Le Garde républicain : encore un super-héros made in France !

Après nos focus sur Hexagon Classics célèbre son 150e tome !, « Strangers » célèbre ses 20 ans ! et Le Conan français célèbre ses 50 ans… ou presque !, voici la mise en avant d’une autre production des dynamiques, mais trop méconnues, éditions Rivière blanche (et notamment de leur structure Hexagon Comics) : « Le Garde républicain ». Cette série met en scène des agents du gouvernement français dont la mission est d’assurer la protection de la République française et de ses valeurs…

Nous sommes en 1980. Le jeune Thierry Mornet, 17 ans, est un lecteur assidu et passionné des magazines des éditions Lug de Lyon : StrangeTitans, etc., mais aussi de leur tentative de création de super-héros français dans les pages de Mustang. C’est en effet dans ce magazine que Jean-Yves Mitton et Ciro Tota animent respectivement (sous des pseudonymes transparents) les aventures de Mikros et de Photonik, pendant que Jacques Lennoz et Franco Oneta (le dessinateur de « Zembla ») racontent les péripéties d’un Docteur Strange amérindien baptisé Ozark.

Au mois de novembre, dans Mustang n° 59, l’éditeur organise « Le Grand Concours du Super-Héros français », en invitant les lecteurs à soumettre leur propre version d’un super-héros 100 % français. Mornet y participe en proposant Le Garde républicain. Le Garde est né… mais tombe immédiatement dans les limbes quand les résultats sont publiés en janvier 1981, puisqu’il n’est hélas pas retenu.

Pourtant, la graine a été semée et va porter des fruits inattendus 20 ans plus tard… En 2000, Mornet, devenu entretemps rédacteur-en-chef des éditions SEMIC, successeur de Lug, suggère à Jean-Marc Lofficier, scénariste franco-américain ayant travaillé pour Marvel et DC, de reprendre divers anciens héros de Lug dans le magazine Fantask (2e série), dont le premier numéro sort en février 2001. Ce dernier arbore en couverture une très belle version de Homicron : un personnage jadis publié dans Futura, dessiné par Steve Rude.

Première apparition du Garde républicain par Jean-Jacques Dzialowski et Thierry Mornet, dans la série « Homicron », au n° 3 de Futura en 2001.

C’est dans le troisième épisode de cette série, dans un cameo d’une case, que Lofficier et son dessinateur, Jean-Jacques Dzialowski, introduisent officiellement Le Garde républicain dans ce qui deviendra, par la suite, l’univers Hexagon.

Il faudra néanmoins attendre la création de la structure Hexagon Comics, en 2010, pour que Le Garde fasse véritablement une entrée digne de ce nom dans cet univers.

C’est en 2013, dans le n° 5 de Strangers Universe — un magazine anthologique présentant à son sommaire différents protagonistes de l’Univers Hexagon —, que la première histoire du Garde républicain est publiée. Au scénario, Thierry Mornet, assisté par son fils Max ; au dessin, le regretté Juan Roncagliolo Berger, qui s’était auparavant illustré sur « Kabur » et « Phénix ». Et le tout sous une superbe couverture d’Alexandre Tuis.

Mornet a étoffé cette histoire, intitulée « La Nouvelle Marianne », de son héros Maxime-Saint-Clair, auquel il a adjoint des personnages secondaires : dont le sidekick éponyme qui n’est autre qu’une jeune « beurette » appelée Alima Berzaim, et un hacker surnommé Bricolo.

Il l’a aussi positionné dans un contexte mieux défini, qui inclut un Q.G. — tout ce qu’il y a de plus hi-tech — situé dans des cavernes sous Notre-Dame et une division secrète du ministère de la Sécurité du territoire. Ce qui n’aurait pu être qu’un banal super-héros costumé s’est mué en un concept transposable à travers les grands événements de l’Histoire de France ! Et la magie opère.

Première aventure du Garde républicain, dans le n° 5 de Strangers Universe en 2013, par Juan Roncagliolo Berger, Max et Thierry Mornet.

Cet épisode est immédiatement réédité sous la forme du n° 1 de sa propre série, sous une couverture due au célèbre dessinateur américain Eric Powell. En 2023, il fait encore l’objet d’une troisième et nouvelle édition, revue et augmentée, cette fois sous une couverture de Franck Cho.

À partir de ce moment-là, Hexagon enchaîne avec deux séries. La première est consacrée entièrement au Garde et à son univers, et chaque numéro est présenté avec deux couvertures différentes : A et B.

Supervisée et souvent scénarisée par Mornet, celle-ci inclut des pages « bonus » avec crayonnés, esquisses, bios des divers dessinateurs, et même des pages humoristiques.

C’est ainsi que 18 numéros ont vu le jour. En 2023, Mornet a réorganisé le sommaire des premiers opus et publié cinq « nouvelles éditions » des cinq premiers numéros. Outre ces rééditions, le scénariste a aussi supervisé la réalisation de plusieurs one-shots, dont deux albums par Jean-Yves Mitton (retour aux sources !), illustrant un Garde républicain agissant dans un futur dystopique, et un crossover avec le Capitaine Ukraine dans un comics au profit de la Croix rouge ukrainienne.

Avec le Captain Ukraine par Costanzo et Jean-Marc Lofficier.

Pendant ce temps, une série parallèle, scénarisée cette fois par Lofficier et clairement inspirée des « The Brave & The Bold » de DC ou des « Marvel Team-Up » de Marvel, est publiée une ou deux fois par an sous l’étiquette de Spécial Noël et Spécial vacances.

