« Hellboy » T11 par Mike Mignola & Co

Le dernier volume en date de « Hellboy » est un très bon cru, avec la présence de l’immense Richard Corben, mais aussi de l’excellent Jason Shawn Alexander? sans oublier le maître lui-même qui revient ici au dessin.

Hellboy, Mignola, Corben… Voilà un trio qui donne envie… et qui ne déçoit pas ! En effet, « L’Homme tordu » (l’histoire qui inaugure l’album et qui lui a donné son titre) n’a pas volé son Eisner Award de la meilleure série limitée en 2009, Corben ayant magnifiquement mis en images le récit de sorcellerie que Mignola avait spécialement imaginé pour lui. Comme le dit l’auteur dans son texte d’intro, très peu d’histoires de « Hellboy » se déroulent aux États-Unis, et pratiquement aucune n’avait exploré spécifiquement le folklore de son pays, là où dans des coins reculés de Virginie, par exemple, le diable se rit toujours de pauvres hères superstitieux. On sent que Mignola a pris un plaisir certain à écrire cette histoire à la Hawthorne basculant petit à petit dans le folklore satanique de la région. Et qui mieux que Corben pouvait donner corps au diable avec autant de puissance, sans verser dans le cliché, inventif dans l’hommage qu’il rend aux contes noirs flirtant avec Poe et les anciennes chansons des premiers pionniers ? Ses dessins sont sublimes, exprimant redoutablement bien les ambiances inquiétantes s’extirpant de masures perdues dans des recoins de forêts sombres, idéaux quant à l’émergence des signes surnaturels qui vont se déployer là où presque plus personne ne vit. Un Corben qui heureusement ne cabote pas et va au-delà de ses systèmes pour retrouver une inventivité et une expression artistique à la fois libre et ciselée selon des archétypes bien connus des amateurs d’horreur.
Le deuxième récit, se penchant sur le personnage de Barbe Bleue, est remarquable sur plusieurs points. En effet, il n’avait été édité par Dark Horse qu’en tant que bonus d’un jeu vidéo, et était donc assez rare à se procurer. Un quasi-inédit qui vaut aussi par la nature du dessinateur, Jason Shawn Alexander, celui qui allait œuvrer sur le spin-off « Abe Sapien ». J’ai déjà dit tout le bien que je pense de cet artiste, et réitère sans aucune hésitation : Alexander est l’un des meilleurs artistes du moment. Cette histoire de Barbe Bleue avait en fait été le coup d’essai d’Alexander pour se faire la main sur le personnage d’Abe avant de s’embarquer sur la série. Un coup d’essai et un coup de maître, puisque son style réaliste, sombre, empreint de matières et de contrastes rugueux au sein d’une ligne fine et délicate est définitivement admirable.
La troisième histoire se déroule au Portugal, Hellboy venant sur les traces d’un peintre devenu fou à force de plagier Goya dans ses peintures. Cette histoire marque aussi le retour de Mignola au dessin sur la série, démontrant qu’il n’a rien perdu de sa force graphique. Enfin, le court récit dessiné par Duncan Fegredo, plus anecdotique, est l’occasion de compléter la mythologie hellboyenne par de petits éléments fantasmatiques libres très agréables à lire. L’album se clôt sur un dossier assez chouette où l’on retrouvera les croquis, recherches, couvertures des artistes au programme. Bref, un « Hellboy » qui ravira les fans et même les autres…

Cecil McKINLEY

« Hellboy » T11 (« L’Homme tordu ») par Mike Mignola, Richard Corben, Jason Shawn Alexander et Duncan Fegredo
Éditions Delcourt (14,95€)

Galerie

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