« Vincent et Van Gogh » T2

Après la visite onirique, guidée par Toulouse-Lautrec, du Montmartre de la Belle Epoque (« Le Cabaret des muses », en quatre tomes parus également aux éditions Delcourt), le peintre d’origine yougoslave Gradimir Smudja revient à un autre de ses artistes favoris qu’il avait déjà évoqué dans le premier tome de « Vincent et Van Gogh », en 2003.

Cette fois-ci, Van Gogh (Théodore de son prénom), amateur d’art et peintre amateur, qui est – de l’avis des experts – totalement nul, et le chat de gouttière Vincent, vraie fripouille et coureur de jupons invétéré, mais peintre exceptionnel car véritable auteur des tableaux du maître, sont ressuscités suite à un violent orage. De retour sur Terre, sous la forme de fantômes qui ont le pouvoir d’entrer dans les toiles les plus célèbres, ils découvrent, à leur grande surprise, que la gare d’Orsay est devenue un musée !!! Alors que leurs tableaux signés Van Gogh se vendent à des sommes astronomiques, ils vont voyager dans le temps à la rencontre de Picasso, d’Hitchcock et de plagiaires qui reproduisent leurs peintures à tire-larigot !

Smudja sait parfaitement restituer l’atmosphère picturale de ses maîtres et s’amuse énormément à les pasticher : un exercice de style qui se veut avant tout un hymne à la liberté de création car cela fait bien longtemps que l’auteur a renoncé à nous donner à lire une histoire construite de façon classique ! Il préfère laisser libre cours à son trait et à ses couleurs, lesquels baignent dans un surréalisme de bon aloi… Il faut savoir aussi que Gradimir est un véritable peintre : né en ex-Yougoslavie, il a émigré très vite vers la Suisse où il a travaillé pour un galeriste en reproduisant, à l’identique, les toiles des grands peintres impressionnistes : d’où, d’ailleurs, son style assez ampoulé et le fait que son dessin soit un enchantement pour les yeux !

Oui, bien sûr, ses récits parodiques, un brin dadaïstes et un peu fous, ne sont pas toujours très accessibles à ceux qui préfèrent un humour plus cartésien ; mais ses histoires aussi illogiques que démystifiantes ou réjouissantes, ainsi que ses obsessions pour les artistes de la fin du XIXème siècle, ne pourront qu’obtenir toute leur sympathie et leur admiration : à condition qu’ils fassent l’effort de mettre, un peu, leur stoïcisme de côté !

Gilles RATIER

«Vincent et Van Gogh» T2 («Trois lunes») par Gradimir Smudja
Éditions Delcourt (13,50 Euros)

Galerie

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