Les Cahiers de la BD n° 5 : an 2…

L’an dernier, lorsque nous avons chroniqué la parution en kiosque du premier numéro de la nouvelle formule des Cahiers de la BD, un doute subsistait quand au futur de cette revue copieuse de 200 pages. Remis sur rail par Vincent Bernière, les C.B.D. sont toujours là un an après. De quoi leur souhaiter une belle seconde année, que ce nouveau numéro au contenu un peu plus éclectique laisse espérer.

Si les romans graphiques et BD reportages dominent au sommaire de cette cinquième livraison, le classique est lui aussi modestement présent, et, que l’on soit pour ou contre ce choix éditorial, on ne peut nier l’excellence de l’ensemble des ouvrages mis en avant. Emil Ferris, auteure américaine quinquagénaire au passé douloureux (lire aussi « Ma sorcière cabossée », son portrait dans le numéro du 28 septembre de « Libération ») se taille la part du lion avec son ouvrage « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » (lire : « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » par Emil Ferris) : entretien avec Paul Tumey, cahier graphique, extraits… On peut pourtant se poser la question si ce bouquin passionnant est vraiment de la BD.

Entretiens de Lucie Servin avec Catherine Meurisse, autre adepte du roman graphique dont l’ouvrage « Les Grands Espaces » vient de sortir et de Frederico Anzalone avec une rencontre musclée auprès du mangaka punk Atsushi Kaneko. Christian Staebler nous propose de découvrir les petits secrets de l’encrage à travers les travaux de maîtres du noir et blanc : Sergio Toppi, Blutch, Chris Ware, Charles Burns… Vincent Bernière part à la découverte de la collection d’estampes éditées par Mel Publischer et rencontre deux de ses initiateurs : Michel-Édouard Leclerc et Lucas Hureau. « La Bande dessinée à l’épreuve du monde », rubrique signée Lucie Servin, aborde la BD reportage, sélectionne dix BD documentaires qui ont marqué l’histoire du genre, et pose 3 questions sur le thème à cinq auteurs : Christophe Simon, Troubs, Lisa Mandel, Damien Roudeau et Hélène Aldeguer. Place trop modeste au classique avec un excellent dossier consacré au « Petit Théâtre de Jean Doisy » par deux spécialistes de l’univers Spirou, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. Retour en compagnie de Vincent Bernière sur un personnage injustement oublié né dans les pages de Pilote : Valentin le vagabond, du regretté Jean Tabary.

À ces articles de fond s’ajoutent les rubriques habituelles signées Frémion, Ayrolles, Merveille, Sadoul…, les critiques qui oublient toujours les grandes séries populaires,  et enfin un nouveau chapitre de « La Grande Aventure de la BD » : « 1962/1966, les débuts de l’étude du genre », par Christian Staebler et les illustration d’Alain Grand.

De quoi satisfaire tous ceux qui apprécient les textes érudits, sans pour autant négliger les illustrations nombreuses au sein de ce magazine qui propose aussi 32 pages de BD signées Tabary, Toppi, Ferris et Kuper.

Les Cahiers de la BD n° 5, octobre/décembre 2018, 200 pages en couleurs, 12,50 €, en kiosque, info@lescahiers de labd.fr.

Henri FILIPPINI  

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11 réponses à Les Cahiers de la BD n° 5 : an 2…

  1. Captain Kérosène. dit :

    S’il y a quelque chose à jeter dans les nouveaux Cahiers de la BD, c’est bien « La grande aventure de la BD » qui n’apporte strictement rien à l’histoire du medium et répète ce qu’on a déjà lu partout ailleurs. C’est du niveau d’un exposé d’élève de lycée et le texte, hélas, s’étale sur un nombre incroyable de pages. Elles seraient mieux employées à parler d’autre chose. Surtout que les lecteurs des Cahiers en savent probablement au moins autant sur le sujet que l’auteur de ce bouquin qu’on nous inflige en prépublication depuis le premier numéro. Vivement la fin.

