Mittéï, bien trop sous-estimé… (première partie)

La publication de l’intégralité, en neuf très beaux albums, des « 3 A » — série incontournable du journal Tintin signée Mittéï (secondé anonymement pour le dessin par Tibet) et Michel Vasseur (pseudonyme d’André-Paul Duchâteau) — était annoncée depuis la fin de l’an passé par les éditions BD Must (voir « Les 3 A » : enfin l’intégrale !). Comme elle vient seulement d’être officiellement mise en vente depuis le début 2016, nous avons pensé que c’était l’occasion d’évoquer plus précisément le parcours de l’un de ses auteurs : Mittéï, dont la contribution fut bien plus importante, pour le monde de la bande dessinée belge des années soixante à quatre-vingt, que ce que l’on pourrait croire aujourd’hui.

« Les 3 A T2 : La Grotte aux esprits ».

Photo de Mittéï.

Tour à tour scénariste et dessinateur, le Belge Jean Thomas Toussaint Mariette, plus connu sous son principal pseudonyme Mittéï (diminutif de son épouse Marie-Thérèse), est né le 5 juin 1932 à Cheratte-Hauteurs : petite ville près de Liège où il a toujours vécu.

Autoportrait de Mittéï.

            Son amour du dessin lui vient d’un oncle aquarelliste et son goût pour la bande dessinée de sa lecture de l’hebdomadaire Spirou lorsqu’il était enfant.

Il adhérera même aux A. D. S. (Amis de Spirou) sous le nom de Jean Valhardi, puis aux C. S. A. (Club Spirou Aviation) sous le nom de Paul Cartier. Dans la Belgique occupée, il organise un goûter Spirou et monte un spectacle de marionnettes autour des héros du journal des éditions Dupuis.

Lassé d’attendre la suite du « Christophe Colomb » de Jijé dont la parution est interrompue par la censure allemande, il se documente sur le sujet et entreprend de dessiner la suite, pour lui-même…

Une case de « La Splendide Escadrille “Maggie New York” ».

            Il entre ensuite au collège Saint-Hadelin de Visé où il publie et vend sa première bande dessinée (« La Splendide Escadrille “Maggie New York” », en 1945) qui est signée Jiem, en hommage au dessinateur Jijé. Constatant ses possibilités graphiques, l’un de ses professeurs lui conseille de poursuivre ses études à l’Institut Saint-Luc. Il y entre en 1946 et s’inscrit dans la section illustration dont il sera le premier et, pendant longtemps, le seul élève.

            Dans des hebdomadaires locaux comme L’Écho de Waremme ou Le Bulletin notarial de Verviers, il crée ses premières séries : « John Camel » en 1949 (un détective privé qui deviendra « Bobby Duval » sous sa nouvelle signature Jiem, en 1950), « Kristophe Kolon » (nouvel hommage à Jijé) ou les strips muets de « Colin & Colas », entre 1950 et 1955.

« Colin & Colas ».

Après l’affichage non désiré de l’une de ses caricatures du frère-directeur de l’Institut Saint-Luc, jugée irrévérencieuse, il rejoint l’Académie des Beaux-arts de Liège en 1952 et participe à l’atelier Atgil du dessinateur Charles Gilbert : créateur du journal liégeois de bandes dessinées Grand-Cœur.

Il publie ensuite, en 1954, son premier récit en couleurs dans Petits Belges : « Le Sorcier de Bonne Montagne ».

            Il s’initie alors aux techniques d’animation au studio de dessins animés A.T.P. d’Albert Fromenteau (créateur d’un autre magazine liégeois : Wrill) et réalise deux courts métrages pour les fromages Paquay : « Taxis Melchior » et « Pâquerette et le corbeau ».

Bande annonce de « Bobby Duval ».

En cette même année 1954, le 23 décembre, il épouse Marie-Thérèse (dite Mithée) Hawaux, avant d’effectuer son service militaire en février 1955.

C’est pendant ces dix-huit mois sous les drapeaux, en avril, qu’il rencontre Michel Regnier alias Greg. Fort de son expérience dans les Héroïc-Albums de Fernand Cheneval, ce dernier veut lancer son propre bimensuel : l’éphémère Journal de « Paddy » qui ne connaîtra que cinq numéros en 1955.

Délaissant la signature de Jiem pour celle de Mittéï, notre auteur en herbe lui dessine une histoire de trente-huit demi-planches qui restera inachevée à cause de l’arrêt du magazine : La Course au timbre.

La vie de Paul Cézanne en BD dans le quotidien Le Soir.

Il réalise alors des chromos pour l’atelier de Fromenteau et les éditions Hemma, des dessins d’emballage pour Henri Kaquet et diverses caricatures politiques pour l’Union des classes moyennes (organisation patronale francophone engagée dans la défense des indépendants et entreprises).

