« Calypso » par Cosey

Approchant lui aussi d’un âge considéré comme respectable (il aura 68 ans le 14 juin), le Grand Prix d’Angoulême de cette année, et donc président de la prochaine édition, nous démontre qu’il sait encore habilement se renouveler, en mettant en scène des personnages vieux ou déchus, bien loin des stéréotypes du héros toujours jeune et propre sur lui : le temps d’un solide polar bien noir, comme le traitement graphique inhabituel qu’il a choisi pour ce one shot très réussi.

Une ancienne actrice suisse, dont le film « Calypso », où elle interprétait une sirène, fut le sommet de sa carrière hollywoodienne, retourne dans sa région natale pour une nouvelle cure de désintoxication. Elle est quasi séquestrée dans une clinique dirigée par un médecin à qui elle a confié toutes ses affaires et qui l’escroque. C’est alors qu’elle retrouve son amour de jeunesse, du temps où elle n’avait que quinze ans : à une période où le succès ne lui avait pas encore fait tourner la tête, comme à la plupart de ses nombreux admirateurs… Cependant, son ancien fiancé n’a pas eu le même parcours glorieux et vit, aujourd’hui, dans une caravane. C’est ainsi qu’elle propose, à cet homme, ouvrier dans les travaux publics, qu’elle n’a pas revu depuis un demi-siècle et qui est prêt à tout pour la libérer en espérant un retour de flamme, de l’enlever et de réclamer une rançon…L’auteur de la série voyageuse « Jonathan » et de quelques remarquables récits inspirés, souvent mélancoliques, pudiques et poétiques, comme ses célèbres « À la recherche de Peter Pan » ou « Le Voyage en Italie » (1) nous démontre, une fois de plus, l’étendue de son talent narratif avec ce rocambolesque kidnapping réalisé par une équipe de branquignols, aussi tendre que réjouissant.

Par ailleurs, il nous étonne encore en jouant avec virtuosité du noir et blanc : réussissant, ainsi, à faire émerger toute la force et la puissance de son trait épuré !

Gilles RATIER

(1) Pour en savoir plus Cosey, voir sur Bdzoom.com notre très complet « Coin du patrimoine » (Cosey avant « Jonathan »), mais aussi, Cosey : Grand Prix de la 44e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême !, interview de Bernard Cosey, Cosey, Grand Prix Diagonale-Le Soir 2013 pour l’ensemble de son œuvre, Bernard Cosey est le nouveau Grand Boum de la ville de Blois !, « Jonathan T16 : Celle qui fut » par Cosey et « Atsuko » par Cosey., Cosey : Grand Prix de la 44e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême !. 

« Calypso » par Cosey

Éditions Futuropolis (20 €) – ISBN : 978-2-87548-2115-5

Galerie

5 réponses à « Calypso » par Cosey

  1. Thark B. dit :

    Contrairement à l’oeuvre d’Hugo Pratt, qui pour moi est « parasitée » (je pourrais presque écrire « gâchée ») par les mises en couleur, tardives et inutiles, j’ai toujours savouré la couleur chez Cosey. Ses à-plats subtils, immédiatement reconnaissables, font partie intégrante de son Art graphique ; elles accompagnent et soulignent la narration et ajoutent à ses planches une dimension atmosphérique & émotionnelle. Un peu comme une bande-son musicale, en fait…
    Du coup, au premier abord, son trait (qui s’est épuré voire radicalisé au fil des ans) et sa grammaire visuelle semblent s’inscrire sur la page d’une façon plus tranchante encore, plus brute. C’est fort, certes, mais « Ã  chaud » comme ça, cela me déstabilise un peu. Seule la lecture intégrale de l’album me dira si la force du récit peut m’emporter de case en case, suffisamment en immersion…
    De toute façon, en règle générale, les Auteurs connus & reconnus ont bien raison d’OSER, encore et toujours ! :)

    • PATYDOC dit :

      Permettez-moi de vous suggérer de lire ce livre avant d’en faire un commentaire ! Pour moi, c ‘est un livre très réussi, c’est un « retour aux sources » parfait. Quant aux colorisations de Pratt, desquelles parlez-vous ? … Car il y en a eu plusieurs ( avec Patrizia, sans Patrizia…); pour ma part, je trouve que les colorisations pastels sont réussies dans la reprise et font mieux passer les dessins de Pellejero…

      • Thark B. dit :

        … Me permettez-vous d’avoir un simple « ressenti » sur les quelques planches présentées ici ?… Et de respecter cette première approche spontanée sans venir me « suggérer » ce que j’ai à faire ou non ? Merci !…

  2. BARRE dit :

    Permettez moi à mon tour d’avouer que je n’ai pas encore lu ce livre ( pardon Patydoc) mais qu’effectivement il donne envie car l’association (pardon Menu) de l’univers de Gotham et le coup de pinceau d’Enrico semble alléchant, alors en attendant cette lecture… Joker!

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