Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...« Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet T1 : R.I.P., Ric ! » par Simon Van Liemt et Zidrou
Avec pas moins de 78 albums et 10 hors-séries parus, pour plus de 15 millions d’exemplaires vendus entre sa création en 1955 et la mort du dessinateur Tibet en janvier 2010, « Ric Hochet » fait partie des icônes majeures du 9e art. Héros récurrent des éditions du Lombard, conçu par André-Paul Duchâteau tel un hommage à Rouletabille et Valhardi, le reporter de La Rafale est prompt à aider son ami le commissaire Bourdon afin de démêler les pulsions criminelles des protagonistes. En mai 2015, le détective reprend donc doublement vie grâce à Zidrou et Van Liemt, au profit d’une intrigue décapante et ultra-référentielle : en 1968, Ric hochet est surpris un soir chez lui et abattu par l’un des ses pires ennemis. Après s’être évadé, le Caméléon vient en effet de passer deux années à se métamorphoser… pour prendre l’identité du célèbre journaliste !
Après leurs naissances en 1955, Ric Hochet et Bourdon sont apparus dès 1958 au sein de courtes énigmes dans le journal Tintin, sous le titre « Relevez le gant ! ». En septembre 1963, l’éditeur Raymond Leblanc (à la tête du Lombard depuis 1946), fera enfin paraître un premier album intitulé « Traquenard au Havre », ouvrage en réalité complété d’une aventure précédemment parue dans l’hebdomadaire Tintin et nommée « Ric Hochet, Signé Caméléon ». Lors du dénouement, les lecteurs apprendront que derrière ce pseudonyme se cache l’inspecteur Manière, un orphelin jadis adopté par un détenu mort en prison après avoir été arrêté par Bourdon. Devenu un criminel machiavélique, Manière/Caméléon s’est juré de venger son bienfaiteur et de liquider Bourdon. Ric Hochet aura donc assez régulièrement fort à faire pour contrecarrer ses plans, aussi bien dans « L’Ombre du Caméléon » (T4, 1966) que dans le présent album (voir l’article précédent d’Henri Filippini : http://bdzoom.com/86605/actualites/zidrou-et-van-liemt-relevent-le-gant/).
La disparition de Tibet au début 2010 avait laissé un ultime album inachevé, « À la poursuite du griffon d’or », finalement publié en novembre de la même année tel un hommage graphique : y figuraient les 28 premières planches (à des degrés divers de réalisation) accompagnées de leur story-board et d’une courte nouvelle de Duchâteau venant conclure son intrigue. De fait, l’univers de Ric Hochet, quelque part entre ceux de « Maigret, « Les Cinq Dernières Minutes » et des récits d’Agatha Christie, avait installé titre après titre un canevas éprouvé, composé d’investigations classiques, de récits d’anticipation et d’histoires fantastiques, apte à séduire les nombreux amateurs de polars et de mystères. Pour les repreneurs potentiels, à l’heure précise où Duchâteau (né le 8 mai 1925) fête ses 90 ans, il s’agissait par conséquent de moderniser la série sans rien perdre de ses anciens codes, à commencer par un personnage central éternellement vêtu d’une veste pied-de-poule, amateur de Porsche jaune… et commémorant lui-même ses 60 ans d’existence.
