« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« Vertiges de Quito » par Didier Tronchet

Quito, capitale de l’Équateur. L’Équateur qui ceinture le monde a donc sa capitale !? Comme le dit Tronchet, en préambule : « Personne ne sait vraiment situer ce petit état, grand comme la moitié de la France ». Alors, comme il y a vécu trois ans, il a décidé de nous le faire découvrir…
Cette ville « insensée » est une ville au bord du vide, au bord du gouffre, peut-être. Tronchet commence par nous faire découvrir le quartier où il habitait et cette rue / route qui dégringole les 2 800 mètres jusqu’à la forêt, une rue qui, de lacet en lacet, révèle son peuple, ses traditions, ses points de vue, ses points de chute, ses faits divers (quelquefois dramatiques), une rue haute en couleurs et haute tout court, une rue qu’on a très vite envie de prendre soi-même pour aller à la rencontre des Quiténiens (habitants de Quito), des citadins du haut jusqu’à ceux d’en bas, ceux de la jungle qui vivent à flanc de montagne « à deux pas des Champs Elysées de Quito » !
Tronchet raconte aussi son séjour dans la forêt amazonienne en compagnie de sa femme, Anne Sibran, qui parle quechua (on se rappelle l’étourdissant « La Terre sans mal » qu’elle a scénarisé pour Emmanuel Lepage) et de son fils, de l’atterrissage homérique à la rencontre des Sarayakus, des Indiens (pardon, des Indigènes !) dont le territoire est terriblement convoité par de compagnies pétrolières.
Impossible aussi de ne pas être fasciné par le désert de sel du Salar (« le Salar de la peur », comme il dit !), en Bolivie, des centaines de kilomètres carrés d’un lieu extraordinaire et inquiétant, un ancien lac salé miroitant à 3 600 mètres d’altitude au sein duquel émerge un ilot colonisé par des centaines de cactus candélabres géants. Fabuleux !
Ce carnet de voyage, ou plutôt de séjour, est l’occasion de découvrir ce petit pays et d’apprécier la capacité de Didier Tronchet à nous immerger, à nous sensibiliser, à nous séduire. Son trait caricatural et ses couleurs quelquefois violentes font merveille et l’on regrette que le reportage, à la fois tendre et attentif, quelquefois drôle, quelquefois poétique, ne soit pas plus long, ce qui est envisageable cependant en lisant le livre éponyme aux éditions de la Table Ronde (sans parler de l’ouvrage d’Anne Sibran sur les mines de Potosi, « Dans la montagne d’argent », aux éditions Grasset).
Ces récits, prépubliés dans la revue XXI, constituent donc une incontestable invitation à voyager et, contrairement à ce que prétend Patrick de Saint-Exupéry en préface, on n’est pas déçus. Impossible ! C’est vivant, près des gens, quotidien et observateur… Ce qu’on appelle voyager !
Alors, bon voyage.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook) : http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Vertiges de Quito» par Didier Tronchet
Éditions Futuropolis (18, 50 €) – ISBN : 978-2-7548-1137-8