La Petite Bédéthèque des savoirs : entretien avec Nathalie Van Campenhoudt et David Vandermeulen

Les visiteurs de la Foire du livre de Bruxelles auront le plaisir de découvrir, en avant-première, ce week-end, les quatre premiers titres de la nouvelle collection proposée par Le Lombard : La Petite Bédéthèque des savoirs , dirigée par Nathalie Van Campenhoudt et David Vandermeulen. Cette collection a pour but d’explorer le champ des sciences humaines par le biais d’albums de bandes dessinées en petits formats. Le principe de ces albums est celui du regard croisé, celui du dessinateur et celui d’un spécialiste du sujet abordé. La tétrade initiale traite de l’intelligence artificielle, de l’univers, des requins et du heavy metal, autant de thématiques que de visions différentes.

« L’Intelligence artificielle » réunit Jean-Noël Lafargue, chercheur, expert en histoire des technologies, et Marion Montaigne, dessinatrice, experte en pédagogie dessinée drolatique. Après un conflit planétaire ayant opposé hommes et machines, les survivants envoient un androïde dans le passé pour découvrir les origines de cette guerre. Ce voyage temporel permet aux auteurs de faire l’historique des recherches en intelligence artificielle et de s’interroger sur les rapports de l’homme et de la machine.

La création de « L’Univers » est due à Hubert Reeves, astrophysicien, fabuleux vulgarisateur, et à Daniel Casanave, dessinateur au trait poétique. Ce dernier adapte en images une conférence d’Hubert Reeves pour la transformer en une belle ballade philosophique. Nous suivons le personnage de l’astrophysicien dans une promenade au cœur de la naissance de l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de la Création à la création artistique.

L’immersion avec « Les Requins » se fait avec Bernard Séret, biologiste au Muséum nationale d’histoire naturelle, requinologue, et Julien Solé, illustrateur du « Shark Book », passionné des lignes squaliformes. Le récit précis et factuel de Bernard Séret nous présente la distinction entre les poissons et les requins, leur évolution, les différentes espèces de squales, leurs biologies, écosystèmes, les relations avec les hommes. Combattant les clichés autour de cet animal méconnu, cet album est porté par les magnifiques dessins de Julien Solé.

« Le Heavy metal » nous est présenté par Jacques de Pierpont, chroniqueur pour la RTBF des cultures populaires, et par Hervé Bourhis, illustrateur de « 45 tours rock », du « Petit Livre des Beatles » et du « Petit Livre rock ». On retrouve ici le travail d’Hervé Bourhis pour ces ouvrages encyclopédiques, mais consacrés cette fois-ci à la musique metal. Les auteurs nous y accompagnent « De Black Sabbath au Hellfest » comme le souligne le sous-titre de cet ouvrage.

Chacun de ces ouvrages est préfacé par David Vandermeulen qui nous en explique ainsi la genèse. À la fin de l’album, les deux auteurs nous proposent chacun trois œuvres connexes prolongeant la découverte du sujet traité. La lecture de ces titres confirme le pari ambitieux engagé par Le Lombard sur l’intelligence de cette collection qui augure, au vu des titres à venir, une série savante et élégante.

Nathalie Van Campenhoudt est éditrice pour Le Lombard, elle s’occupe des collections patrimoniales de cet éditeur (Franquin, Auclair, Macherot…), de séries jeunesse (« Les Schroumpfs », « Yakari », « Ducobu », « Léonard », « Les Enfants de la Résistance »…) et de romans graphiques (« Melvile », « Les Crocodiles », « Femen », « Romantica », « La Vache »…).

David Vandermeulen est le scénariste des albums « Shelley » et « Chamisso » publiés au Lombard et dessinés par Daniel Casanave, avec qui il collabore dans La Revue dessinée pour la rubrique « Savoir pour tous ». On lui doit aussi « La Passion des anabaptistes » pour 6 Pieds sous terre, avec Ambre au dessin. David Vandermeulen est aussi scénariste et dessinateur pour les quatre tomes de « Fritz Haber » (Delcourt), comme il l’avait été pour « Les Champs de l’obscène » et « Littérature pour tous » (6 Pieds sous terre). Responsables éditoriaux de La Petite Bédéthèque des savoirs, ils ont tous deux accepté de répondre à nos questions.

Nathalie Van Campenhoudt & David Vandermeulen (c) Yves Declercq.

Quelles sont les différences entre un directeur de collection et un éditeur ? Pouvez-vous nous expliquer vos rôles respectifs ?

Nathalie Van Campenhoudt : David est « directeur de collection », car c’est lui qui est à l’origine du concept. Il est également externe à l’entreprise, chargé de la mission bien précise de développer et superviser cette collection.

Quant à moi, je suis éditrice au Lombard, salariée de l’entreprise depuis plusieurs années déjà, en charge de cette collection, mais aussi de nombreux autres albums publiés par Le Lombard.