Une page didactique illustrée par Mittéï.

De retour à la vie civile en juillet 1956, il s’essaye à la publicité et illustre aussi pas loin de cent biographies d’hommes célèbres pour le quotidien Le Soir, puis exerce divers petits métiers (étalagiste, musicien…), avant de se consacrer principalement à la bande dessinée. En effet, il a pris goût à cet exercice et persiste dans cette voie en livrant des illustrations à des agences qui fournissaient en pages didactiques, bandes dessinées verticales et récits humoristiques divers quotidiens belges comme Le Soir ou De Standaard.

En octobre 1957, à l’agence International Press d’Yves Cheron où il livre des jeux, des planches didactiques et des culs de lampes publiés dans La Libre Junior (supplément hebdomadaire pour la jeunesse du quotidien La Libre Belgique), il retrouve son ami Greg. Ensemble, ils animent deux épisodes de « Luc Junior » en 1958 (Mittéï réalisant la mise en page complète et les décors, laissant l’animation des personnages et le scénario à son collègue : une technique qui deviendra l’une de ses grandes spécialités) (1)

« Luc Junior » par Mittéï et Greg.

et sa première histoire professionnelle menée à terme qu’il dessine seule sur scénario de Greg : « Les Bolides d’argent », un récit publié en 1960 et repris en recueil broché chez Bédésup, en 1981.

une planche originale des « Bolides d’argent ».

            Mittéï va alors se spécialiser dans la fonction de décoriste, notamment pour Dino Attanasio (sur un court récit de « Spaghetti » dans Tintin, en 1958, et la première adaptation en bandes dessinées de « Bob Morane » dans Femmes d’aujourd’hui, en 1959), pour Tibet (sur « Globul » en 1959, « Les Peurs de rien », ou sur trois histoires courtes – entre 1959 et 1960 — et les sept premiers albums de « Ric Hochet » dans Tintin, entre 1961 et 1967), pour Paul Cuvelier (deux aventures de Line écrites par Greg, dans Line, en 1962, et dans Tintin, en 1963), pour Greg (sur les premiers épisodes de la série « Les As » dans Vaillant, en 1962) et, un peu plus tard, pour Francis (une aventure de Jacky et Célestin dans Le Soir, en 1967) et Édouard Aidans (sur un épisode des « Franval » dans Tintin, en 1968).

            Tout naturellement, en 1959, Mittéï va suivre Greg aux éditions du Lombard où il entreprend « Nane et Mitsou » publié entre 1960 et 1963 dans leur hebdomadaire féminin Line et entre au studio Tintin où, sous la houlette de Will, il s’occupe de la mise en page du journal Tintin, réalisant couvertures et illustrations, notamment pour les rubriques « Tintin-Mondial » (1959) ou « Tintin-Auto » (de 1960 à 1968) écrites par un certain De Barsy.

Grâce à son expérience acquise dans l’animation, il va aussi travailler à mi-temps au Studio Belvision du Lombard, sur les dessins animés de « Chlorophylle » (d’après Raymond Mâcheront).

Il ne lui reste donc plus que la nuit pour se consacrer à ses propres bandes destinées au journal pour les jeunes de 7 à 77 ans : réalisation de courts récits souvent scénarisés par Greg ou Yves Duval, mais aussi lancement de la série parodique « Rouly-la-Brise » scénarisée par Greg (deux épisodes publiés à l’origine en 1959 et 1960 seront repris en albums bien plus tard, en 1984 chez Bédéscope, et trois courts récits publiés en 1970 et 1971), des premiers gags de « L’Indésirable Désiré » (publiés en catastrophe en 1960 pour palier au retard de livraison des planches du « Dan Cooper » d’Albert Weinberg) et d’une première tentative scoute : « Les Chevaliers de Muzardon », encore un scénario humoristique de Greg, en 1961.

            On lui doit aussi quelques publicités réalisées pour l’agence publicitaire Publiart (autre filiale du Lombard), dont « On est entré dans le labo » pour le chocolat Victoria (dans Tintin, en 1959),

Strip publicitaire pour Publiart.

Publicité réalisée chez Publiart (publiée dans La Route des jeunes, en 1960).

la série de gags « Plume et Poil » pour le magazine de l’entreprise pétrolière BP (La Route des jeunes, en 1960), un récit de vingt-quatre pages pour le journal publicitaire du café Corso, toujours sur scénario de Greg en 1962 (« La Maison Forester », repris dans l’album publié par Bédésup en 1981) et des gags burlesques automobiles dans Bonne Route, la revue publicitaire de Wolswagen, entre 1966 et 1969 (« Adémar Piston »).

