Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Rapporter le monde en BD…
Tous les trimestres, depuis déjà 10 ans, la revue XXI fait le tour du monde en enquêtes, récits, photos et reportages en bande dessinée. La revue a la bonne idée de réunir ses récits BD en recueils spéciaux. Celui qui vient de paraitre regroupe ainsi huit de ces bandes dessinées, autant dire qu’on y voyage beaucoup avec des auteurs aux styles extrêmement divers…
Tronchet intervient deux fois dans cette sélection. La première, c’est pour raconter son voyage en Bolivie. Il s’y rend pour découvrir l’exceptionnel salar d’Uyuni, un lac de sel aux dimensions phénoménales (l’équivalent de deux départements français), le tout à 3650 mètres d’altitude. « Le Salar de la peur », comme le titre joliment Tronchet, fait partie de ces haut (évidemment !) lieux attirant les touristes, mais aussi les amateurs de lithium… Tronchet nous invite également un peu plus haut en Amérique du Sud, dans « Le Labo du futur », ou comment des scientifiques inventorient les espèces animales et végétales en Amazonie.
Hippolyte apparait également deux fois au sommaire. La première fois, avec Nicolas Anglade, pour évoquer les combats de coq à la Réunion dans « Bataye kok ». Tout y est expliqué des enjeux, des méthodes et de l’importance de cette pratique à la Réunion ; une seconde, avec « Main basse sur les îles Chacos », un récit composé avec Morgan Fache pour dénoncer les enjeux géopolitiques qui ont mené à la déportation, ni plus ni moins, de la population d’une petite île anglaise de l’Océan Indien.
Autre style avec Joël Alessandra qui marche dans les pas familiaux avec « Le Miracle de Constantine », reconstruisant la vie d’aïeux pieds noirs. Alessandra découvre sur place la vie de ses grands-parents architectes, entrepreneurs, une errance comme les aime l’auteur qui le mène à reconstruire, à réécrire ce passé entre zone d’ombres de la mémoire et lumières méditerranéennes.
Un long « chapitre », intitulé « L’Appel de Barcelone », sous le trait de Natacha Bustos et le récit de Gabriel Wiener évoque de son côté le sort de milliers de jeunes latino-américains venus en Espagne pour se faire une nouvelle et belle vie et qui, acharnement du sort, se retrouvent « englués dans la crise économique » avec, en prime, le retour forcé sur leur terre d’origine. Un récit dense, sentimental, fort bien dessiné.
Loin de ces horizons exotiques, Marie Dubois se « contente » d’un « Rendez-vous avec Toulouse » où il est question d’un été auprès d’adultes handicapés ! Clément Baloup s’intéresse, lui, aux employés d’une entreprise des Bouches-du-Rhône qui refusent la fatalité d’une délocalisation en Pologne ! C’est « La Bataille des Fralib » qui débouchera, non sans combats et sans doutes, sur la création d’une coopérative ouvrière reprenant la production de thé et d’infusions.
Au total, plus de 260 pages de reportages introduites par une interview d’Emmanuel Guibert qui évoque son rapport privilégié avec Alan Cope auquel il a consacré plusieurs albums, du travail qu’il a réalisé avec Didier Lefèvre (« Le photographe ») et son attachement à s’entendre raconter des histoires qu’il n’a pas vécues et qui sont aux antipodes de sa vie.
Rappelons l’existence de la précédente compilation de reportages publiée en 2012, tout aussi passionnante et chroniquée ici-même.
Alors, bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOTÂ ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.
 « Grands Reportages en bande dessinée » / revue XXI – octobre 2019
Éditions Quatre SAS (23 €) – ISBN : 9782356381576
Rapporter le monde ?Voilà qui va devenir de plus en plus compliqué par l’analyse du réel et plus encore par la fiction ,avec les réactionnaires de gauche qui deviennent pire que ceux de droite.Jolie prise en sandwich et vrai danger au nom de grands principes et belles intentions .
Marie- Aude Murail qui écrit pour la jeunesse s’ en inquiète ici: https://www.liberation.fr/amphtml/debats/2019/11/26/de-quoi-l-enfer-est-pave_1765706?__twitter_impression=true