Vie et morts du super-héros

Les héros ne meurent jamais, malgré les différents décès que peuvent leur faire subir leurs auteurs pour mieux les ressusciter ensuite, ad eternam. C’est loin d’être nouveau, surtout en matière de comics, et même le fait de réagir contre ce procédé (qui à force d’être tiré jusqu’à la corde finit par blaser et excéder tout le monde ou presque) n’est plus exceptionnel. Nous avons encore une fois affaire à ce petit jeu du « je meurs mais je reviens » ce mois-ci en France avec la sortie simultanée de « Original Sin » #2 et « Spider-Man » #1 dans les kiosques, qui contre toute attente pourraient changer la donne…

Le héros qui ne meurt jamais, qui ressurgit là où il aurait dû disparaître pour toujours, est un éternel retour qui définit justement le statut du héros vis-à-vis des autres personnages. Un vieux procédé qui est constitutif du suspense narratif, mais qui à force d’être trop utilisé peut aussi aplanir la chose et enlever tout poids au drame par son côté répétitif : à quoi bon vibrer et trembler face à la mort d’un héros, puisque celui-ci va de toute façon finir par renaître par tel ou tel truchement ? Que ce soit chez DC ou Marvel, le phénomène s’est accéléré durant les dernières décennies. Ce qui était encore un tabou jusque dans les années 80 (le cas du Phénix Noir et de la mort de Jean Grey fut un cataclysme ouvrant une nouvelle ère, faisant jurisprudence sur le contrôle des scénarios). De Superman à Captain America, on ne compte plus les « fausses morts » parmi les encapés chez les deux majors, quitte à lasser. « Original Sin » #2 et « Spider-Man » #1 sont des miroirs de ce phénomène, même s’ils semblent un peu différents que les tragédies précédentes ; des différences qui pourraient bien donner une nouvelle dimension au procédé. En effet, le retour à la vie de Peter Parker, après avoir été remplacé par le Dr Octopus durant l’ère « Superior Spider-Man », ne se fait pas selon le même schéma que la plupart des précédents. Parker ne retrouve pas le contexte de vie qui lui est propre, puisqu’il doit gérer ce qu’Octopus a établi à sa place durant son absence. Il ne s’agit donc pas d’un simple retour, mais d’un repositionnement des valeurs au sein de l’univers de Spider-Man, et si les auteurs sont talentueux, cela ouvre des champs scénaristiques assez intéressants, insufflant d’inévitables bifurcations dans l’évolution du personnage. Ensuite, dans « Original Sin », c’est à la mort d’un personnage très particulier de l’univers Marvel à laquelle nous sommes confrontés : Uatu, le Gardien. Assassiner Uatu, ce n’est pas rien. C’est un peu la conscience de l’univers Marvel, dépositaire de la mémoire humaine et surhumaine. Avec sa mort, ce sont tous les secrets et connaissances de cet univers qui risquent d’être dévoilés ou détruits, ou utilisés à de mauvaises fins. Là aussi, scénaristiquement, cela ouvre des chemins qui pourraient enrichir l’univers Marvel et profondément changer la vision que nous en avons. Attendons un peu de voir où tout ça nous mène, si le potentiel de ces séries est traité avec le talent nécessaire et le courage éditorial souhaité, car il semblerait bien que ces deux « morts » (dont l’un est déjà revenu) soient les déclencheurs de quelque chose d’intéressant, qui trancherait avec les structures narratives antérieures. Wait and see

Cecil McKINLEY

« Original Sin » 2/4 par Mike Deodato Jr et Jason Aaron

Panini Comics (4,10€) – ISBN : 978-2-8094-4840-5

« Spider-Man » 1, collectif

Panini Comics (4,80€) – ISBN : 978-2-8094-4900-6

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Une réponse à Vie et morts du super-héros

  1. JC LEBOURDAIS dit :

    C’était la minute philosophique :)

Répondre à JC LEBOURDAIS Annuler la réponse.

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