Malabar : une histoire de bulles !

De périodes fastes en lente agonie, l’histoire de Malabar est passionnante. C’est Alain Lachartre, directeur artistique de Malabar pour l’agence Grey, à partir de 1982 et pendant de longues années, qui nous la raconte dans cet élégant « Malabar, histoires de bulles » (aux éditions Dupuis), dont la maquette évoque malicieusement le bubble-gum.

On dit que c’est Courtland E. Parfet, un officier américain débarqué en France en 1944, qui est revenu, huit ans plus tard, avec l’ambition de développer ce produit, s’étant rendu compte de l’impact du chewing-gum sur les Français, grands et petits.

C’est d’abord le lancement de la marque Hollywood dans un espace loué à l’usine Kréma de Montreuil-sous-Bois, puis le 21 février 1959 de Malabar : fameuse confiserie de 6,8 grammes qui remplit la bouche et fait d’énormes bulles pour qui est initié à son utilisation.

Dans un premier temps, le nouveau bubble-gum est proposé aux enfants avec des vignettes illustrées sur le thème du banal « Saviez-vous ? ».

Il faut attendre 1969 pour découvrir, sur les emballages, un fort gaillard à la tignasse blonde : héros de tatouages dessinés par Jean-René Le Moing, ami d’Albert Uderzo, dont le frère est le dessinateur des publicités concernant les produits dérivés d’Astérix. Suivent, en 1976, des vignettes avec les héros d’Astérix et, l’année suivante, l’arrivée des premières vignettes racontant une histoire, signées par Maurice Rosy, le créateur de Monsieur Choc. 

De nombreux dessinateurs — et pas des moindres — se succéderont au fil des années : Philippe Poncet de la Grave, Frank Margerin, Jean-Claude Poirier, Yannick, François Dimberton, Mic Delinx, Philippe Luguy, Michel Motti, Olivier Taffin et Régis Loisel, Yves Chaland, François Avril, Pierre Tasso et Arthur Rainho, Brice Goepfert, Curd Ridel, Gil Formosa… Le personnage de Malabar évolue au grès des dessinateurs, mais aussi des directeurs artistiques qui souhaitent laisser leur empreinte, jusqu’à sa disparition définitive (?) en 2006.

Outre la fabuleuse histoire de ce héros hors norme et des ses différents auteurs, l’ensemble des vignettes, mais aussi les pages réalisées pour la presse des jeunes, nous sont proposés dans ce bel ouvrage cartonné de 384 pages en couleurs, format 17 x 24 cm (28 €) : un voyage nostalgique qui pourrait bien tirer quelques larmes à certains lecteurs sensibles.

Henri FILIPPINI

Une exposition présentant de nombreux originaux et documents se tiendra du 8 au 13 décembre prochains à la Galerie Oblique de Pierre-Marie Jamet : 17, rue Saint-Paul, 75004 Paris (www.galerieoblique.fr).

Galerie

4 réponses à Malabar : une histoire de bulles !

  1. BARRE dit :

    Une vraie madeleine – collante – de Proust ce Malabar! J’ai parcouru avec attention cet ouvrage dont la couverture fait un peu sourire mais l’intérieur s’y révèle fort intéressant, avec de nombreux détails et informations concernant les dessinateurs participants, dont effectivement Margerin, entre bien d’autres.
    Face à la mode actuelle un peu crétine où tout le monde ou presque se fait tatouer (où sont les vrais « durs » alors?!) on se prend une bouffée de nostalgie en rêvant à nouveau d’un bon vieux tatouage Malabar!

  2. Une différence quand même, Monsieur Barre: les tatouages Malabar s’effacaient avec le temps ou le savon, ce qui n’est pas le cas des vrais tatouages que l’on peut éventuellement essayer de faire partir au laser, au risque de traces de cicatrices ou brulures.

    • BARRE dit :

      Le savon? Qu’est-ce que c’est? Mais moi j’ai toujours mes tatouages Malabar d’origine!
      Ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha!

  3. Pierre dit :

    L’ouvrage aurait pu avoir un intérêt si les BD avaient été présentées de façon exhaustive, ce qui est loin d’être le cas (par ex, toutes les vignettes et planches de Frank MARGERIN ne sont pas dans ce livre, et pourtant il n’y en a pas eu des tonnes, cf l’index p 378).
    Et écrire, p 371 : « (…) Malabar quitte la scène après plus de quarante années passées au service de la bulle, de la gourmandise et des enfants. », il faut quand même oser ! De la bulle, de la gourmandise (et accessoirement du fabricant), OK, mais au service des enfants ! on croit rêver..
    Je crois que c’est ce délicieux professeur CHORON qui disait « la publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons ». Bah, il devait avoir bu, ce jour-là…

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