Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...« Weird Science » T2, collectif
Fans de SF, réjouissez-vous haut et fort, le deuxième tome de « Weird Science » vient de paraître chez Akileos qui continue son travail patrimonial d’édition des joyaux d’EC Comics en VF. Un voyage dans le temps toujours aussi épatant, et l’occasion de relire enfin ces pittoresques récits qui ont marqué toute une génération de lecteurs et d’artistes…
Entre 1950 et 1953, 22 numéros de « Weird Science » parurent chez EC Comics, proposant dans chaque numéro 4 récits de SF scénarisés par Bill Gaines et Al Feldstein. Ce deuxième volume français reprend les histoires parues dans les numéros 9 à 15 (la série sera donc entièrement publiée avec le troisième tome à venir). On y retrouve bien évidemment la fine fleur de l’équipe EC, avec notamment Joe Orlando, Jack Kamen, Al Williamson, George Olesen, Sid Check, et le grand Wally Wood qui à cette période est assez omniprésent, dessinant pas moins de 11 histoires sur les 28 de cet album ! À noter la présence de Bill Elder – surtout connu pour ses histoires dans « Mad » – dans un rocambolesque récit de trafic d’organes… Deux tendances se confirment dans ce volume, explorant la science-fiction selon les angles de l’aventure spatiale (qui nous plonge dans des explorations du cosmos où planètes et extra-terrestres offrent leur lot de surprises souvent ironiques et calamiteuses) et de l’expérimentation scientifique bien terrienne (débouchant sur des bizarreries et autres incongruités très angoissantes). Ces deux facettes de la SF se complètent avec bonheur dans un esprit général où la superbe de l’être humain, de son savoir, de sa prétention à contrôler les choses, est fortement mis à mal par des événements factuels qui le dépassent… et l’écrabouillent sans autre forme de procès ! Au-delà du plaisir coupable de lire ces fables pleines de fantaisie et d’invention qui comblent notre appétit du dépaysement, c’est bien à une relativisation sévère de notre niveau d’intelligence que nous convient ces récits, appelant de manière à peine voilée et sarcastique à plus d’humilité et de sagesse de notre part… L’être humain ? Boarf ! Un gros lourdaud qui se croit au-dessus de tout le monde, hautain et orgueilleux, mais qui s’avère bien pathétique…
On ne se lasse pas de parcourir ces histoires qui – même si elles sont écrites selon un canevas général très reconnaissable, à la limite du procédé appliqué ad eternam – ont une puissance et un caractère bien spécifiques que nul ne saurait leur enlever, à l’instar de séries TV comme « The Twilight Zone » (c’est même ce qui fait tout le charme de la chose, les fans retrouvant à chaque fois la quintessence de l’esprit EC avec la même excitation). On notera dans les histoires de ce volume l’importance de la figure féminine qui non seulement apporte une touche de sensualité (voire d’érotisme, surtout dans les récits dessinés pas Wood dont le style glamour engendre une lascivité troublante extrêmement prégnante) mais qui instaure aussi un véritable pan dramatique par la psychologie féminine ou/et la psychologie masculine vis-à-vis du beau sexe. Objet de convoitise ou personnage se jouant de la fatuité des hommes, la femme joue ici un rôle décisif, déterminant dans l’évolution de l’action, menant souvent les mâles à leur perte. Femmes fatales ou victimes, elles sont toujours un fragment essentiel du drame qui est en train de se jouer. On admirera l’art du noir et blanc si cher à EC perdurer dans l’ensemble de ces histoires, inhérent à l’ambiance souhaitée. Les récits dessinés par Wood exhalent le savoir-faire de l’artiste, combinant réalisme et fantaisie… et tout ce que l’on aime chez lui ! De même, l’histoire où officie Al Williamson rappelle fortement l’univers de « Flash Gordon », révélant avec évidence l’amour de cet artiste pour cette série… Bref, c’est encore une fois un véritable laboratoire annonçant les grands dessinateurs américains en devenir auquel nous avons affaire ici, confirmant s’il le fallait l’importance primordiale de ces publications dans l’histoire américaine des comics…
Cecil McKINLEY
« Weird Science » T2, collectif
Éditions Akileos (27,00€) – ISBN : 978-2-3557-4144-9
Bonjour Cecil,
Sait-on pourquoi Akileos pastiche – en plus moche – les couvertures originales pour ces albums ? Un problème de droit ?