Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
Lire la suite...« Le Temps perdu » par Vink et Rodolphe

Revenant d’un salon de BD épuisant, un jeune dessinateur, qui sort rarement de chez lui, sent la fatigue prendre le dessus. Il préfère alors s’arrêter dans un petit hôtel pour y passer la nuit. Dans sa chambre, il est étrangement fasciné par une gravure accrochée au mur… Représentant un bûcheron, elle lui laisse une impression de déjà-vu. Il s’approche pour la regarder plus attentivement et il bascule à l’intérieur du dessin, la scène représentée prenant vie autour de lui. Il découvre alors un univers fantasque, aussi insolite que bizarroïde…, mais qui lui semble toujours, finalement, totalement familier.
La belle hôtesse n’étant pas insensible à son charme, d’autres séjours au même hôtel, mais dans d’autres chambres avec d’autres gravures, vont lui permettre de poursuivre ses curieux voyages, entre imaginaire et réalité.
Explorant les mondes du conscient et de l’inconscient, ce beau récit sensible et onirique nous propose une fantastique aventure initiatique, comme sait les raconter le scénariste Rodolphe ; voir, par exemple, son très beau « L’Autre monde » avec Florence Magnin (« L’Autre monde : cycle II » T1) ou son récent étrange one-shot chez Mosquito (« Markheim » par Philippe Marcelé et Rodolphe).
Sorte de psychanalyse féerique et apaisante, où l’auteur semble replonger dans son passé pour revenir sur certains traumatismes de l’enfance, cette promenade poétique et délicieusement absurde est sublimée par le graphisme très pictural de Vink, lequel bénéficie de la colorisation douce et lumineuse de sa compagne Cine. Le dessinateur du « Moine fou » y fait preuve de tout son talent et réussit, avec cette histoire hors lieu et hors temps, à sortir aisément de cette étiquette de peintre orientaliste qui lui collait, peut-être, un peu trop à la peau.
Et ce n’est pas le magnifique cahier graphique, à la fin et en bonus de ce bel album fort bien imprimé et maquetté (comme toutes les autres réalisations du galeriste Daniel Maghen), qui pourra nous démentir…
Gilles RATIER
« Le Temps perdu » par Vink et Rodolphe
Merci Gilles.
A vrai dire j’aime la peinture orientaliste qui est une petite partie de la peinture réaliste occidentale. Et c’est celle-ci, la peinture réaliste, que j’adore par-dessus tout. D’ailleurs j’ai décidé de faire une pause de durée indéterminée pour me consacrer exclusivement à la peinture ( à l’huile ) et à l’illustration.
A défaut de pouvoir découvrir d’autres nouveautés de Vink dans les années qui viennent, il serait grandement souhaitable qu’un éditeur (Dargaud ?) se résolve à rééditer UNE LUCIOLE DANS LA VILLE, un livre qui m’avait beaucoup touché au moment de sa parution en 1989.