« Abyss » T1 par Ryuhaku Nagata

« Abyss », c’est le nouveau manga survival publié, cette fois-ci, chez Soleil. Le concept est à peu près toujours le même : un groupe de personnes qui ne se connaissent pas doivent s’entraider pour survivre dans un endroit inconnu, afin de se sortir des dangers qui rôdent. Le challenge n’est jamais aisé et la succession des événements, souvent tragiques… Pour notre plus grand plaisir.

Hibiki Dan se réveille dans un lieu inconnu et un peu glauque. Une sorte d’égout souterrain formant un labyrinthe avec ses portes et ses tunnels. Un peu simplet au premier abord, il va se révéler fin stratège lorsqu’il est question de survie. Ce qui n’est pas le cas de Taketo, un fan de muscu qui est le premier à mourir en affrontant en corps à corps un des monstres qui peuple ce lieu. Un comportement des plus stupides qui montre qu’il vaut mieux avoir un cerveau prompt à réagir plutôt que de foncer tête baissée. La suite prouvera qu’il faut également avoir du muscle, mais il y a une astuce pour ça, je vous laisse la découvrir. Hibikki se retrouve donc enfermé avec trois autres compagnons d’infortune : deux jeunes filles, Sakura et Haru, ainsi qu’un jeune garçon peu causant, Yuuto. À leur réveil, chaque protagoniste a trouvé près de lui un Trigger, boîtier offrant des capacités spectaculaires à son propriétaire : télékinésie, télépathie, téléportation, sens radar, décuplement des forces, etc. Le Trigger de notre héros est un peu spécial et bien utile puisqu’il permet de copier les capacités du boîtier d’une autre personne en ayant simplement un contact avec elle.

Si les séries comme « Judge » ou « Doubt », sur le même principe de survie, se passaient dans un univers réaliste, mais oppressant, « Abyss » se situe indéniablement dans un univers fantasmagorique peuplé de monstres et de pouvoirs improbables. Le groupe de jeunes en difficulté est au début pourchassé par une créature anthropomorphe doté d’une bouche capable d’ingurgiter un humain en une seule bouchée. Puis, débarrassés de ce premier piège, ils vont tomber sur son pendant féminin pour ensuite arriver face à une horde de créatures aveugles guidées par le moindre bruit. Une longue succession d’épreuves qui va mettre à mal la cohésion du groupe et révéler les faiblesses, mais aussi les talents de chacun. Les moins malins se faisant immanquablement trucider de manière sordide devant les yeux de leurs camarades horrifiés. Évidemment, nous, lecteurs, nous n’en savons pas beaucoup plus sur ce monde. Existe-t-il une réelle échappatoire pour nos héros ? Le but étant de nous maintenir dans un état de tension prêt à frémir à la moindre attaque ou se réjouir lorsqu’une porte est finalement passée… avant de recommencer de plus belle.

Le dessin de Ryuhaku Nagata est extrêmement classique pour un shonen. Ses cases ne sont pas noyées sous des tonnes d’artifices. Le graphisme est propre et offre une vision claire des monstres abjects et dégoulinants à affronter. Les décors sont également bien détaillés alors que l’on aurait pu s’attendre à une ambiance obscure et oppressante dans ces bas-fonds mal éclairés. Le but n’est pas d’épargner le lecteur, mais de lui montrer un environnement cru, facilement identifiable. La terreur ne vient pas des endroits ou des monstres eux-mêmes, mais plutôt du manque de discernement des personnages qui courent tête baissée vers la mort alors qu’une cohésion de groupe permettrait de se sortir intelligemment de ce piège. Si toutefois il y existe une échappatoire, ce qui pour le moment est loin d’être certain.

Visuellement, cette édition est soignée. La couverture, réalisée de manière traditionnelle avec des encres colorées, donne un petit côté naturellement sale et glauque. Ce qui nous évite les sempiternels univers aseptisés que l’informatique produit à tour de bras. Plus étrange, au premier coup d’oeil, le titre ne semble pas apparaître sur la couverture. Seulement mentionné en petit dans le coin inférieur gauche, il est presque invisible. Puis, par un jeu de lumière, il apparaît en plein centre de l’ouvrage, dessiné à l’aide d’un vernis sélectif. Voilà qui rajoute un côté mystérieux à cette histoire.

Avec déjà cinq volumes parus au Japon, la série peut facilement se continuer jusqu’à l’épuisement. On voit d’ailleurs bien l’évolution lente vers le fan-service glauque, notamment avec la quatrième couverture japonaise du titre. Une position, clichée, clairement assumée depuis le départ.

Bien évidemment, il ne faut pas chercher une once de réalisme dans ce récit. Seuls les amateurs du genre y trouveront leur compte. Le suspens est bien mené. Le lecteur frémira à chaque page. Se demandant qui va pouvoir sortir de ce labyrinthe et quel est finalement le secret de Hibiki.

Gwenaël JACQUET

« Abyss » T1 par Ryuhaku Nagata
Éditions Soleil manga (6,99 €)- ISBN : 978-2-302-04906-2

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