Commémoration : la Grande Guerre en bande dessinée !

En cette année de célébration du centenaire de la guerre de 14-18, tout est bon pour évoquer ce qui fut le plus effroyable conflit du XXe siècle… Même la BD ! Le magazine Beaux Arts s’y colle le premier avec un hors-série, plutôt bien fait, qui alterne articles intéressants et reprises des meilleures bandes consacrées à la Grande Guerre (soixante planches en tout !) : celles de Jacques Tardi en tête, mais pas que… puisqu’on y trouve aussi des extraits des « Pieds nickelés » par Louis Forton, de « Notre mère la guerre » par Maël et Kris, de « Paroles de poilu » par Cyril Pedrosa ou de « L’Homme de l’année : 1917 » de Mr Fab, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval.

Sous la rédaction en chef de l’avisé Vincent Bernière, cet opus de cent cinquante pages rassemble donc aussi des textes sur ce sujet certes pas très gai, mais qui s’avèrent bien documentés (nos petites remarques sur les premiers hors-série dirigés par Bernière ont donc porté leurs fruits, et c’est tant mieux) car signés, la plupart du temps, par des amateurs spécialistes confirmés du 9e art ou de l’histoire en général : comme les intervenants au Festival d’Angoulême que sont Stéphane Beaujean et Nicolas Finet (interviews exclusives de Tardi, de Joe Sacco et de Pat Mills pour sa « Grande Guerre de Charlie » exhumée chez Delirium, ou encore de l’historien Jean-Pierre Verney), le conseiller scientifique Vincent Marie (avec une passionnante confrontation entre les représentations de la grande guerre par Manuele Fior, Dino Battaglia, Manu Larcenet, Enrique Breccia, Denis Deprez, Igor Kordey, David B., David Vandermeulen, Catel et Christian de Metter ou Sergio Toppi avec l’avis pointu de l’historien,ainsi qu’avec les correspondances graphiques trouvées dans les bandes dessinées de Jean-Yves Delitte, Marc Malès, Philippe Glogowski, Francis Carin et Michel Pierret), le passionné Maël Rannou qui évoque l’illustrateur de guerre Gus Bofa ou le soldat inconnu dans la bande dessinée, le littéraire Jean-Pierre Guéno qui nous fait découvrir un brigadier auteur de BD méconnu (Léon Pénet), l’historien de la culture Pascal Ory qui reprend les meilleurs extraits d’une table ronde qu’il avait animée aux Rendez-vous de l’histoire de Blois avec Fabien Nury, Jul, Kris et Maël (illustrations et caricatures fort réussies dues à Erwan Terrier) ou encore notre collaborateur Philippe Tomblaine qui décortique, avec son talent habituel, le travail d’Olivier Ormière et de Stéphane Antoni sur « Le Temps du rêve » (voir aussi « Le Temps du rêve » T1 et T2 par Olivier Ormière et Stéphane Antoni)…

Le tout assorti d’une judicieuse bédéthèque idéale sur le sujet : bref, du vraiment bon boulot !

Gilles RATIER

(1) En fait, le thème avait déjà été largement débroussaillé dans l’excellent ouvrage « 14-18 dans la bande dessinée : images de la Grande Guerre de Forton à Tardi » par Bruno Denéchère et Luc Révillon chez l’àpart éditions, en octobre 2008 : rendons donc à César…

(2) Par ailleurs responsable de la collection Outsider chez Delcourt, le journaliste Vincent Bernière s’est aussi découvert des talents de scénariste, comme on peut le constater avec le récent tome 2 des stupéfiantes aventures de Viny K.  (« Toujours plus à l’ouest »), chez Dupuis. Très branchouille au premier abord (le héros est un journaliste gonzo qui sort en boîte, fume des cigares gros comme des barreaux de chaises et fréquente d’anciens drogués pour se libérer de ses addictions), l’enquête se transforme rapidement en un solide récit d’investigations et d’aventures exotiques, l’un de ses anciens dealers ayant mis Viny K. sur la piste d’une marabouteuse sénégalaise et d’un mystérieux colonel qui vit sans la jungle. L’album vaut aussi par le talent de l’illustrateur Erwan Terrier qui a su, grâce à son trait réalisme et décalé à la fois, mettre fort bien en images ce reportage aux allures de quête mystique et de rédemption… Et nous faire aussi un petit clin d’œil fort apprécié !

« La Grande Guerre en bande dessinée » : hors-série Beaux Arts (7,90 ) diffusé en kiosques

 

Galerie

Une réponse à Commémoration : la Grande Guerre en bande dessinée !

  1. C’est vrai que cette revue que j’ai feuilletés au rayon presse de mon hyper-marché est plus intéressant que les numéros précèdents de beaux Arts sur la BD, qui affichaient parfois une grande vacuité…

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