Redécouvrir Cardus…

Aux temps heureux où la presse quotidienne publiait des pages entières de bandes dessinées, une signature a longtemps intrigué les lecteurs : Cardus. Qui pouvait bien se dissimuler sous ce patronyme énigmatique ? Alain Beyrand dans son formidable « Catalogue encyclopédique des bandes horizontale française dans la presse adulte de 1946 à 1975 » (éditions Pressibus 1995) avait levé une partie du voile en écrivant qu’il s’agissait d’un Catalan né en 1924 vivant en France. Sur le site internet Case départ du quotidien La Nouvelle République, notre ami Erwan Tancé, alias Hervé Cannet, journaliste et éditorialiste récemment retraité de ce grand quotidien régional, consacre une rubrique à l’étonnante redécouverte du dessinateur… Et aussi une étonnante histoire…

Autoportrait de Cardus.

C’est une jeune étudiante en master de communication à Toulouse, Andréa, qui à l’occasion de recherches pour son mémoire a découvert qu’un peintre vivant dans son petit village de Crespian (358 âmes), dans le Gard, avait eu une autre vie : celle de dessinateur de bandes dessinées.

Un homme arrivé à Crespian, avec son épouse Lili (céramiste) en 1962 qui ouvrait volontiers son atelier aux villageois, offrant une peinture, une esquisse, un dessin… Avec l’aide de sa maman, la jeune femme a réalisé une exposition de ses œuvres et l’on parle aujourd’hui de donner son nom à la rue où il résidait avec son épouse. Une belle histoire…

Peinture de Cardus.

Né le 23 mars 1917 à Barcelone, Marco Cardus Canal entre en 1931 à l’Académie des Beaux Arts de sa ville natale pour en sortir diplômé en 1937. La Guerre civile éclate en 1939 et il combat dans les rangs des Républicains. Faisant partie des centaines de milliers de « Retirada » qui quittent le pays, il arrive en France au camp de Vouillé où il vit médiocrement de ses toiles. Il rencontre Jeannine « Lili » Jaubert, participe à un réseau de Résistance à Lyon en 1943, est emprisonné au fort de Montluc. Le couple gagne Paris à la Libération où Cardus expose ses toiles, faisant partie du groupe d’artistes catalans conduit par le célèbre affichiste Eduardo Badia Vilato. Il expose ses toiles à Paris où il obtient le Prix de la Seine en 1969, puis un prix à New York.

C’est tout en poursuivant cette activité qu’il commence une carrière de dessinateur de BD — et plus particulièrement d’auteur de romans dessinés avec les textes placés sous les images — dès l’après-guerre. Il commence par réaliser des histoires sentimentales au lavis pour la presse du cœur, puis aborde les strips pour l’agence Mondial Presse créée par Cino Del Duca afin d’alimenter en BD son quotidien Paris-Journal, devenu Paris-Jour. On lui doit une vingtaine d’adaptations de plusieurs centaines de strips : « Les Deux Diane », « Florence », « Les Hauts de Hurlevent », « Les Frères Karamazov », « Mauprat », « L’Orpheline du manoir », « La San Felice », « Quentin Durward »… et surtout « Monsieur Lecoq ». Il abandonne cette activité en 1972 après la disparition de Paris-Jour, se consacrant désormais à la peinture. Le couple avait résidé à Canteloup des Vignes, à Triel, à Achères, avant de s’installer à Crespion où Cardus est mort le 29 octobre 1993, son épouse en 2006.

Vous pouvez lire l’intégralité de cette redécouverte sous la plume d’Erwan Tancé  sur le site Case Départ de La Nouvelle République : http://www.nrblog.fr/casedepart/2015/08/27/comment-une-jeune-gardoise-revele-la-seconde-vie-de-marc-cardus-2/.

Henri FILIPPINI

Planche en couleurs retrouvée dans la maison où a vécu Cardus.

Galerie

2 réponses à Redécouvrir Cardus…

  1. cornier dit :

    J’ai eu la chance de le connaitre et d’avoir vu ses tableaux,mon beau frère l’ayant exposé;J’ai même diné chez lui et il m’avait raconté qu’il avait fait des Bd dans sa jeunesse!

  2. Henrion dit :

    je l’ai connu à triel sur seine vs 1955/1960 ; je lui montrais mes premières peintures ; je l’ai vu dessiner ces bd et ses peintures .il était d’une gentillesse extraordinaire ; c’est plus tard que j’ai appris la tragédie qui l’a profondément attristé

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