Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
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Ça y est ! C’est enfin rentré dans leurs p’tites têtes ! Après Spider-Man, Fantastic Four, The Avengers, les X-Men, Iron Man, Thor ou plus récemment Captain America (Hulk restant le grand perdant de l’histoire, son Intégrale originelle ayant été avortée après un seul et unique album), Panini Comics s’est enfin décidé à commencer à publier une Intégrale des épisodes du Silver Age de « Daredevil » ! Ouf ! On a failli attendre !
Lorsqu’on évoque des débuts de « Daredevil », on parle souvent d’une série ayant eu du mal à démarrer et à s’affirmer, entre autres parce qu’elle n’a pas bénéficié de l’aura d’un dessinateur attitré, l’équipe artistique se cherchant encore alors que le train était déjà en marche (et l’introduction de cette Intégrale ne dit pas autre chose). Si l’idée de départ de Stan Lee est excellente, on sent effectivement en relisant ces histoires fondatrices que le personnage lui-même n’a pas été défini avec précision en amont, son costume subissant par exemple trois transformations le temps des cinq premiers épisodes (avec des variantes supplémentaires pas toujours très inspirées, comme ce pochon sur les épaules contenant les habits de ville de Murdock, chaussures comprises !). Mais si « Daredevil » n’a pas été lancé en fanfare sous l’égide d’un des deux fameux duos du renouveau Marvel (Lee/Kirby ou Lee/Ditko), on ne peut néanmoins pas parler d’errance ou de série sans aucune qualité à cause de ses changements précoces et successifs de dessinateurs, bien au contraire… Car mine de rien, le casting de cette dizaine d’épisodes originels s’avère prestigieux, directement issu du Golden Age, avec des figures telles que Bill Everett, Joe Orlando, Bob Powell ou Wally Wood qui commencèrent leurs carrières à la fin des années 30 et 40.
Avoir Bill Everett comme dessinateur du premier épisode de « Daredevil » n’est pas anodin ! Avec lui, c’est la légende des pionniers de Marvel qui refait surface, le créateur du Sub-Mariner ayant figuré dans le mythique Marvel Comics #1 d’octobre 1939… Il ne dessinera malgré tout que le premier épisode de la série, passant le relais à Joe Orlando qui réalisera trois épisodes. Si Everett – on le sent – a essayé de s’adapter au style Kirby de l’époque, proposant un trait clair et dynamique prompt à ravir les fans de la culture pop, Orlando a en revanche distillé une esthétique encore très ancrée dans le Golden Age, donnant des airs résolument « pulp » à la série (et c’est ce qui fait tout le charme de ces épisodes que j’aime particulièrement). Le style d’Orlando est beaucoup plus réaliste et sombre, les traits sont moins lisses et souples, au bénéfice d’une profondeur engendrée par des jeux de hachures efficaces et une expressivité venant de la puissance des rictus et des regards des méchants, souvent par le biais de gros plans dramatiques. Il y a indubitablement un esprit polar et une atmosphère de récit noir, dans ce « Daredevil » d’Orlando, préfigurant finalement ce à quoi allaient revenir les forgeurs de l’âge adulte de ce super-héros, plongeant dans la noirceur d’un contexte urbain criminel après une période plus « lumineuse ». Ces épisodes où l’on retrouve Electro et qui introduisent Le Hibou et Killgrave alias L’Homme Pourpre sont tout à fait réussis, nous offrant de beaux moments de lecture.
Puis vient évidemment le grand Wally Wood, avec son style bien plus glamour… Son passage sur la série fut aussi court qu’il allait devenir mythique, avec seulement quatre épisodes « pur jus » avant d’en coréaliser trois avec Bob Powell… Des épisodes réalisés par Wood, l’histoire a surtout retenu le fameux « Daredevil » #7 où notre super-héros aveugle – portant son costume rouge pour la première fois – affronte Namor. On appréciera particulièrement les regards féminins dessinés par Wood qui apportent leur pierre à la dimension glamour qu’il a insufflée dans ces pages. L’arrivée de Bob Powell aux côtés de Wood engendre une atmosphère un peu plus étrange et sombre, avec notamment la première apparition des improbables Ani-Men. Cette Intégrale des épisodes de « Daredevil » du Silver Age est bien sûr complètement indispensable à tout fan de comics et de super-héros Marvel qui se respecte, un manque certain qui vient d’être comblé et qui par conséquent comblera aussi les fans de DD. Petit reproche à cet album (outre ces recolorisations modernes qui décidément n’apportent rien et frôlent le ridicule ou la mocheté), la galerie des couvertures originales totalement polluée visuellement par un arrière-plan reprenant la tête de DD en silhouette rouge, d’où des chevauchements, des vibrations colorées et des flous dans les délimitations qui empêchent d’admirer pleinement ces belles images. Mais bon… l’important, c’est d’avoir enfin la possibilité de lire ou de relire ces récits originels qui appartiennent maintenant à l’histoire ! On attend le prochain volume avec gourmandise…
Cecil McKINLEY
« Daredevil : l’intégrale 1964-1965 » par Stan Lee & co
Panini Comics (29,95€) – ISBN : 978-2-8094-3892-5
Ce volume parait évidemment au moment opportun pour surfer sur la série Netflix qui arrive à la rentrée, bien vu
Bonsoir Cecil et JC!