  2. Monget dit :

    Je ne suis pas d’accord du tout avec votre analyse.Cette rubrique est au contraire passionnante en tous points et m’a personnellement appris une foule de choses.Les vincent Bernière,thierry Groensteen,François Ayrolles ,Frederic Peeters et consorts,c’est à dire des gens instruits et passionnés sont trop rares dans les magazines.De grâce soutenons leurs efforts de vulgarisation érudite et disons stop à la soupe grand public et sans intérêt de personnes qui ,à l’instar d’Herri Philippini ou de Frédéric Bosser nous abreuvent d’articles inintéressants et « peoplelisent » le média.Leurs articles « culcul » sont trop présents et phagocytent les colonnes de beaucoup trop de sites ou de magazines.La bd a besoin d’entrer dans l’âge adulte.C’est à mon avis par la pertinence et la qualité des articles qu’elle y parviendra.

    • PATYDOC dit :

      Je suis bien d’accord avec vous! D’ailleurs, faire une histoire de la BD n’est pas un exercice facile : soit on entre dans les détails en dépeignant un tableau presque exhaustif au fil du temps (dans le genre des intégrales Dargaud/Dupuis) et il faudrait 5000 pages, soit on fait une synthèse, au risque de trop survoler le sujet. Remarque valable pour les autres arts, comme les histoires de la musique, par exemple.

    • Pierre dit :

      J’apprécie également beaucoup cette rubrique historique qui m’en apprend aussi (notamment sur la période CELEG/SOCERLID).
      Je ne partage en revanche pas du tout votre avis sur le travail de gens comme Henri FILIPPINI qui apportent souvent un éclairage intéressant.
      Ce qui me dérange beaucoup plus, dans les CBD, ce sont les articles comme « de l’art pour tous et à tout prix », qui servent la soupe à M-E LECLERC (sur 16 pages !), en voulant nous faire croire qu’une sérigraphie à 400€ est la portée de toutes les bourses !

    • Crissant Clavier dit :

      « stop à la soupe grand public et sans intérêt »
      Vous préférez sans doute le potage perlé à base de grosses légumes et belles coquilles.

      Vos gens instruits le sont de manière très sélective,et leur érudition est à géométrie variable et passablement oublieuse,pour ne pas dire orientée;vieille technique de récupération dédaigneuse.
      Vous connaissez le proverbe africain »Ce n’est jamais le lion qui raconte la mort du lion »? En clair: ce sont toujours les vainqueurs,les dominants, qui écrivent l’histoire,qui n’est jamais que leur version,qui les glorifie.Ici pour mettre en place une sorte de »roman » historique de la bande dessinée qui flatte avant tout les représentations d’un certain milieu. Que la réalité des faits aille se faire pendre ailleurs,restons entre gens de bonne compagnie.

      « La bd a besoin d’entrer dans l’âge adulte »
      Ça fait un sacré paquet de temps monsieur le preux héraut de la dernière tendance que la BD est entrée dans l’âge adulte,très longtemps.Va falloir réviser vos sources qui ne risquent pas de phagocyter votre ignorance,elles.

      Vous l’avez compris laissez tranquilles Henri Philippini et Frédéric Bosser.

      • monget dit :

        Je dis juste que je m’emmerde lors de la lecture de certains articles et ils sont souvent les mêmes…Pour corroborer mon propos:Je referme à l’instant la revue « les arts dessinés » n°4.Nicolas De Crécy en couverture.Sous une belle maquette luxueuse (15 euros quand même…),une foule de découvertes très éclectiques,des auteurs talentueux ,bref très alléchant.Las! La plupart des articles (et photos) sont signés Frédéric Bosser.Je me précipite sur les articles :les frères Brizzi (que je connais),Bastien Vivès,De Crécy,Riad Sattouf…En quelques questions sans intérêt,le portait est brossé,toujours dans le sens du poil,parlant de factuel,de techniques (un peu),et surtout du fait que l’auteur sera,ou non,exposé dans une galerie.Passons sur l’article de Paul Morstad qui,nous dit-on,a été réalisé au pied levé (dans ce cas,pourquoi en faire un article?)et tournons nous plutôt sur celui consacré à Catherine Meurisse qui échappe au format question/réponse.L’article est plus développé et va plus en profondeur.Ouf me dis-je.J’ai au moins passé un bon moment de lecture avec cet article et aussi avec celui consacré à Emil Ferris. Je regarde les signatures.Elles ne sont pas de F Bosser.Tout est normal donc…

