Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Jean-Philippe Martin nous présente les Rencontres nationales de la bande dessinée organisées à la CIBDI d’Angoulême les 5 et 6 octobre !
La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image (CIBDI ou La Cité) d’Angoulême c’est bien plus qu’un simple musée de la BD. Cet établissement public est une référence majeure internationale pour le neuvième art ; il accueille auteurs, chercheurs et amateurs du monde entier. Un de ses dynamiques piliers nous présente la prochaine manifestation qui y est organisée : les Rencontres nationales de la bande dessinée avec pour thème « Éducation et bande dessinée ». Si vous voulez y participer, l’inscription est gratuite pour un programme de qualité.
BDzoom.com : On résume souvent la CIBDI à son rôle de musée de la bande dessinée. Pouvez-vous nous indiquer ses principales missions ?
- La Cité internationale de la bande dessinée est un lieu de ressources sur la bande dessinée, un lieu de référence pour découvrir ou approfondir ses connaissances sur le 9e art, en appréhender la variété et la richesse. Ses activités sont donc tournées vers ces objectifs fondamentaux. La Cité réunit un musée, des espaces d’exposition, une bibliothèque patrimoniale, une bibliothèque de lecture publique spécialisée, une résidence internationale d’artistes (la Maison des auteurs), une librairie de référence ainsi qu’un cinéma de deux salles classé art, essai et recherche.
Hébergeant ou côtoyant plusieurs écoles supérieures des filières bande dessinée, cinéma d’animation, jeu vidéo ou documentaire de création, entourée des nombreuses entreprises de l’image installées à Angoulême et aux alentours, accueillant de nombreux auteurs et chercheurs, elle est un centre de ressources sans égal dans l’hexagone et une référence internationale en matière de bande dessinée, tout en remplissant un rôle de centre culturel à vocation locale et régionale.
BDzoom.com : L’une de ses missions est d’organiser des Rencontres nationales de la bande dessinée. Quel est le but de ses rencontres ?
Cela fait plusieurs années que la Cité de la bande dessinée propose des temps de rencontres destinées aux professionnels. Il y eut les universités d’été, les formations en direction des bibliothécaires ou les séminaires pour les enseignants organisés par Canopé 16, le FIBD et la Cité.
Après la fin des universités d’été en 2013 — qui, durant plusieurs années avaient permis à différents acteurs de la « filière » bande dessinée de se retrouver à Angoulême pour débattre durant plusieurs jours de thèmes aussi variés que la bande dessinée numérique, la situation des auteurs, la sociologie des lecteurs ou encore les mangas —, nous cherchions à recréer un espace d’échanges et de réflexion.
Dès son arrivée à la direction générale de la Cité en janvier 2016, Pierre Lungheretti a proposé de mettre en œuvre un rendez-vous entre colloque et séminaire de dimension nationale en association avec des partenaires comme le ministère de la Culture, la région Nouvelle Aquitaine, le Grand Angoulême, Le Pôle image Magelis, le réseau Canopé, mais encore le FIBD ou les États généraux de la bande dessinée.
Pour sa première édition en septembre 2016, Les Rencontres nationales de la bande dessinée étaient sous-titrées « La Bande dessinée au tournant » et se proposaient de faire un point sur la situation socio-économique de la bande dessinée, avec un focus important sur les auteurs.
Le but est donc de permettre aux professionnels concernés d’apporter un éclairage sur un thème, de faire émerger réussites et problèmes et de dégager des pistes d’actions pour améliorer ou corriger des situations ainsi constatées.
BDzoom.com : Le thème retenu cette année (« Éducation et bande dessinée ») est vaste ; autour de quelles problématiques vont débattre les participants ?
Cette thématique, qui aurait pu sembler incongrue il y a quelques décennies tant la bande dessinée et l’éducation apparaissaient antinomiques, s’est assez naturellement imposée tant la situation a évolué. Nul besoin d’être un expert pour constater que la bande dessinée a sérieusement commencé à conquérir le milieu qui longtemps lui a résisté : l’enseignement. À la Cité, nous le vérifions tous les jours : depuis l’apparition dans les programmes nationaux de l’Éducation nationale (comme ce fut le cas récemment pour « Maus » de Spiegelman au programme de l’Histoire de l’art) jusqu’aux nombreuses initiatives impliquant la bande dessinée dans des dispositifs pédagogiques, l’accueil d’auteurs en milieu scolaire, la création de classes BD (et même d’un collège BD), on ne compte plus les cas d’utilisation de la bande dessinée comme support d’enseignement.
Loin d’être un phénomène passager, nous assistons à un mouvement de fond comme le montre la multiplication des collections à visée « pédagogiques » chez de nombreux éditeurs (Petite bédéthèque des savoirs, Sociorama, Octopus…) le succès de sites spécialisés comme Cases d’histoire ou L@bd auprès de la communauté enseignante ou de colloques comme le récent Telling Science, Drawing Science sur les liens entre la science et la BD. Il nous a donc semblé que le moment était venu de dessiner une carte de la situation à l’occasion de la 2e édition des Rencontres nationales de la bande dessinée. Durant deux jours, nous retracerons l’histoire de ce début de reconnaissance par le monde enseignant, nous nous intéresserons au recours à la bande dessinée pour répondre aux exigences des programmes, mais aussi aux effets induits par la pratique de la bande dessinée. Pour ce faire, nous donnerons la parole à des responsables des programmes, des inspecteurs de l’Éducation nationale et de l’éducation artistique et culturelle, mais aussi à des éditeurs et des auteurs ou encore des animateurs culturels qui viendront présenter des projets innovants autour de la bande dessinée.
BDzoom.com : Quel est le public attendu ? Comment s’inscrire ?
En raccourci, je dirai que ces Rencontres nationales de la bande dessinée intéressent principalement « l’interprofession » de la BD : auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, mais aussi les responsables culturelles et, compte tenu du sujet, le monde enseignant dans toutes ses composantes (enseignants, éducateurs…). La participation est gratuite, mais il est indispensable de s’inscrire, préalablement ici
BDzoom.com : Y aura-t-il des actes de ce colloque ?
Comme l’an passé nous mettrons en ligne l’intégralité des interventions sur le site de la Cité et celui de Canopé
BDzoom.com : Quelles sont les autres actions de la CIBDI dans le domaine de l’éducation auprès des enseignants, des médiateurs culturels et des élèves ?
Elles sont très nombreuses et ne peuvent être toutes énumérées ici. L’éducation artistique et culturelle est un des piliers du projet de la Cité. Elle est partenaire du Pôle de ressources pour l’éducation artistique et culturelle (PREAC) spécialisé en bande dessinée, piloté par Canopé Charente, notamment pour un séminaire à destination des enseignants organisé en janvier à Angoulême.
La Cité a développé plusieurs actions pilotes en partenariat avec des établissements scolaires, en Charente, en Nouvelle Aquitaine, à Paris et même à Douai, notamment. Elles impliquent des auteurs, des historiens du 9e art et les équipes de la Cité en initiant des ateliers de pratique graphique, des cours sur l’histoire et la théorie de la bande dessinée, des visites du musée de la bande dessinée. À côté de ces expériences portées toute l’année par les équipes éducatives s’ajoutent toutes les activités proposées aux classes et hors du temps scolaire dont le succès ne se dément pas d’une année sur l’autre.
Merci à Jean-Philippe Martin pour sa grande disponibilité au moment de boucler le programme définitif des prochaines Rencontres nationales de la bande dessinée.
Laurent LESSOUS (l@bd)