Sur cette collection, David et moi prenons toutes les décisions à deux. Nous choisissons les thèmes, spécialistes et auteurs de BD ensemble. Nous sommes un vrai binôme polyvalent.

Pouvez-vous nous parler de la genèse de La petite Bédèthèque des Savoirs ? Comment vous est venue cette idée de regards croisés ?

Nathalie : Cette collection est née de cette envie d’élargir avant tout le champ de la bande dessinée et de l’envoyer vers des terres encore relativement inexplorées, comme celles des sciences humaines et du savoir en général.

David Vandermeulen : C’est aussi le projet de renouer avec l’esprit des célèbres collections de vulgarisation en format poche qui ont marqué plusieurs générations, comme Que sais-je ?, Microcosme, La Petite Bibliothèque Payot ou encore Découvertes Gallimard… Toutes ces collections qui ont connu des succès très larges et populaires.

Nathalie : Ces grandes collections avaient pour enjeu de rendre curieux autant la jeunesse que les personnes de 77 ans, un programme très proche de ce qu’a toujours été l’ADN du Lombard finalement.

David : Quant aux regards croisés, l’idée nous est venue spontanément. Nous voulions dès le début amener à la bande dessinée des personnes qui n’en avaient jamais fait et même, pour certaines, des personnes qui n’en lisaient pas forcément. Nous pensons la même chose pour nos lecteurs, nous ne comptons pas nous adresser spécifiquement aux amateurs de BD, nous avons aussi l’ambition de faire lire de la bande dessinée à un public qui n’a pas d’affinités particulières avec ce type de médium. Le grand défi de cette collection, c’est de démontrer que la bande dessinée est un médium qui a un potentiel énorme pour raconter, expliquer et faire comprendre. La BD possède des qualités propres, distinctes de la littérature et de l’audiovisuel ; c’est un langage qui possède énormément de ressources et qui a, selon nous, encore beaucoup de choses à inventer.

Il vous a été facile de trouver les premiers auteurs de cette collection ?

Nathalie : À notre grand étonnement, cela a été très facile, oui. Nous n’avons pratiquement jamais connu de retour négatif de la part des spécialistes que nous avons contactés.

David : Il faut bien entendu connaître en amont leur œuvre et leurs affinités. Les spécialistes qui se sont déjà exprimés plutôt négativement sur la bande dessinée, il est évident que nous ne nous risquons pas à essayer de les convaincre du contraire.

De quelle manière associez-vous les couples d’auteurs ?

David : Cela demande avant tout beaucoup de réflexion, de temps et de psychologie, car le grand enjeu est de créer un duo idéal. Notre rôle consiste à être de bons marieurs. Voilà aussi pourquoi cela demande une bonne connaissance de ce que sont les auteurs, leurs œuvres, leurs passions et leurs affinités. Lorsque deux auteurs s’entendent en amitié comme sur la thématique qui les occupe, les trois quarts du boulot sont déjà faits.

Nathalie : Nous choisissons bien sûr les spécialistes en fonction de nos thèmes. Et nous n’avons pas peur de proposer des collaborations aux meilleurs. Oser contacter ceux qui font autorité demande un peu de culot, mais réserve aussi de bonnes surprises.

Aviez-vous déjà les sujets pour les titres à venir ou des auteurs vous ont soumis des projets ?

David : Nous avons déjà reçu beaucoup de propositions et cela bien avant que les premiers volumes de la collection ne soient parus. C’est assez incroyable et nous ne savons pas si les demandes vont se multiplier quand nous serons en librairies. C’est bien entendu très agréable de découvrir un intérêt si marqué, dès la genèse d’un projet. Cela nous a aidés à croire en notre entreprise, c’est certain.

Nathalie : Pour l’heure, nous avons 24 titres programmés. Nous essayons de brasser large, et de ne nous interdire aucun thème. Nous aborderons le sport en parlant, par exemple, de rugby avec Guillaume Bouzard et le journaliste Olivier Bras. Mais nous aurons aussi des titres plus difficiles, comme celui sur les Situationnistes, que Christophe Bourseiller et Jake Raynal sont en train de nous préparer.

Des planches originales de la collection seront présentées au Salon du Livre de Paris.

Mille mercis curieux à David Vandermeulen et Nathalie Van Campenhoudt pour leur disponibilité.

 

Brigh BARBER

« L’Intelligence artificielle » par Marion Montaigne et Jean Noël Lafargue

ISBN : 978-2-8036-3638-9

« L’Univers » par Daniel Casanave  et Hubert Reeves

ISBN : 978-2-8036-3639-6

« Les Requins » par Julien Solé et Bernard Séret

ISBN : 978-2-8036-3500-9

« Le Heavy metal » par Hervé Bourhis  et Jacques de Pierpont

ISBN : 978-2-8036-3640-2

Chaque album est au prix de 10 €.

L’actualité concernant La petite Bédéthèque des Savoirs peut-être suivi sur le site qui lui est consacré : http://www.lelombard.com/bdtk/

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