Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...BD N°57 : L’ACTUALITÉ « D’UNE CERTAINE FORME DE » LA BANDE DESSINÉE !
Le numéro d’octobre des dBD (le 57ème du nom) vient de fleurir les rayons de vos kiosquiers préférés avec, à la Une, un dossier assez complet sur l’excellent scénariste Fabien Nury.
Il faut dire que ce dernier s’apprête à sortir pas moins de quatre formidables albums en à peine deux mois : « Atar Gull » avec Brüno et le quatrième opus du « Maître de Benson Gate » avec Renaud Garreta (chez Dargaud), le deuxième « Chroniques de légion » et le cinquième tome de son chef-d’Å“uvre « Il était une fois en France » avec Sylvain Vallée (chez Glénat) ! Sa longue interview par l’omniprésent Frédéric Bosser, l’éditeur de ce magazine et de L’Immanquable (voir: http://bdzoom.com/spip.php?article4652 et http://bdzoom.com/spip.php?article5189) dont on ne peut que vanter la prolixité vu qu’il est le responsable de pratiquement toutes les entrevues proposées dans les numéros de ses revues, est ponctuée par celles de ses complices dessinateurs ou scénariste Sylvain Vallée, Maurin Defrance, Renaud Garreta, Xavier Dorison et Brüno.
D’autres portraits et rencontres aussi passionnés alimentent ce numéro de cent pages bien illustrées : ceux de Frederik Peeters (à l’occasion de la parution de son alléchant « Aâma » chez Gallimard),
de Mathieu Sapin (pour son enquête, « Journal d’un journal », sur le quotidien Libération chez Delcourt), de Tony Sandoval (un article, exceptionnellement réalisé par Frédérique Pelletier, qui insiste sur ses deux derniers ouvrages chez Paquet : « Les Échos invisibles » et « Doomboy »), de Frank Margerin qui nous dévoile son atelier, de Florent Silloray (jeune auteur du « Carnet de Roger », un beau témoignage sur les oubliés de la Seconde Guerre mondiale, chez Sarbacane), de Jean Tabary (décédé depuis peu et dont l’érudit Henri Filippini nous parle avec émotion dans sa rubrique patrimoniale), et même de notre collaborateur Didier Quella-Guyot qui poursuit, par ailleurs, une belle carrière de scénariste : preuve en est son très recommandable dernier voyage intitulé « Papeete 1914 », avec Sébastien Morice, et dont le premier volume vient de sortir chez EP (Emmanuel Proust Éditions) !
Autant ces articles, complétés par de diverses news souvent bienvenues sur l’actualité du 9ème art, sont tous intéressants et habités par une même passion, autant nous seront un peu plus critiques sur, justement, les critiques qui y sont proposées : le principal grief étant une diversité trop importante, au point que, dans certains cas, ce sont même carrément de vraies oppositions !
En effet, qu’il y a t-il de commun, par exemple, entre les avis du classique et grand connaisseur du monde de la BD qu’est Henri Filippini et ceux des aussi compétents mais beaucoup plus « tendance » des journalistes Frédérique Pelletier, Olivier Mimran, Ronan Lancelot, du scénariste Éric Adam ou de l’éditrice Marie Moinard ? Ils n’ont, manifestement, pas la même conception de la bande dessinée ! Ce qui est un chef-d’Å“uvre pour les uns et une grosse daube pour les autres ! À moins d’être vraiment attentifs aux signatures, les lecteurs risquent de ne plus savoir à quel saint (ou critique) se vouer !!! Certes, la diversité, c’est très bien, mais il faut préciser les goûts et les couleurs préférentiels de chacun : quand on achète Télérama pour ses critiques, on ne veut pas y trouver des choix qui font plutôt penser à des chroniques réalisées pour Télé 7 Jours, et vice et versa !!! En revanche, le tableau de la sélection mensuelle, où collaborateurs et journalistes de renom notent leurs choix, donne une vision beaucoup moins éclectique et vraiment utile pour le futur consommateur…
Bref, malgré des petits défauts qui finiront bien, un jour, par s’estomper, les dBD restent une revue indispensable pour tous ceux qui aiment vraiment la bande dessinée. Toute la bande dessinée ? Non, pas vraiment ! Uniquement une « certaine forme », qui n’est pas si éloignée de celle que nous défendons, nous aussi, sur bdzoom,com !
Gilles RATIER pour bdzoom.com
Je ne suis pas sûr de comprendre le sens du reproche formulé à l’encontre de la diversité des avis exprimés dans dBD. Il me semble au contraire que cette diversité est louable. Une plus grande unicité ne soulèverait-elle pas le reproche d’un caractère plus partisan ?
Les articles sont signés et chaque lecteur peut s’y retrouver dès lors qu’il a pu confronter l’avis de tel ou tel critique par rapport à son propre jugement d’une oeuvre. Il peut ainsi identifier les critiques dont la sensibilité est proche de la sienne. Et puis, ce n’est pas tant l’avis exprimé qui importe le lecteur (me semble t’il) que les arguments invoqués pour l’étayer. L’avis que se forge le lecteur d’une oeuvre repose en effet sur ces arguments (qu’il juge recevable ou non), dès lors que la critique n’est pas trop lapidaire.