Par une opération surnaturelle, une trentenaire de nos jours se réveille dans le corps de la libraire new-yorkaise Tabatha Sands, au mois d’octobre… 1959 ! Après avoir repris ses esprits, elle décide de s’accommoder de cette curieuse situation et s’apprête à attaquer une nouvelle journée de jeune citadine, en compagnie de ses deux colocataires à la recherche d’emplois. Elle accompagne l’une d’elles à un casting et est choisie pour jouer la mascotte de Greenwich Village. Désormais affublée d’un costume de sorcière, elle va être confrontée au machisme de l’époque et se retrouver impliquée, puisque nous sommes en pleine guerre froide, dans une affaire d’espionnage : un jouissif récit rocambolesque réalisé volontairement sous contraintes feuilletonesques…
Lire la suite...Sortilèges, méchanteries… et inédits de René Hausman !

Outre une réédition en intégrale de deux récits que le fabuleux dessinateur d’univers animaliers ou imaginaires qu’était René Hausman (voir René Hausman : décès d’un maître imagier… et René Hausman) avait illustrés d’après des scénarios de Yann, les éditions Dupuis proposent le story-board complet, ainsi que les premières planches dessinées, de sa dernière œuvre inachevée !
Les mariages en bande dessinée, c’est comme dans la vie ! Certains, quoiqu’éphémères, donnent de beaux enfants.
Au début des années 1990, deux auteurs aux caractères bien trempés décident de s’unir… pour le meilleur.
Yann, scénariste encore jeune, champion du poil à gratter, chantre d’un humour dévastateur, propose ses services à René Hausman, peintre chaleureux du monde animalier et des peuplades féeriques de nos forêts.
De cette union contre nature naîtront deux ouvrages qui ont fait la joie des amateurs de contes, ces histoires pas si charmantes qu’on veut bien nous le faire croire.
« Les Trois Cheveux blancs », publié en 1993, raconte l’histoire de Vaïva la sauvageonne romanesque qui, accompagnée d’un goupil, croise la route du prince Karas, petit fils du féroce roi Karalius : un enfant de la honte, fils de la belle Sniégolé, prête à tout pour conserver l’éternelle jeunesse. Les deux auteurs nous livrent un conte ensorcelant où un roi cruel a fait couper la langue de tous ses sujets, afin de préserver un terrible secret.
« Le Prince des écureuils », paru en 1998, évoque la triste histoire de Roufol : un charmant petit écureuil, dont le rêve fou est de devenir un preux chevalier. Quelques noisettes magiques vont lui permettre de réaliser son souhait… mais aussi de connaître l’ennui, la haine, la mélancolie… et Hermine la jolie fille du sorcier. Avant que le conte connaisse une fin heureuse, bien des tourments auront été réservés au pauvre Roufol par Yann et sa plume trempée dans le poison.
Ces deux contes noirs et cruels n’avaient jamais été réédités depuis leurs premières parutions. Les éditions Dupuis viennent enfin de les réunir en un très bel album qui devrait combler tous les passionnés de l’œuvre originale et belle du dessinateur ardennais, disparu le 21 avril 2016.
Cerise sur le gâteau : aux deux récits s’ajoute un dossier illustré de superbes images (déjà compris dans les exemplaires distribués, à l’époque, à la presse et aux libraires).
Plus émouvant encore, « La Mémoire des pierres » propose les ultimes pages réalisées par René Hausman avant son décès. Marcellin Legrand réside dans la vallée du Crapîre où il façonne les pierres, une passion qui le conduit à devenir Compagnon du devoir. Ce très bel album présente le script du récit signé par Nathalie Troquette, sa veuve, et Robert Reuchamps.
On peut aussi y savourer le story-board complet, ainsi que les premières planches dessinées par Hausman : un bel ouvrage de la collection Aire libre, au tirage limité et que se doivent d’acquérir les amateurs de belles images.
HENRI FILIPPINI
« Sortilèges et méchanteries » par René Hausman et Yann
Éditions Dupuis (24 €), le 20 janvier
« La Mémoire des pierres », par René Hausman, Nathalie Troquette et Robert Reuchamps
Éditions Dupuis (32 €), le 20 janvier