« Black Squaw T2 : Scarface » : Henriet et Yann font un décollage prohibé !

Dans l’Amérique des années 1920, au cœur de la Prohibition, Bessie Coleman a choisit de mettre ses talents d’aviatrice au service d’Al Capone. Un moyen comme un autre de surmonter les pires obstacles, entre crime organisé, ségrégation raciale et Ku Klux Klan ! À travers les exploits de leur héroïne, jeune métisse aux origines cherokees et afro-américaines, les auteurs de « Dents d’ours » rendent hommage à celle qui est devenue un modèle d’émancipation féminine universel. Des tranchées françaises aux distilleries clandestines de Saint-Pierre-et-Miquelon, l’aventure prend de nouveau son envol dans ce tome 2 aussi intense et réussi que le premier épisode…

Bessie prend son envol... (couvertures de Spirou n° 4273 et premier volume - Dupuis 2020-2021).

Apparue au sommaire du journal de Spirou (n° 4273), le 4 mars 2020, avec le démarrage de sa prépublication, « Black Squaw » T1 était une incontestable réussite en tous points. Au scénario, le prolifique Yann signait en effet un récit enlevé, dans la lignée de ses précédents albums tournés vers l’aéronautique (« Mezek » et « Double 7 » avec André Juillard en 2011 et 2018 ; « Angel Wings » avec Romain Hugault depuis 2014 ou donc « Dent d’ours » avec Henriet entre 2013 et 2018). Graphiquement très détaillées et bénéficiant d’un découpage clair et dynamique, les aventures de Bessie permettent de comprendre tous les enjeux narratifs en lice : passionnée d’aviation dès son enfance, notre métisse – née femme, pauvre et noire – ne peut cependant prétendre pouvoir passer son onéreux brevet de pilote sur le sol américain. Pour se faire, elle devra donc faire ses preuves, notamment en mettant plus tard et tel que nous l’avons dit ses talents au service d’un célèbre Balafré… qui donne ici son surnom au présent deuxième volume de la série.

Prohibition et contrebande d'alcool (planche 7 extraite du 1er tome - Dupuis 2020).

Couverture pour Spirou n° 4330.

Le métissage des forces alliées... (planche 1 - Dupuis 2021).

Prépublié à son tour à partir du 7 avril 2021 (Spirou n° 4330), « Black Squaw » T2 poursuit sa narration sur deux époques distinctes, entre enfance de Bessie (parallèle au premier conflit mondial) et période adulte (années 1920-1930). Ces flashbacks – qui racontent également le parcours de deux frères de Bessie, engagés volontaires dans le régiment d’infanterie des Black Rattlers (les serpents à sonnettes noirs) – permettent de mettre en perspective les combats d’une adolescente autant que ceux d’une jeune femme confrontée non seulement aux hommes du Ku Klux Klan, mais aussi aux sbires des rivaux d’Al Capone. Si les îles Saint-Pierre et Miquelon, territoire français situé au large du Canada, sont devenues une véritable plaque tournante pour la contrebande d’alcool (Capone disposant à l’époque d’une véritable escadrille d’avions et bombardiers capables d’embarquer 90 caisses de whisky !), les missions de Bessie deviennent suicidaires : une météorologie glaciale ou brumeuse redoutable, un océan incertain, des appareils (dont le biplace Curtiss JN-4 Jenny) ou lourds hydravions parfois sujets aux défaillances techniques, sans compter les risques de se faire mitrailler par les garde-côtes… ou lyncher par les sinistres encagoulés du KKK !

Crayonné pour le personnage principal.

Visuel pour la couverture de l'édition limitée du premier volume.

Une licence historique !

Bessie Coleman et son avion (1922).

Si Bessie est aussi intrépide mais finalement si réaliste, c’est parce qu’elle s’inspire ouvertement de la véritable aviatrice Bessie Coleman. Bien qu’ayant connu un destin tragique, cette dernière (1892-1926) entre dans la légende de l’aviation en devenant, dès juin 1921, la première afro-américaine au monde à obtenir une licence de pilote… en France ! Yann la transforme ici en un personnage ouvertement romanesque, sans commune mesure à son époque.

À l’instar du premier opus, signalons que ce T2 est doublement décliné en version classique et en version collector. Pour cette dernière, l’éditeur annonce une édition limitée à 999 exemplaires avec jaquette et frontispice inédit imprimé sur papier d’art.

Couverture de la version limitée du T2.

Philippe TOMBLAINE

« Black Squaw T2 : Scarface » par Alain Henriet et Yann
Éditions Dupuis (14,50 €) – EAN : 979-1034754113
Version limitée (26,00 €) – EAN : 979-1034757756

Galerie

Une réponse à « Black Squaw T2 : Scarface » : Henriet et Yann font un décollage prohibé !

  1. EC Comics fan dit :

    Ah oui d’accord …. Merci de m’avoir permis de découvrir
    cette formidable Bessie Coleman , tout le contraire de
    Marthe Richard , ancienne prostituée et fausse pilote
    d’avion durant le conflit de 14 – 18 .

    “ L’avion devient un des éléments de la propagande nationale .
    Son coût le réserve à de riches propriétaires , et son développement
    nécessite le soutien de l’armée .
    En achetant le premier avion Caudron civil , en insistant sur son
    origine Lorraine , en lui faisant proposer la création d’un corps
    d’aviatrices militaires , Henri Richer joue des images de la propagande
    , et fait de Marthe Richard un argument commercial de la plus haute
    fumisterie !

    Laissant Marthe Richard ( Betenfeld de son vrai nom ) s’exprimer
    pour comprendre le fossé de mensonges et de vanités séparant
    l’ancienne prostituée Marthe Richard ( qui, bien évidemment , n’a
    jamais eût de brevet de pilote ) de Bessie Coleman … >
    “ Dès l’âge de 10 ans je pratiquais l’équitation et je fus habituée
    à monter MES chevaux tant en amazone qu’à l’américaine ”
    .. sans commentaires ^^^ ..

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