            En 1962, il commence surtout à animer « Les 3 A » avec Tibet et André-Paul Duchâteau dans Tintin (2), mais la pratique du scénario le titille et il écrit des gags de « Pipo », puis de « Blanchette et Cacao » en 1964, pour Junior, le supplément jeunesse du magazine Chez Nous, illustrés par son tout jeune compatriote cherattois François Walthéry, qui signait alors Pop’s : les dix-huit pages de « Pipo » seront reprises dans Spirouen 1978 et en album chez Bédésup, en 1981.

« Pipo » par Pop's et Mittéï.

            Mittéï produit aussi, en 1965, un premier scénario pour la série « Modeste et Pompon » que Dino Attanasio a repris à André Franquin : en 1966, il signera les suivants Hao, un nouveau pseudonyme qui est encore un hommage à son épouse dont il déforme, cette fois-ci, le nom de famille (Hawaux).

De 1968 à 1975, il reprendra le dessin de cette série de gags mettant en scène un couple de jeunes gens (souvent sur des scénarios de Christian Godard), lesquels seront compilés dans six albums chez Horus, en 1979.

Une planche originale de « Modeste et Pompon » dessinée par Mittéï.

            Entre-temps, dès 1964, son antihéros l’Indésirable Désiré prend du galon, puisqu’il est publié sous forme de récits en plusieurs pages, avant de devenir vedette d’histoires au long cours, quatre ans plus tard : l’intégrale, en sept albums, est aujourd’hui disponible en albums au Coffre-à-BD : http://www.coffre-a-bd.com/cgi-bin/boutique.bin?s=0&S=800.

À suivre…

Gilles RATIER 

(1) Ces deux histoires de vingt-deux et quarante-deux pages (« Le Filleul du Canada » et « L’Ondée ondulante ») ont été compilées dans un album aux éditions Pan Pan en 2011, mais elles ne sont que créditées Greg.

(2) Les éditions viennent donc de rééditer l’intégralité de ces palpitantes enquêtes en neuf albums de fort bonne facture ; pour en savoir plus, voir le site de l’éditeur :  http://www.bdmust.be/catalogue/albums/les-3a/integrale-en-9-albums.

Dessin original de couverture pour un album des « 3 A ».

Galerie

9 réponses à Mittéï, bien trop sous-estimé… (première partie)

  1. Henri Gonse dit :

    Bonjour cher Gilles
    Merci pour ce magnifique travail concernant Mittei, vous mettez si bien en valeur tous ces createurs de la BD classique franco-belge moins connus et malheureusement un peu negliges par les grandes maisons d’editions de BD !
    Je pense a Mittei bien sur, mais aussi a Willy Lambil (Coffre a BD et presente par vous), a Arthur Piroton et a Charles Jadoul pour Michel et Thierry (Editions Hibou, egalement presente par vous) et tant d’autres que vous contribuez si bien a faire connaitre et reconnaitre.
    Dans la foulee du travail monumental consacre a Spirou avec « La veritable histoire de Spirou », je reve de voir un jour d’autres biographies consacrees a de grands createurs comme Mittei, Piroton, Jadoul, Reding, Funcken, etc…
    Un grand Merci, cher Gilles, on vous doit beaucoup pour tout ce que vous faites !
    Bien amicalement
    Henri

  2. François Pincemi dit :

    Ce Mitittéï a été travailleur et modeste pendant de longues décennies, il a travaillé dans l’ombre de très grands, et c’était un professionnel accompli. Ce n’est que Justice, dirais je de façon DOC-te, que ses histoires soient enfin publiées sous forme d’intégrales…

  3. Marcel dit :

    J’avais lu il y a longtemps que la répartion des tâches sur Les 3A était exactement la même que sur Ric Hochet, mais comme Tibet et Duchâteau trustaient déjà pas mal de pages de Tintin avec Ric Hochet et Chick Bill, Duchâteau a pris le pseudo de Vasseur et Tibet laissé la signature à son assistant. A la même période, Greg signait Bruno Brazil du nom de Louis Albert pour les mêmes raisons.
    Du coup, quand vous dites « série incontournable du journal Tintin signée Mittéï (secondé anonymement pour le dessin par Tibet) », j’ai plus l’impression que c’est Mittéï qui secondait Tibet que le contraire. Me trompé-je ?…
    Sinon, super début d’article, comme d’habitude sur BDZoom.

