Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Les Cahiers de la BD : un numéro 4 éclectique…
Un an ! Ce quatrième numéro de la nouvelle formule des Cahiers de la BD permet à la revue animée par Vincent Bernière de fêter son premier anniversaire. Toujours aussi copieuse, 200 pages, elle offre aux lecteurs qui souhaitent aller au-delà de la seule lecture d’un album, de découvrir l’envers du décor d’un neuvième art plus vivant que jamais.
Désormais habitués à voyager au fil des pages des divers cahiers (Chronique, Iconique, Monographique, Esthétique, Thématique, Muséographique et Critique), nous conseillons aux nouveaux venus de picorer parmi les nombreux articles qui sont proposés. Commençons par le dossier consacré à l’immense Georges Pichard, lequel propose le long et dernier entretien que l’auteur a accordé à Christian Marmonnier, peu avant son décès en 2003. Richement illustré, ce dossier est passionnant et émouvant. Poursuivons avec la découverte d’un auteur de la nouvelle génération qui a le vent en poupe, Fabcaro, rencontré par Maël Rannou et son éditeur Pierrick Starsky, directeur de la collection Glénaaarg chez Glénat, interviewé par Lucie Servin.
Autre rencontre insolite et belle, celle avec Manuele Fior, par Lucie Servin, dont les albums sont très remarqués en France comme à l’étranger. Dans la foulée de dBD (voir notre Actu) Elric Dufau présente un panorama du football dans la BD, alors que Bernard Joubert revient sur quelques pépites de la bande dessinée pour adultes en posant la question : « L’amour est-il soluble dans la BD érotique ? » Érotisme toujours avec Vincent Dernière qui, preuves à l’appui, propose de découvrir 10 techniques pour ne pas montrer la chose… tandis que Lucie Servin pose trois questions  à 5 auteurs (Morgan Navarro, Bastien Vivés, Hugues Micol, Nine Antico et Anouk Ricard) de la collection BD cul des Requins marteaux.
Articles sérieux et documentés de Lucie Servin sur la bande dessinée arabe au-delà des clichés, de Christian Marmonnier sur la généalogie du manga, de Bruno Lecigne sur l’histoire du jaune dans la bande dessinée, de Jean-Pierre Jennequin qui évoque la bande dessinée et l’homosexualité… sans oublier le quatrième volet de « La Grande Aventure de la BD », 1959/1963 : premiers signes d’une maturité » par Christian Staebler et Alain Grand. Des infos courtes (décès de F’murrr, Lina Buffolente, Spider-Man, Tove Jansson…), des critiques, mais aussi 25 pages de BD (« Voyage scolaire » par Fior, « Pour la peau » par Deloupy et Saint-Marc, « Pourquoi faites-vous de la BD ? » par Philippe Dupuy), complètent ce sommaire riche et éclectique.
Un seul regret, l’absence totale de la bande dessinée actuelle classique, dont les auteurs et les œuvres pourtant nécessaires à l’équilibre du marché économique de la BD semblent ne pas exister aux yeux des rédacteurs des Cahiers de la BD. Un silence d’autant plus inexplicable qu’en d’autres lieux Vincent Bernière était bien content de les trouver pour réaliser ses numéros hors série de Beaux Arts magazine. Ceci dit, ce numéro des Cahiers de la BD est aussi remarquable qu’indispensable pour qui s’intéresse au monde de la bande dessinée. (200 pages, 12,50 €, en kiosque).
Henri FILIPPINI