        • Crissant Clavier dit :

          Frédéric Bosser a des responsabilités éditoriales importantes dans trois revues,normal qu’avec un tel marathon il traîne parfois la patte,les traits un peu tirés.
          Il pourrait plus déléguer mais c’est quelque chose qui à un coût,en cette période délicate pour la presse,où il a le mérite de se battre avec,oui,quelques automatismes,certainement souvent la tête dans le guidon et beaucoup d’échéances à court terme.Par ailleurs ce que vous appelez articles ne sont souvent que des lancements,un sorte de formule de politesse envers le lecteurs et l’(es) auteur(s).C’est un choix éditorial,même si,vous avez raison,d’une revue appelée « les arts dessinés Ȉ ce prix là,on peut attendre mieux.
          Ce qui me dérange plus,c’est l’arbitraire du choix des artistes – encore et toujours les mêmes,avec le même discours prédigéré pour un lectorat attendu,que le monde est petit – qui laisserait croire que la création,la qualité ne serait que d’un seul tenant.Et je ne parle pas des contrevérités assénées,souvent reprises ailleurs, pour se faire mousser.

          Puisque vous semblez vous intéresser à l’histoire du médium BD multipliez vos sources et vous allez fatalement croiser Henri Philippini,ça devrait vous en apprendre sur qui il est dans ce domaine,un monsieur.

          • Crissant Clavier dit :

            Et je rajouterais qu’en terme d’érudition et de passion,Henri Philippini vaut largement vos idoles.

        • Céline dit :

          Je suis assez d’accord avec vous « Monget » sans critiquer qui que ce soit pour autant. Moi qui suis une passionnée d’illustrations, j’étais très enthousiaste de la création des Arts Dessinés malheureusement après 3 numéros je ne l’ai plus acheté. Les textes sont sans intérêt à mon goût et les articles sur les illustrateurs manquent de fond ou ne se concentrent que sur l’actualité du travail de l’artiste (genre exercice promotionnel). J’espère que l’éditeur aura l’occasion d’améliorer cela parce que je serai alors une cliente très fidèle. Cette revue a su saisir une place vide dans la presse grand public et c’est une bonne nouvelle. Pareil pour les Cahiers de la BD, cette revue occupe un créneau vide depuis la disparition de Kaboom. Je prends beaucoup de plaisir à la lire même si elle ne s’intéresse pas aux séries populaires car il y a d’autres magazines qui y consacrent leurs pages. Pour les amateurs de manga, il existe aussi Atom une revue qui n’a pas encore réussi complètement à me convaincre mais qui a plein de qualités. Il faut saluer ce dynamisme de la presse et le risque que prennent les éditeurs dans un secteur très difficile.

      • Monget dit :

        Bonjour Mr Turpin.Je ne vois pas apparaitre ma réponse à Crissant C.postée samedi matin.Peut être s’est elle perdue dans les limbes de l’informatique?A moins qu’elle n’ait été l objet des ciseaux virtuels de la censure en ligne.Si c’est le cas,merci de bien vouloir m’en donner la raison car mon texte ,bien qu’il ne tienne aucun compte des avertissements puérils de Mr Crissant C (notamment à l’endroit de Mr Bosser) n’était en rien irrespectueux.
        Dans l’attente de vous lire,je parcours toujours avec bonheur les pages de qualité de BD ZOOM.Merci

        • Laurent Turpin dit :

          Bonjour, aucune censure après vérification. Votre texte a été validé et figure bien dans la liste des commentaires. Pensez à vider votre cache.

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