    • Gilles Ratier dit :

      Bonjour Marcel et merci pour vos commentaires.
      Cet article sur Mittéï (en deux parties) est basé sur mon dossier sur la série « Les A » paru dans le tome 9 de l’intégrale qui vient de paraître chez BD Must (dossier beaucoup plus développé qu’ici). Dans ma genèse de la série, contenue dans cet ouvrage, j’explique plus précisément tout ça… Je vous en ai tiré ci-dessous un extrait qui vous permettra, du moins je l’espère, de mieux comprendre le partage des tâches entre Mittéï et Tibet sur « Les 3 A » et pourquoi je considère Mittéï comme le principal dessinateur de cette série (même si le travail de Tibet est, manifestement, très important, puisqu’il réussit même à imposer son propre style dès le premier coup d’œil) : « Si l’on en croit les dires de Gilbert Gascard, alias Tibet, dans le premier tome de « Le Lombard 1946-1996 : un demi-siècle d’aventures » de Jean-Louis Lechat (publié aux éditions Le Lombard en septembre 1996) ou dans l’ouvrage d’entretiens « Tibet la fureur de rire » que lui a consacré l’historien de la bande dessinée Patrick Gaumer (toujours au Lombard, mais en 2000), ce serait parce que les précédentes séries d’aventures humoristiques créées par Mittéï (de son vrai nom Jean Mariette) n’avaient pas rencontré le succès que ce dernier a changé carrément de style sur les conseils du rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tintin de l’époque, Marcel Dehaye. En effet, ni le petit pirate Rouly-la-Brise, en 1959, ni la bande de scouts des « Chevaliers de Muzardon », en 1961, n’avaient eu l’heur de plaire aux lecteurs du journal pour les jeunes de 7 à 77 ans qui s’exprimaient alors lors d’un référendum annuel, malgré des scénarios dynamiques signés par Greg : « Mittéï commençait à déprimer et Marcel Dehaye lui a suggéré de changer d’orientation graphique, évoquant notamment sa collaboration à “Ric Hochet”. Puisqu’il voulait apparemment faire une série sur le scoutisme, pourquoi ne pas la réaliser dans un style réaliste ? André-Paul Duchâteau était d’accord pour en écrire le scénario et j’étais tout prêt à crayonner ses personnages. Comme j’étais déjà très présent dans le journal, je lui ai juste dit que je préférais que mon nom n’apparaisse pas. Duchâteau signait quant à lui Michel Vasseur, l’un de ses anciens pseudonymes. »
      Mittéï, alors seul dessinateur crédité, s’occupait donc des décors et de la mise à l’encre, tandis que Tibet animait les personnages : « Après les premières planches, je me suis aperçu que Mittéï avait un peu de mal avec l’encrage de ses héros… Ce n’est pas évident d’encrer les crayonnés d’un autre. Je lui ai alors proposé de finaliser ses personnages, lui se chargeant de tout le reste. » (1) « En pratique, je passais plus de temps à faire ces crayonnés que mes propres planches de “Chic Bill”, parce qu’il fallait que ces crayonnés soient terriblement précis pour faciliter l’encrage de Mittéï. Mais lui, devant assurer ce style réaliste, n’était pas du tout à l’aise… Pour gagner du temps, j’ai mis d’abord les mains et les têtes à l’encre. Puis, finalement, j’ai encré complètement les personnages ! »

      Voilà qui j’espère, répond à votre question…
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

      • Marcel dit :

        Merci beaucoup de cette longue réponse.
        C’est vrai que c’est intéressant cette frontière entre le « storyboarder de luxe » et le véritable auteur d’une série. Sûrement une question de point de vue et de sensibilité. En effet, si on prend l’exemple de René Follet, sur certains Le Gall ou Stany Derval (qu’il y soit crédité ou non), on a vraiment l’impression que Mitacq s’est contenté d’encrer les crayonnés de Follet, sans pour autant vouloir attribuer la série à ce dernier. Sur les 3A, j’ai toujours eu plus tendance à attribuer le mérite à Tibet peut-être parce que sa patte y est présente à chaque histoire.
        Et je ne parle pas des crayonnés de Follet pour Vance, qui a eu l’intelligence de les « vampiriser » tellement qu’on ne peut se douter qu’il lui a fourni des storyboards.

        Mais je pense que la suite a confirmé que Mittéï n’était pas fait pour le dessin réaliste. D’ailleurs, il n’est ensuite plus sorti de son style humoristique.

  4. Frédéric Fabre dit :

    Cher Gilles
    Un détail, concernant les rééditions de Luc Junior chez Pan Pan. Je crois que vous répétez ici une coquille présente sur la couverture : il s’agit de L’ondée ondulante plutôt que L’onde ondulante.
    Mais baste! merci à Pan Pan de nous restituer du Greg inédit [à quand le prochain d'ailleurs ?] et merci mille fois à vous pour vos analyses bio-biblio de nos héros des pages du Journal Tintin !
    Amitiés
    fred

    • Gilles Ratier dit :

      Merci cher Frédéric, je corrige tout de suite : j’ai trop fait confiance à Pan Pan, je n’aurais manifestement pas dû ! Quant aux projets de cet éditeur, je n’en sais pas plus que vous, n’ayant plus de nouvelles de Gaëtan Laloy depuis un certain temps… D’ailleurs, s’il nous lit, qu’il sache que nous accueillerons avec plaisir la liste de ces projets éditoriaux…
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

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