100 (belles) planches érotiques chic et choc !

Quelle belle idée que de tenter de réunir les 100 plus belles planches de la bande dessinée érotique ! Mais aussi quelle idée casse-gueule, sachant que chaque lecteur possède son propre Panthéon. Disons que Vincent Bernière, romancier, journaliste, éditeur de la collection Erotix chez Delcourt, s’en tire plutôt bien…

Même s’il néglige certains dessinateurs qu’on aurait aimés y voir comme Ardem, Alan Davis, Jaap de Boer, Pierre Dupuis, Ferocius, Foxer, Hugdebert, Hopper, Mancini (Colber), Chris, Bruce Morgan… Mais c’est la loi du genre sélectif !

Après les regrets, passons aux nombreux points positifs de cet ouvrage qui réunit une grande partie de tout ce que compte la bande dessinée pour adultes. Le choix des planches, nécessairement subjectif, permet à Vincent Bernière de nous faire entrer dans l’atelier du dessinateur. Expliquant le mécanisme de la mise en page (cadrage, dessin, suscitation du désir…), mais aussi les diverses références (cinéma, photos, peintures…) ayant inspiré l’artiste, il apporte un éclairage nouveau à l’œuvre et au travail de son auteur. Pratiquement tous les créateurs ayant travaillé dans le genre au cours des années 1970/2000 sont présents dans ce musée imaginaire que n’aurait pas renié feu Charles Pasqua, metteur en scène d’un autre « Musée de l’horreur » destiné à justifier une loi qui a fait beaucoup de dégâts dans la profession. (1)

 Les classiques Varenne, Lévis, Magnus, Serpieri, Rotundo, Crépax, Forest, Cuvelier, Pichard, Manara, Bernet, Baldazzini, Giardino, Cavell… entourent une nouvelle génération de créateurs peut-être moins soucieux du dessin classico-réaliste : Alagbé, Aurita, Van Hasselt, Poincelet, Cooper, Rupert et Mulot… et quelques divines surprises comme Pierre Guitton maître es pointillisme underground ou encore l’étonnant Riverstone, longtemps utilisé comme faire valoir par Jean Carton, le patron de Bédé Adult’.

Publié par les éditions Beaux Arts (dont le magazine éponyme propose d’excellents numéros hors-série consacrés à la bande dessinée), ce très beau « Les 100 plus belles planches de la BD érotique » (224 pages en couleurs et en noir et blanc, 34,50 €), malin et sensuel, devrait réjouir les amateurs du genre. Et là, le pari est réussi. Les planches judicieusement proposées sont superbes et invitent à découvrir dans leur entièreté ces œuvres dont beaucoup sont aujourd’hui devenues des classiques.

Henri FILIPPINI

(1) Remarquons également, en fin d’ouvrage, une longue postface de Christian Marmonnier, historien et éditeur de bandes dessinées érotiques, qui apporte une note savante et encyclopédique à l’ouvrage : une sorte d’historique bienvenu qui complète très bien l’ouvrage.

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Une réponse à 100 (belles) planches érotiques chic et choc !

  1. Voila que Monsieur Bernière parle d’un sujet intéressant, mais malheureusement son bilan d’éditeur de la collection Ero-tix (cela vaut mieux comme titre que Ero-trique, non?) me semble bien maigre. En effet, on y trouve assez peu de création mais surtout de la réédition d’oeuvres déjà parues chez des concurrents éditeurs qui avaient eux pris le risque d’imprimer fascicules et livres à l’époque où la BD était moins médiatisée. Où en sont les collections Casino de Frollo et la Sam Bot ? L’acheteur qui s’est sacrifié pour s’offrir ce livre l’a eu dans le cul (normal avec Sam Bot, me direz vous…°), car la collection ne comprend qu’un seul unique et monomaniaque volume. Plus de chance pour la Casino qui a plusieurs titres : Jackpot pour les amateurs de Frollo, ces histoires avaient été censurées par Elvifrance, et n’avaient jamais été reprises par chez nous.

    Avant d’être chez Erotix, les livres de l’italien Baldazzini étaient chez le petit éditeur Dynamite, qui l’a fait connaître en France, tout comme le Magenta. Les Crepax comme Emmanuelle et Justine étaient sortis au Square et à Albin Michel, l’américaine Gwendoline avait déjà été présentée en France par les Humanos, Liz et Beth avaient eu plusieurs albums chez Glénat (collection du Marquis, tout comme le Sois vicieux de Schultheiss, d’ailleurs). J’allais oublier les 110 Pilules de Magnus, publié par Albin Michel après sa parution dans les pages de l’Echo des savanes.

    Il me semble quand même qu’un grand éditeur comme Delcourt pourrait faire des efforts pour financer de la création authentique, plutôt que de se limiter à rééditer les œuvres déjà parues chez ses collègues, et que l’on peu d’ailleurs parfois encore trouver à l’état neuf chez les soldeurs. Mais ce n’est que mon point de vue.

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