« Cases blanches » par Olivier Martin et Sylvain Runberg

Alors que l’on parle de plus en plus de la situation préoccupante des auteurs de bandes dessinées (voir, par exemple, 2014 : l’année des contradictions), le scénariste Sylvain Runberg, lui, nous parle des problèmes de création tout en développant son nouveau thriller sociologique dans le monde de plus en plus industrialisé du 9e art : son héros, un dessinateur de BD, a perdu sa motivation pour dessiner le tome 2 de ce qui s’annonçait, pourtant, comme une série à succès ; et la pression exercée par l’impatience grandissante de son scénariste, mais aussi par les besoins des salariés de sa maison d’édition qui connaît des revers financiers, par les commerciaux, les représentants, les libraires, les lecteurs… n’arrange rien à l’affaire.

Pour illustrer cette visite guidée des coulisses de l’édition de notre medium préféré, Sylvain Runberg a recours à Olivier Martin,son complice de « Face cachée » (publié chez Futuropolis à partir de 2010), dont le style graphique, relevé au fur et mesure du récit par d’aussi élégantes que discrètes touches de couleurs, est totalement en adéquation avec le récit : entre roman graphique et mainstream. Capable de tout dessiner, ce polymorphe Angevin multiplie aussi les clins d’œil aux auteurs réels, comme les scénaristes Kris, Sylvain Ricard et Jean-David Morvan ou les dessinateurs Emmanuel Lepage et… Olivier Martin, participant alors au festival Quai des bulles de Saint-Malo…

Le tome 1 du « Sentier des ombres », série d’heroic-fantasy publiée aux éditions Rivages, cartonne en librairie. Pourtant, au départ, le dessinateur Vincent Marbier n’y croyait pas du tout. Pas franchement emballé par le projet du scénariste Olivier Moral, il ne l’a accepté que pour payer les factures du quotidien. Or, quand cet homme en proie aux doutes se retrouve face au succès, il est bloqué et n’arrive pas à prendre la décision d’arrêter ; d’autant plus qu’il est aussi complètement paumé dans sa vie privée, car il vient de se séparer de sa compagne…

Au final, un one-shot absolument pas manichéen de plus de quatre-vingts pages, habilement narré et mis en images, qui sait mettre en lumière les faces cachées d’un métier précaire et de toute la chaîne de l’édition BD.

Gilles RATIER

« Cases blanches » par Olivier Martin et Sylvain Runberg

Éditions Grand Angle (16 €) – ISBN : 978-2-8189-3165-3

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>