Il était en effet plus que temps que panini ne se décide enfin (car l’attente a été longue) à rééditer les premiers épisodes de cette série mythique, présente dès le premier numéro de Strange. Si les Silver Surfer et les X-Men ont été réédités à maintes reprises (par Lug ou ses suiveurs), les Iron Man ont du longtemps attendre le privilège d’une Intégrale qui démarrait par la reprise des petits épisodes de dix pages publiés chez nous par Arédit en noir et blanc petit format. Mais ce pauvre Daredevil n’avait jusqu’ici jamais eu droit à une reprise digne de ce nom, et les collectionneurs étaient condamnés à se ruiner pour acheter les Strange petit format de l’époque, s’ils ne pratiquaient pas l’anglais (un sérieux handicap quand on aime les comics!). C’est donc enfin l’occasion pour ceux qui ne lisent pas l’anglais de lire ces épisodes historiques et peu connus chez nous. Bientôt (sous-entendu: si panini décide de continuer cette collection…), ce sera évidemment les épisodes dessinés par John Romita Senior, et juste après par l’immense Gene Colan qui imprimera une marque définitive à ce personnage attachant.
Bonsoir Michel,
Merci de votre commentaire. Oui, on attend avec impatience les épisodes de la période Colan où celui-ci a excellé, vraiment! C’était souvent de toute beauté, d’une très belle noirceur expressive… De toute façon, de vous à moi, là , comme ça, on le sait, non? Gene Colan was a great great great artist..!
Amitiés,
Cecil
Bien vu Panini! voilà un éditeur qui n’avance pas à l’aveuglette!
Cher Raymond, vous reconnaitrez qu’il vaut mieux parfois avancer en regardant dans le rétroviseur des années 1964-1965 qu’avancer à l’aveuglette en publiant toutes les nouveautés sorties aux States le mois dernier. Il existe je crois un abonnement qui permet de lire tous les titres Marvel US sur tablette pour un prix dérisoire…
Bonjour Cécil
Tout d’abord si je poste trop peu sur le site que je regarde toujours très régulièrement je tiens à vous dire que je lit vos chroniques toujours avec la même passion.
Je précise aussi que cela fait un moment que je ne lis plus les nouveautés Marvel, me désinteressant totalement de cette masse de publications et d’ »events » publiés d’une manière totalement anarchique par Marvel. De plus la crise de la presse a fait que ma libraire de quartier a fermé (les gens lisent les journaux en piratant sur le net) et le Monoprix du coin de la rue a supprimé les revues de super héros tout comme le Carrefour du quartier qui ne garde que les Urban comics… J’ai toujours l’impression que Panini tente de fourguer les mêmes séries ou events sous toutes les formes que ce soit.
J’ai apprécié le film Captain America 2 une très bonne surprise; c’est déjà cela…
Effectivement, à l’instar de ce qu’un de vos lecteurs a finement remarqué, Daredevil va débarquer sur Netflix bientôt et Daredevil risque de redevenir à la mode, bien que ce soit une des rares séries Marvel a avoir été très régulièrement intéressant.
Donc conséquence heureuse Panini décide d’éditer les 11 premiers épisodes de Daredevil enfin en couleurs. C’est donc la dernière grande série du Golden Age Marvel a être éditée sans que l’on sache pourquoi il a fallu attendre si longtemps. Sans doute le fait d’avoir toujours insisté sur la période Miller (faudra peut être un jour passer à autre chose) éditée, rééditée et archi rééditée.
En dehors du premier épisode très connu le volume présente enfin les épisodes magnifiques de Wallace Wood qui obtient enfin un écrin digne de son travail. Oui Wallace Wood artiste lent et minutieux peaufine ses planches afin d’offrir un très régulier et classieux réhaussé par un encrage de qualité, car Wally Wood était aussi un encreur hors catégorie.Il suffit d’admirer la première planche du célèbre épisode 7 avec Submariner. Voilà rien que pour cela ce volume mérite l’achat. Les histoires certes un peu naïves introduisent des vilains qui se retrouveront régulièrement dans les 100 premiers épisodes de la série: Le Hibou, L’homme pourpre, Les Animen….Bref un volume indispensable en attendant le second avec John Romita Sr et bien sur un ou deux Gene Colan…
Bref, la meilleure intégrale depuis celle des XMEN 1968-69…