« Black Joke » T1 par Koike et Taguchi

 » Black Joke « , comme son titre le souligne, est une grosse blague : un manga bien lourd, accumulant les clichés, à qui le terme bourrin peut parfaitement convenir. Si vous êtes amateur des films avec Jacky Chan ou Chuck Norris et de la série des  » Fast and furious « , vous adorerez ce déchaînement surréaliste.


La mafia règne en maîtresse sur cette île ou la violence est reine© Koike et Taguchi – Akita Publishing-Ankama

 » Black Joke  » ne ressemble pas aux mangas habituellement édités en France. C’est assurément le genre de titre qui peut donner une mauvaise image de la BD à cause de sa violence et de son mauvais goût. Mais quand on y regarde de plus près, tout ceci n’est qu’une exagération de stéréotype. Tout est excessif et totalement irréaliste, à commencer par l’histoire : le Japon est devenu le cinquante et unième état des États-Unis d’Amérique. Du coup, tout ce qui se rapporte aux jeux d’argent, à la drogue et à la prostitution est prohibé. Sauf sur une île artificielle, le Néon Island où la mafia fait régner la terreur entre deux parties de poker. Comme à Las Vegas, les casinos sont tout rassemblés sur cette zone de non-droit. Kiyoshi Kira est gérant de l’un de ces casinos et il est secondé par une grosse brute en la personne de Kodama. Chargé de surveiller la bonne marche de son établissement, on lui confit également les basses besognes ; ce qui finit forcément dans un bain de sang. Les histoires sont tellement surréalistes qu’il est impossible de les résumer sans trahir le concept des auteurs. Le scénario est particulièrement bien mené et mis en valeur par les dessins de Masayuki Taguchi.


La mise en page de ce manga est riche et les dessins soignés.© Koike et Taguchi – Akita Publishing-Ankama

Loin de ce qui se fait traditionnellement en mangas, les différentes pages de ce recueil sont denses, avec en moyenne 5 à 10 cases par planche. Une édition en plus grand format n’aurait donc pas été superflue, sachant que l’auteur n’abuse pas des gros plans, mais privilégie les personnages en pied. Chaque protagoniste est particulièrement typé et abuse une nouvelle fois des clichés, que ce soit sur les ethnies ou au niveau de la morphologie. Les femmes sont sensuelles, les patrons bedonnants, les mafieux entourés de brutes épaisses, les Italiens machos et arrogants, etc. Le tout avec une maîtrise de la plume et un souci du détail, que ce soit dans les visages, les vêtements, les armes, les véhicules ou les décors : rien n’est laissé au hasard.



Il ne fait pas bon défier la mafia locale, pour souligner cet état de fait, les auteurs n’hésitent pas à en faire trop et offrir du grand spectacle aux lecteurs © Koike et Taguchi – Akita Publishing-Ankama

Même si ce manga est en noir et blanc, il est ombré par informatique, contrairement à ce qui se fait habituellement dans la profession où l’utilisation de trame à gros point est un standard. Cela donne quelque chose qui s’éloigne encore plus du manga traditionnel et qui renforce le côté caricatural des dessins. Là aussi, l’auteur ne s’est pas contenté de remplir les zones d’ombre, il renforce les détails du dessin, soulignant chaque forme par petites touches de dégradés réalistes.


Belles voitures, dérapage, crash, si « - Black Joke  » était un film, il coûterait des millions de dollars. © Koike et Taguchi – Akita Publishing-Ankama

Il n’y a aucun message à chercher dans cette histoire, pas de sens profond ou de réflexion sur notre monde.  » Black Joke  » est à prendre comme un divertissement sans autre prétention que de faire passer un bon moment : à la fois de lecture (les histoires étant extrêmement bien ficelées)et de contemplation (grâce à des dessins particulièrement léchés). N’est-ce pas aussi le rôle d’une bande dessinée, de nous amener à la détente et à se décontracter ?

Gwenaël JACQUET

 » Black Joke  » T1 par Rintaro Koike et Masayuki Taguchi
Éditions Ankama (6,95 €)

ISBN 9782359101638

Galerie

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