il ne vivra plus que pour se venger de Blueberry.
Il le retrouvera dans « le bout de la piste »" mais ce sera pour recevoir une balle entre les deux yeux.
C’est le destin le plus tragique de la saga.
FINLAY
J’ai hésité à le mettre dans la famille des méchants.
Malgrés les épreuves, ce fringant officier de l’armée confédéré a encore bel allure.
Comme beaucoup d’autres soldats du Sud il n’a jamais pu se réintégrer dans la vie civile.
Devenue chef d’une petite bande d’anciens sudiste il est devenu un hors la loi et un apatride.
Installé à la frontiére du Mexique il est poursuivi, tantôt par les armées du Mexique, tantôt par celles des Etat Unis.
Ayant gardé son honneur de soldat il sauvera Blueberry dans « le cavalier perdu » ce dernier s’engagera à obnenir son amnistie .
Hélas elle ne viendra jamais et Finlay restera un hors la loi.
Il sera tué par son lieutenant Kimball dans « ballade pour un cerceuil ».
EGGSKULL
l’homme est aussi laid que son nom est difficile à prononcer.
Il a été scalpé par un indien, une terrible épreuve dont il est ressorti vivant mais pas indemme.
Son crâne en a gardé la trace, mais c’est surtout son cerveau qui a le plus souffert.
Aujourd’hui il serai enfermé dans un asile.
Il n’a plus qu’un seul but dans la vie : Tuer de l’indien », hommes, femmes ou enfants tout lui est bon.
Il a dressé d’enormes pittbul et c’est engagé comme éclaireur dans l’armé pour traquer et tuer les « chiens rouges ».
Il n’hésitera pas à tirer à bout portant sur la belle indienne Chini
Blueberry qui s’était juré de le tuer n’aura heureusement pas à se salir les mains car il trouvera la mort dans une embuscade.
ALLISTER
J’ai gardé le pire de tous pour la fin.
Allister est issu de l’aristocratie Américaine, ce qui lui permet d’intégrer la prestigieuse école de West Point.
C’est là qu’il rencontre ses camarades de promotion Dodge et Grant.
Aprés de belles études il intégre l’armée Américaine.
Lorsque la guerre de secession éclate il est naturellement affecté dans l’armé du Nord.
L’homme est ambitieux et convaincu de son génie militaire. Il est convaincu que ce conflit va lui permettre de le propulser vers les plus hauts sommets.
Hélas pour lui la guerre est une maitresse capricieuse. Aussi lorsqu’elle se termine il n’est encore qu’un général parmis d’autres.
Il ne comprend pas pourquoi Dodge a été affecté à l’état major et encore moins pourquoi cet ivrogne de Grant est devenu Général en chef des armées du nord ?
Sa nommination dans « la piste des Sioux » à la tête d’un régiment chargé de rétablir l’ordre et de trouver une paix honorable avec les indiens des plaines, est pour lui l’accasion de prendre sa revanche sur le destin.
Au mépris de toutes régles militaies de l’époque, il va lancer son régiment dans une opération folle, en plein hiver dans les rocheuses.
Cette opération sera un carnage pour les deux camps et verra la carrière de Allister se terminer.
Mais la haine étant trop forte chez lui, elle l’empéchera de prendre une retraite mérité.
Comment le brillant cadet de West Point va-t-il se transformer en chef d’une bande de tueurs ?
Grace à ses relations et sa fortune personnelle il va recruter les pires tueurs du pays avec pour mission : tuer le président Grant et profiter de l’émotion pour prendre le pouvoir » un rêve de fou.
Un premier attentat sera programmé dans « Angel face » mais il va échouer.
Bizarrement pas inquieté, Allister va en programmer un autre sur le train du pésident dans « le bout de la piste »
Encore un echec qui se soldera cette fois pour lui par une balle dans la peau , sans autre forme de procés.
je n’ai évoqué certains tueurs qui apparraissent et disparraissent rapidement, ce ne sont que des hommes de pailles à la solde de grands truants comme Allister.
Comme j’aime depuis toujours les couvertures d’albums de BD je terminerai par celle de l’album n° 8 « l’homme au poing d’acier »
Elle rend hommage à mon méchant préféré Jehtro Steefinger »
Sur un cheval noir, son poing d’acier levé, il crie toute sa haine à Blueberry et à cette société Américaine qu’il rejette.
Jacques guillerm avril 2012