« Reconquêtes » T1

Qui peut dire qu’il connait bien les Scythes, ces peuples nomades indo-européens qui ont vécu bien avant Jésus-Christ et qui sont évoqués par les écrits grecs et les traces archéologiques ? Ces archers belliqueux ont pourtant inlassablement parcouru les steppes de l’Asie centrale et les côtes de la Mer noire, mais ils avaient rarement galopé dans les cases de BD. C’est chose faite avec  » Reconquêtes  » !…

Et les Hittites ? Que savons-nous, en règle générale, des Hittites, dont la civilisation florissante perdure jusqu’au 8ème siècle avant JC ? Autant les premiers sont barbares, autant les seconds sont réputés tolérants. Parce que la fin de l’empire hittite est obscure, les auteurs de  » Reconquêtes  » ont justement associé la disparition des uns par la puissance des autres. Leur série s’ouvre en effet sur la conquête, par les Hittites, de la ville d’Urar, première étape d’une guerre sanglante qui va provoquer la furie de la Horde des Vivants, redoutable alliance entre plusieurs peuples scythes. Pour compliquer le tout, les Babyloniens envoient une jeune femme scribe, Thusia, dont la mission reste mystérieuse…

Malgré toutes ces références, le travail des auteurs est loin d’être historique : ils ont décidé qu’avec ces temps immémoriaux (c’est de début de l’Antiquité), on pouvait nourrir les récits de peuples et d’animaux légendaires. Ainsi l’ombre des Atlantes plane-t-elle sans retenue sur des animaux plutôt préhistoriques, tandis que certains êtres ont des pouvoirs (Thusia ne commande-t-elle pas les animaux ?). Cette « reconquête » mythologique de l’histoire s’offre ainsi toutes les violences et toutes les barbaries, toutes les libertés et toutes les licences, si l’on en en juge par l’abondance de femmes nues, reflet d’une vision fantasmée (et indéniablement masculine) de ces peuples qui n’a d’égal que le goût de combats spectaculaires. Autrement dit, la grande Histoire s’y soumet aux caprices des auteurs qui réussissent un album haut en couleurs, dessiné d’un trait précis. « l’Histoire est bel et bien perceptible, dixit le dessinateur, elle demeure une toile sur laquelle nous peignons les rôles de ceux qui vivent à l’avant-plan cette épopée barbare. Car il s’agit bien de barbares : Scythes, Cimmériens et Sarmates, unis malgré leurs dissensions pour reconstituer laHorde des Vivants, pour que revive cette véritable cité roulante qui portait jadis la guerre, la mort et la destruction aux quatre vents de la steppe eurasienne ». (Blog de Miville-Deschènes).

Bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)

 » Reconquêtes  » T1 ( » La Horde des vivants) par François Miville-Deschênes et Sylvain Runberg
Éditions Le Lombard (13,95 €)

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3 réponses à « Reconquêtes » T1

  1. Sylvain Runberg dit :

    Bonjour,

    Une précision sur votre (élogieux) article. Les femmes ne sont pas plus dénudées que les hommes dans notre récit, regardez bien. Si nous avons pris nos liberté avec l’Histoire, La semi-nudité (poitrines nues, masculines ou féminines) ou la nudité complète étaient en revanche choses courantes en ces époques où le christianisme n’allait faire son apparition que bien des siècles plus tard.

    Cordialement,

    Sylvain Runberg

    • Anonyme dit :

      Merci, Sylvain, pour cette précision.
      Je faisais à travers ma remarque un constat plutôt qu’une critique et j’aurais dû préciser qu’elles sont fort bien dessinées, toutes ces femmes aux plastiques irréprochables. Mon commentaire prouve aussi que ces visions féminines, eu égard à leur perfection, ne laissent pas indifférents les lecteurs. Pourquoi s’en plaindrait-on ?!
      Bonne chance à votre série. Didier

      • Sylvain Runberg dit :

        Merci Didier. Je voulais préciser ce point là, parce qu’on s’était posé la question au départ. Effectivement, ces peuples avaient un rapport au corps qui n’était pas forcément le notre, mais montrer des personnages guerriers dénudés, féminins, notamment, aurait pu nous associer avec une production qui montre des jolies femmes et leurs poitrines sous des prétextes fallacieux, ce qui n’est absolument pas notre propos. En même temps, on ne voulait pas se censurer non plus. J’imagine qu’il suffit de lire l’histoire pour se rendre compte de notre démarche. Et puis pour celles et ceux qui aiment la morphologie, effectivement, il y en a pour tous les goûts, hommes ou femmes :)

        Sylvain Runberg

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