Quitte à faire littéralement revivre Ric Hochet dans ses « Nouvelles Enquêtes » dignes de celles de Holmes, le scénariste Zidrou et le dessinateur Simon Van Liemt (« Poker », de 2009 à 2012) ont habilement préféré jouer sur le thème du double et de la mort, très présent dans toute la série (voir par exemple les titres « Le Double qui tue » ou « Les Jumeaux diaboliques », parus en 1985 et 1989). « R.I.P. Ric ! » constitue aussi un bond dans le passé, plus précisément dans le Paris de la fin des années 1960 : comme l’explique Zidrou, « Notre Ric démarre exactement entre « Alias Ric Hochet » (T9) et « Les Cinq Revenants » (T10), en 1968. C’était vraiment le bon âge, le mien et celui de Ric. »
Cette résurrection 2015 est un événement en annonçant d’autres, similaires (prochainement, les albums issus des reprises de Bob Morane, Clifton et Corentin… sans parler de Corto Maltese chez Casterman) : il n’est donc pas étonnant que Le Lombard appuie sur la promotion, par le biais d’un supplément spécial gratuit de La Rafale en mode vintage (doublement daté du 1er mai 1968 et du 29 mai 2015), d’un site dédié (http://www.lelombard.com/bd/2015/ric-hochet/index.html) et d’une exposition parisienne dans la Cour d’Honneur de l’École militaire, pendant laquelle seront visibles quelques Porsches et une quinzaine de planches réunies autour du thème de l’automobile. Enfin, signalons la future parution en octobre 2015 de « Mystères ! Tibet, une biographie en images », copieux ouvrage de Vincent Odin enrichi de 350 pages d’illustrations et planches dont de nombreux inédits, présentés en fac-similé. La parution sera accompagnée d’une exposition-vente à la Galerie Daniel Maghen, éditeur de ce très bel ouvrage (prix annoncé de 59 € ; voir la présentation sur le lien suivant : http://www.lelombard.com/newsletter/ric-hochet/portfolio-ric-hochet-dm.pdf).
Outre les nombreux clins d’œil faits aux neuf premiers albums de la série (dont « Rapt sur le France », « Suspense à la télévision », « Face au Serpent » et « Piège pour Ric hochet »), « R.I.P., Ric ! » posait indéniablement – et c’est notre sujet maître… – la question de sa couverture : équilibre subtil entre classicisme et modernisme, elle braque pour ainsi dire de nouveau notre regard sur un héros connu, intrinséquement placé en situation délicate. À l’instar d’autres premiers plats (voir ceux de « La Ligne de mort », « La Flèche de sang », « Le Double qui tue », etc.), une arme à feu vise directement Ric. À l’arrière-plan, la menace invisible se précise puisque l’on devine la marque du Caméléon, expliquant de fait la similarité de costume et de pull rouge : en cherchant à remplacer Ric Hochet, le Caméléon introduit le motif du dédoublement, de la quête de personnalité, finalement de la relecture du mythe héroïque auquel nous convie sans cesse la bande dessinée.
On n’aurait mieux fait pour rendre les personnages de Tibet et Duchâteau à leur fascinante et mémorable vie de papier. Toujours prêts à relever le gant ?
Philippe TOMBLAINE
« Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet T1 : R.I.P., Ric ! » par Simon Van Liemt et Zidrou
Éditions du Lombard (12, 00 €) – ISBN : 978-2-803635597
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Comme déjà écrit, ce n ‘est pas très malin :
- de relancer une série avec une sombre histoire d’usurpation d’identité
- de faire une couverture avec un pistolet menaçant la tempe du nouveau Ric Hochet ! N’est ce pas l’ancien Ric Hochet de Tibet qui menace cet usurpateur ? ….. A suivre …
L’intérêt d’une couverture est d’intriguer sans trop en montrer. Le thème évoqué (tout comme le personnage de Ric menacé par une arme en couverture) n’est pas nouveau dans la série, comme je l’explique dans cet article.
Album plutôt réussi, mais pourquoi avoir appelé ça Ric Hochet ??? A part pour en vendre of course…
Quel intérêt de reprendre une série pour faire complètement autre chose, voire manquer de respect à la série originelle ? Encore une fois, l’album est bon, l’idée de faire un Ric sixties très pertinente, mais après la lecture, je reste avec un impression désagréable, voire un certain malaise que je n’aurais pas eu si ça avait été les aventures d’Albert Durand…
Mais bon, tant que des crétins comme moi continueront à acheter ces reprises, c’est pas près de s’arrêter !
Il est certain que l’album oscille entre styles parodique et classique, mais André-Paul Duchâteau lui-même est le premier à avoir aimé ce nouvel album. Il en témoigne dans le très complet HS n°15 de dBD sorti voici quelques jours (cf. couverture et sommaire : http://www.dbdmag.fr/dbd/numeros/detail/202.html)
Il est aussi probable que ce premier tome, volontairement dérangeant (ne serait ce que par le traitement du thème du double), ne reflète pas les albums suivants, peut-être plus « classiques » dans le déroulé de l’enquête.