Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Michel Brazier, « petit » frère de Rahan !
Après « Thierry le chevalier », dont le second et passionnant volume est paru fin juin, les éditions Fordis annoncent la publication de « Michel Brazier » : un récit inédit en album du grand scénariste Jean-Michel Charlier, imagé par André Chéret, pour le 16 novembre prochain.
C’est en mai 1979, au n° 2142, que « Michel Brazier » débarque en couverture de Spirou – il s’agit en fait de la première planche du récit – et ses deux auteurs sont des stars de l’époque : Jean-Michel Charlier et André Chéret, dont le « Rahan » connaît, alors, un énorme succès (voir : André Chéret).
Après l’incendie de sa plantation, l’ancien mercenaire Michel Brazier, qui voit impuissant sa récolte partir en fumée, rejoint son ami Théo N’Daka, leader de l’opposition au président du Mutawamba. À la fin du récit, Brazier, décolle d’un petit aérodrome des environs de Johannesburg pour « réaliser un exploit presque surhumain »… ou pire pour connaître une « mort obscure et sans gloire ».
Hélas, les lecteurs ne connaîtront jamais la conclusion, les deux auteurs en ayant abandonné la réalisation.
Charlier tente, sans succès, de vendre cette série destinée à l’origine à Télé Star – mais le projet a foiré (dixit Chéret) – au Zack allemand (voir : Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : à l’origine était Zack !) : elle finira donc par aboutir, finalement, dans les pages de Spirou. Par ailleurs, André Chéret, alors en délicatesse avec Pif gadget qui publie « Rahan », vient aussi de créer « Domino » dans Tintin avec Greg, autre prestigieux scénariste. Que ce soit sur « Michel Brazier » ou sur « Domino », les pages de Chéret sont dynamiques, riches en décors ; seul petit bémol, ses personnages sont des Rahans costumés, plutôt engoncés dans leurs vêtements.
« Michel Brazier » est l’adaptation, par Jean-Michel Charlier lui-même, du feuilleton « Les Diamants du président » que ce dernier avait écrit pour la télévision (en collaboration avec Pierre Nivollet) et qui avait été réalisé par Claude Boissol. Six épisodes de cinquante-deux minutes ont été diffusés sur Antenne 2 en 1978. Notons que le héros joué par Michel Constantin s’appelait alors Georges Lancier.
En plus de l’intégralité des pages dont les couleurs ont été refaites par Chantal Chéret, une préface de Francis Bergèse et un dossier très bien documenté de douze pages (signé par notre ami Gilles Ratier) complètent l’album cartonné de soixante-quatre pages en couleurs proposé dès aujourd’hui : une souscription de la version classique étant déjà ouverte à 23 euros (plus 5,10 euros de frais de port), chez Fordis éditions, 11 avenue Charles de Gaulle 95700 Roissy-en-France, ou en envoyant un mail à s.biddau@fordisbooksandpictures.fr.
Notons que l’indication « tome 1» laisse espérer une suite. Mais quelle suite ? Et bien sachez que cette série sera
enfin menée à son terme, après 36 ans d’attente, grâce à la plume scénaristique talentueuse de Christian Godard (« Le Vagabond des limbes », « Martin Milan », « Norbert et Kari »… ; voir Tout Christian Godard (ou presque) sur bd-artstrip.com !) et au trait virtuose d’André Chéret, lui-même. L’intégralité de cette histoire comprendra 4 albums qui paraîtront à un rythme annuel. Prochain épisode : Rendez-vous avec la mort, en novembre 2016 !
En attendant, félicitations à Salvatore Biddau, le responsable de ces éditions, qui, après la disparition de Sangam, reprend de belle manière la réédition des inédits en albums de Jean-Michel Charlier.
Henri FILIPPINI
merci pour cet excellent article qui me rappelle beaucoup de bons souvenirs. Mais êtes-vous sùr que la série domino était scénarisée par Greg? N’était-ce pas plutôt par Van Damme? Enfin, je crois, je ne veux pas m’avancer, voyez-vous.
Bonjour Fabrice !
Non, c’est bien Greg qui crée la série « Domino » dans Tintin, laquelle sera ensuite reprise par Jean Van Hamme quand Greg partira représenter Dargaud aux USA.
Merci de nous lire assidument…
La rédaction
Un planning récent de Fortis (fin 2014) que vous donniez ici même indiquait ce Brazier pour 2017. Sortie avancée ?… Est-ce que ça veut dire que les ventes de ces inédits de Charlier sont plutôt bonnes ?…
Bonjour Marcel,
cela veut seulement dire que Fordis (et non Fortis) a pu concrétiser plus tôt que prévu l’accord avec André Chéret pour cette reprise de « Michel Brazier » : cela ne veut rien dire d’autre. Quant aux ventes, comme le tirage est limité en tout à 500 exemplaires (dont 111 en souscription avec ex-libris) et que l’éditeur n’a pas l’air de se plaindre ni d’avoir mis la clé sous la porte, on peut donc croire que les ventes sont sereines ; mais avec 500 exemplaires, cela ne peut aller très loin et le rendre riche (surtout qu’il faut payer les auteurs et les ayants droit, en plus de la fabrication qui n’est pas faite à la tout-venant et qui donc coûte plus cher qu’un album « normal »). Mais c’est Salvatore Biddau qui devrait plutôt vous répondre lui-même. Peut-être qu’il vous en dirait plus, en tout cas, notre forum lui est ouvert…
Bien cordialement
La rédaction
Bonsoir,
il me revient en mémoire les aventures judiciaires Chéret/Lécureux/Vaillant. Au pic de la procédure, Chéret n’avait plus de travail : Greg pour Tintin et Charlier se sont penchés ur ce talent inutilisé. Outre la malchance éditoriale proverbiale de Chéret (Protéo chez Ozou, Anaël…) Chéret a bien tente de se fondre dans un nouveau moule. Plus facilement sur Domino que sur Brazier : de son propre aveu (cf son Bob Mallard) il déteste dessiner de la machine, du métal. Charlier ne pouvait pas faire l’affaire. Et Domino cessa quand les affaires avec Vaillant trouvèrent une issue, ramenant le barbu dessinateur à ses premiers amours : Lécureux et Rahan.
Qu’il me soit permis d’écrire ici que je crains le pire. Inconditionnel de Chéret et confiant en Godard… le trait du maître faibli. Ses dernières productions trahissent son trait. J’ai en main le guide du jeune judoka (diff nationale) illustré par Chéret. : ed 2014. Messieurs les juré apprécieront.
xavier dauga
Dans le dernier Spirou, Hugues Dayez présente la série Michel Brazier comme une histoire restée sans suite… sans jamais faire allusion à la poursuite de cette série chez Fordis. Dommage !