Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Voyageons avec le nouveau « L’Épervier » !
C’est en 1742, entre Bretagne profonde — où Anne de Kermellec est prisonnière de celui qui se considère comme son mari et maître — et Acadie en Nouveau Monde — ou Yann de Kermeur doit remplir une mission royale en terre indienne —, en passant par les coulisses de Versailles — où les complots se propagent — que Patrice Pellerin essaime l’action de cet excellent dixième tome de « L’Épervier » : sa palpitante et toujours aussi bien documentée série historique !
À peine l’Épervier et son équipage de La Méduse accostent-ils à la forteresse de Louisbourg, dans l’île royale en Acadie, qu’ils sont agressés par Wagner — le capitaine suisse de Karrer — qui cherche à l’arrêter pour les offenses faites durant la traversée. Yann riposte et parvient à s’esquiver, mais Wagner retient une partie de ses hommes en otage : l’Épervier compte bien les libérer par la force, jusqu’à l’intervention providentielle du gouverneur Duquesnel ! Encore un revers à la drôle de mission que le roi Louis XV a confiée à Yann de Kermeur : ramener saine et sauve, sur ses terres, la princesse indienne Mali, laquelle n’est pas insensible aux charmes du beau marin brestois (et vice versa) ! Les dangers se multiplient sur ces vastes terres canadiennes inconnues, pour une charge qui devient chaque jour un peu plus difficile.
Comme à son habitude, le méticuleux Patrice Pellerin (1), maître es narration graphique, propose ici une aventure très dense, particulièrement bien construite, développée et documentée : avec des dialogues souvent percutants et un rigoureux dessin réaliste, précis et sublime à la fois, qui n’est plus à vanter. Il a fallu patienter cinq ans pour pouvoir lire cet album, espérons que nous n’attendrons pas autant pour connaître la fin de ce cycle qui doit, encore, comporter deux opus.
Voilà de la BD comme on en fait plus trop aujourd’hui (et c’est bien dommage !), et que certains peuvent peut-être trouver vieillotte, mais qui a toujours de nombreux aficionados et ardents défenseurs, dont la plupart des membres de la rédaction de BDzoom.com fait partie !
(1) Voir nos « Coins du patrimoine » sur BDzoom.com : Patrice Pellerin toutes voiles dehors… : première partie et Patrice Pellerin toutes voiles dehors : suite et fin.
« L’Épervier T10 : La Princesse indienne » par Patrice Pellerin
Quel extraordinaire dessinateur!!!
Certes, mais que dire du scénariste ? son héros est tellement formidable qu’il n’est jamais mis en danger ! et en plus il se permet de distiller ici et là quelques leçons de morale gratuites ? Tout le contraire d’un Blueberry !
J’ai beaucoup voyage, parait-il; certes, pas assez pour mon gout; il suffit que je regarde sur un globe terrestre ces innombrables regions ou je ne suis jamais alle, pour que me saisisse a nouveau ce violent desir, inverse de la nostalgie, pour lequel notre langue n’a pas de nom (il doit bien y avoir une raison pour cela), auquel je suis incapable moi-meme de donner un nom pour l’instant; je voyage moins depuis quelque temps, je m’assagis, semble- t-il, je m’alourdis, j’ai des difficultes de tous ordres, bien sur, j’ai besoin de sentir en securite les miens, personnes qui grandissent, objets qui s’accumulent, de les installer, mais surtout j’ai besoin de digerer d’anciens voyages, je n’en suis pas encore tout a fait revenu, je n’en reviendrai jamais completement, il s’agit pour moi de trouver un modus vivendi avec eux par le moyen de l’ecriture, avant de pouvoir repartir vraiment; c’est donc pour voyager que je voyage moins.
Mais pourquoi pas?
Et réciproquement ! comme aurait dit Pierre DAC !
Toujours aussi méticuleux dans ces dessins, superbe.
Oui, superbe, indispensable pour qui aime la belle BD, faite par des artisans qui ont un dessin et un scénario construits, et qui durera, contrairement aux gribouilleurs de petits personnages nombrilistes ou inintéressants.
Je regrette seulement une couverture sans risque et très convenue d’un sujet souvent utilisé (volonté de l’éditeur ?). Un projet avec la Princesse indienne, justement, était autrement plus agréable et sensée.
Mais est-ce la lassitude d’une fin de cycle pour Pellerin, 5 ans sont maintenant nécessaires pour un nouvel album. Auparavant, pourtant aussi scénariste et coloriste, il mettait 1 an, puis 1 an 1/2, 2 ans, puis 3 ans …
Lorsque ce cycle sera terminé, peut-être a-t-il besoin d’un nouveau défi, avec un autre univers ?
…. Donc, vous avez bien senti la lassitude que fait passer Pellerin dans son histoire …. Alors pourquoi encenser le scénario ? la lecture de cet album fait bâiller… sans compter l’attitude « je suis drôlement content de moi » dont ne se départit jamais le héros, et qui est particulièrement agaçante …
Un nouveau Pellerin 2024 ? Oui, mais spécial. « Les années d’apprentissage », grand beau livre revient sur ses expériences peu connues, avant sa création de « L’épervier ».
Richement illustré de nombreux inédits, ce tirage ultra-limité (250 ex.) ravira ses admirateurs et les collectionneurs), et c‘est déjà fait puisqu’il ne reste que 3 ex. ! Informations sur le site des éditions i. Exigeant, Pellerin ? Oui.