Dans celle-ci, Le Garde y côtoie d’autres personnages de l’Univers Hexagon : tels Phénix, Dragut, les Strangers, Zembla, etc.

Elle est illustrée par la petite équipe de dessinateurs mexicains constituée par Lofficier : Alfredo Macall, Manuel Martin Peniche, Eduardo Garcia, Mario Guevara, Roberto Castro, Gabriel Mayorga, le regretté José Luis Ruiz Pérez, etc.

Au détour des deux séries, la légende s’enrichit. Dans le n° 2 de la principale, Mornet (associé à Nathan Legendre et Benjamin Blasco-Martinez) révèle les origines du premier Garde, qui n’est autre que le marquis de La Fayette.

Un extrait du n° 2 par Benjamin Blasco-Martinez et Thierry Mornet, avec le marquis de La Fayette.

Puis dans le n° 9, on découvre Le Garde impérial, au visage dissimulé sous une cagoule, scénarisé par François Cortegianni et dessiné par Luciano Bernasconi : on le retrouvera aux côtés du comte de Saint-Germain dans le Spécial vacances 2021, en train de sauver le sacre de Napoléon.

Un extrait du n° 9, par Luciano Bernasconi et François Cortegianni.

Un extrait du Spécial vacances 2021, par Luciano Bernasconi et Jean-Marc Lofficier.

Le Spécial Noël 2023 introduit Le Garde du Second Empire sous les plumes de Lofficier et Gabriel Mayorga, et le n° 17 de la série principale celui de la Belle Époque sous celles de Mornet et Giuseppe Manunta.

Dans le Spécial Noël 2018, Lofficier et José Luis Ruiz Pérez font même revenir Le Garde au 51e siècle où il collabore à une enquête policière avec la légendaire Barbarella de Jean-Claude Forest.

La série donne lieu à deux spin-offs !!

- « Les Partisans », scénarisé par Lofficier et dessiné par Mario Guevara, raconte comment Marc Saint-Clair participa à sauver le Débarquement de Normandie.

« Les Partisans », par Mario Guevara et Jean-Marc Lofficier.

- « Le Garde sénégalais », scénarisé par M. M. Sy et dessiné par Narotam, tous deux sénégalais, qui revient sur le rôle des célèbres tirailleurs sénégalais en présentant un Garde africain forgé dans le creuset de la Première Guerre mondiale.

« Le Garde sénégalais », par Narotam et M. M. Sy.

Le Multivers étant à la mode, outre les albums de Mitton mentionnés ci-dessus, Mornet et PasKal Millet explorent la notion d’un Garde postapocalyptique à la Fall Out dans le n° 13, et Max Mornet et Ludo D. Rodriguez nous offrent L’Escouade GR : une équipe de jeunes, remplaçant Maxime Saint-Clair tué dans une attaque terroriste au n° 17.

Un Garde postapocalyptique à la Fall Out dans le n° 13, par PasKal Millet et Thierry Mornet.

Enfin, l’humour n’est pas oublié avec les gags de Mauricet et d’André Amouriq dans la série principale ou l’apparition de la Légion loufoque dans le Spécial Noël 2021 de Lofficier et Jim Dandy.

« Au fil des vingt dernières années, nous dit Jean-Marc Lofficier, Le Garde républicain s’est affirmé comme une clé de voûte de l’Univers Hexagon moderne. Ce personnage, étonnement flexible, se prête à tellement de multiples déclinaisons, que Thierry est moi planchons sur un grand livre illustré qui s’appellera “La Légende du Garde républicain” pour 2025. »

Parmi les sorties récentes et à venir, on mentionnera Strangers n° 6.7 avec une aventure du Garde dessinée par Martin Espinoza et le Spécial Vacances 2024, prévu pour juillet, qui comprend, à son sommaire, deux histoires.

L’une mettant en scène Le Garde de la Belle Époque (dessinée par Mayorga) et la seconde, la version animalière du héros : le Garchien de la République, sur une autre planète (dessinée par Eduardo Garcia).

« J’entends bien continuer à m’amuser avec ce personnage, conclut Thierry Mornet, qui me permet au passage d’aborder tous les sujets qui me passionnent. »

 Gilles RATIER

Extrait du n° 14, par Leo Chiola et Svart.

Galerie

4 réponses à Le Garde républicain : encore un super-héros made in France !

  1. FranckG dit :

    Merci Gilles pour cette rétrospective d’une série qui s’enrichit mois après mois ..
    On aurait pu aussi ajouter à ces focus celui-ci, peut-être ? ;-) :

    https://www.bdzoom.com/146339/actualites/%c2%ab-la-mosaique-hexagon-%c2%bb-une-locomotive-au-service-du-recit-%c2%ab-de-gare-%c2%bb/

    • Gilles Ratier dit :

      Salut Franck : évidemment !
      Je m’étais limité aux articles récents, mais tu as raison de préciser que tu avais parlé d’Hexagon Comics avant sur notre site…
      La bise et l’amitié
      Gilles

  2. Aymeric dit :

    Un personnage-concept, décliné à travers toutes les époques, qui se bat pour des valeurs toujours d’actualité. Cela donne des récits très différents dans leurs ambiances, mais toujours intéressants.

  3. Henri Khanan dit :

    Oui, mais les dessinateurs sont très inégaux:! Les scénarios sont plutôt moyens.
    Cela reste une tentative de oomics à la française , enfin surtout dessinés par des auteurs italiens ou espagnols, à encourager pour les amateurs de super-héros!

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