Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Jérôme K. Jérôme Bloche T25 : Aïna » par Alain Dodier
Ceux qui apprécient le détective à Solex seront comblés par cette nouvelle aventure méticuleusement mise en images avec ce réalisme classique qui vous emporte tout au long de pages superbes. Un beau travail d’artisan et c’est un immense compliment.
Enquête au quartier… : « J’avais en tête l’image d’une grande et belle femme noire qui déambulait en pleurs, sous la pluie. C’était une sorte de flash. Tu vois, ça part de pas grand-chose, finalement. » C’est ainsi qu’Alain Dodier expliquait à Hugues Dayez (dans le n° 4058 de Spirou) l’idée de départ de cette 25ème enquête de ce bon vieux Jérôme K. Jérôme Bloche. Tout commence avec un appel de son ami Burhan, l’épicier arabe de son quartier. Il lui confie qu’un géant noir l’a brutalisé alors qu’il cherchait à protéger une jeune fille noire qu’il poursuivait. Heureux hasard, la pauvre fille trouve refuge dans l’église du père Arthur, un autre ami très cher de Jérôme. Hélas, l’homme de Dieu est mis K.O. par Pacifico, l’imposant garde du corps, alors qu’Aïna, c’est le prénom de la jeune fille, disparaît au petit matin. Employée par un diplomate et ne parlant que le swahili, elle est revenue chez ce dernier, lequel habite dans un pavillon cossu de la banlieue parisienne. Avec l’aide de sa fiancée Babette — que ferait-il sans son hôtesse de l’air ? – Jérôme, accompagné par Arthur et Burhan, parviendra à sauver Aïna, enceinte, des griffes de ses employeurs esclavagistes.
Une fois encore, Alain Dodier propose une intrigue simple et linéaire qu’il prend plaisir à compliquer, comme dans nos bons vieux polars classiques. Les personnages sont déterminants dans ce récit passionnant : le quatuor formé par les héros récurrents pour une fois réunis (on les retrouve toujours avec le même plaisir), mais aussi les protagonistes propres à cette histoire. Que ce soit Aïna et le mystère qui l’entoure, Pacifico la brute au rôle ambiguë, sans oublier le couple de diplomates pas aussi fictif que ça. Déjouant les stéréotypes, refusant la violence de nos thrillers modernes, Dodier propose une histoire solide, méticuleusement construite, dans des décors familiers à ses lecteurs.
Pour les collectionneurs, notons que les éditions Dupuis proposent un tirage spécial de cet album, limité à 999 exemplaires, accompagné d’un frontispice inédit, numéroté et signé (24 €). Signalons aussi la publication du quatrième tome de l’intégrale en noir et blanc (328 pages, 28 €), réunissant les six dernières enquêtes du héros de Dodier dont le dessin, dans sa forme originale, est superbe.
Henri FILIPPINI
« Jérôme K. Jérôme Bloche T25 : Aïna » par Alain Dodier
Éditions Dupuis (12 €) – ISBN : 9 782 800 164 687
Le véhicule de Jérôme n’est pas une « Mobylette », mais un « Solex »
Cordialement
Merci pour la précision : nous corrigeons !
La rédaction
Quel plaisir de retrouver le charme suranné de Jérôme !