« La Ville copiée » par Matthias Gnehm

Il y a des voyages sans retour, mentalement, psychologiquement, des voyages sans issue, disons sans issue honorable. Dans « La Ville copiée », Léo Lander va faire la triste expérience de ces envolées fabuleuses vers un ailleurs enthousiasmant et qui tombent à plat, à plates coutures !

On sait à quel point la Chine aime à reconstituer des sites touristiques étrangers. Ainsi Beijing World Park, ouvert dans les années 1990, propose de voir 106 répliques de grands bâtiments des quatre coins de la planète en miniature dans un parc à thème de 47 hectares : Tour Eiffel, Sphinx de Gizeh, Tower Bridge, Tour de Pise, World Trade Center… Sur le modèle de Las Vegas, il permet aux Pékinois de voyager dans le monde entier sans sortir de la capitale (cf. l’article de FranceTVinfo). Les Chinois ont également reproduit à Huizhou, province du Guandong,  au sud de la Chine, le village autrichien de Hallstatt, inscrit au patrimoine de l’Unesco, quasiment à l’identique (cf. l’article de Huffingtonpost).

C’est probablement de cette idée qu’est parti Matthias Gnehm pour son album. L’auteur, Zurichois, lui-même diplômé en architecture, met en scène un architecte allemand mégalo, Hans Romer, qui a décidé de recréer à Kunming la copie conforme de… Zurich. Kunming, « la ville aux éternels printemps » existe bel et bien, c’est même la capitale de la province du Yunnan et compte plus de 5 millions d’habitants ! C’est là, qu’un vieil ami, Leo Lander, rejoint Hans Romer… Leo est au chômage  et son ancien mentor lui a proposé du travail dans cette ville nouvelle. L’auteur évoque d’ailleurs le cas de ces villes nouvelles – villes fantômes telle Nouvel-Ordos, en Mongolie Intérieure : « On y a construit des dizaines et des dizaines de tours, prêtes à accueillir jusqu’à 1 million de personnes, selon certaines estimations. Mais à peine 60 000 vivraient ici aujourd’hui » (cf. L’article La Presse).

Leo abandonne en Suisse un couple qui bat de l’aile et découvre en Asie le projet fou d’une cité artificielle de 300 000 habitants. Mais le rêve a son revers et l’ami Hans est un manipulateur aussi roublard qu’ambitieux. Les chinoises sont certes jolies et attirantes, mais l’engrenage illégal dans lequel Léo se voit engagé n’est pas bon signe. La dérive commence pour Léo…

Dans un graphisme très coloré, très pictural, Matthias Gnehm réalise un album qui fait voyager, mais qui prouve que toutes les échappées sont belles en apparence . Si la fin déçoit un peu, le malaise qui en émane reste très réussi.

Alors, bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

« La Ville copiée » par Matthias Gnehm

Éditions Urban China  (15 €) – ISBN : 978-2-37259-018-1

Galerie

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