L’Immanquable n’est plus un journal

En octobre 1978, le numéro 53 du mensuel Piloteparaissait avec à la Une, pour seule mention, « Pilote n’est plus un journal ! ». La commission paritaire des publications et des agences de presse venait de radier le magazine des éditions Dargaud : ce genre de pénalisation ayant des allures de condamnation a mort. En effet, le passage du taux préférentiel de TVA au taux maximum rend pratiquement impossible l’exploitation d’un journal. Tarifs postaux, facturation des pages de publicité, montant des abonnements…, tout s’envole. Il arrive le même désagrément à L’Immanquable.

Pilote et son rédacteur en chef Guy Vidal n’avaient pas plié sous les ordres de cette dictature de l’écrit contre l’image. À cette époque le mot solidarité n’était pas vain. Avec l’aide de ses auteurs emblématiques et de ses confrères, Pilote, sans changer une page à son contenu, est redevenu un journal aux yeux des membres de la maudite commission.

35 ans plus tard, la bande dessinée doit une nouvelle fois affronter la tempête venue d’une de ces officines d’état où sévit encore l’obscurantisme. Après Lanfeust mag il y a quelques mois, dont la direction a préféré obtempérer aux désirs de ces censeurs en multipliant par deux le nombre de ses pages de rédactionnel au détriment de la BD – reconnaissant de fait que celle-ci n’était pas de la presse -, c’est au tour de L’Immanquable d’être dans sa ligne de mire.

Alors que Closer et Voici, ou encore L’Équipe, France football… et tant d’autres magazines bénéficient de la bienveillance de la commission, les revues de bandes dessinées continuent à subir l’humiliation : ce ne sont pas des journaux !

Créé par Frédéric Bosser en janvier 2011, L’Immanquable a pour ambition de faire découvrir, aux amateurs de bandes dessinées et aux curieux, en avant-première, des œuvres nouvelles pour un prix modeste (7,50 euros pour 132 pages). Il lui faudrait abandonner une partie de ses pages de  bandes dessinées au bénéfice de rédactionnel sur la BD pour retrouver ses droits. Écrire sur la BD, ça c’est de la presse, en publier, ce n’est plus de la presse. Kafka au secours !

Hélas, 2014 n’est pas 1978, le monde de la bande dessinée n’est plus le même… L’Immanquable risque fort de disparaître dans l’indifférence…

Henri FILIPPINI

L’Immanquable, mensuel de 132 pages couleurs dont le numéro 38 (7,50 €) est en kiosque.

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14 réponses à L’Immanquable n’est plus un journal

  1. Homère dit :

    C’est bien triste, car il s’agissait d’une publication de grande qualité, que je suivais du numéro 1 jusqu’à aujourd’hui…

    • Aros dit :

      je trouve également que c’est dommage. je recherchais à l’époque un hebdomadaire ou mensuel pour remplacer le journal Tintin et le Hello BD. L’immanquable était ce mensuel, il permettait de découvrir des BD que l’on n’aurait pas forcément lues, du fait du nombre important de BD à sortir. Les commentaires sur les auteurs étaient intéressants. Suite aux éditos, il m’avais semblé que de plus en plus de lecteurs étaient conquis. Encore vraiment dommage s’il y a arrêt de la publication, car je pense qu’ il y a un potentiel important de lecteurs .

  2. RICHARD dit :

    J’achète cette revue, mais elle pourrait être gratuite puisque payée par les Editeurs qui y promeuvent leurs albums. Est-ce donc bien un journal ? J’estime que la question se pose, au contraire de Closer et de l’Equipe, qui ont un vrai contenu rédactionnel, sans préjuger de leur intérêt respectif. Que Henri soit inquiet de perdre un complément de retraite m’amuse énormément, au souvenir que je garde des énormes pourcentages dont il a bien VECU.

    • BARRE dit :

      Oh Richard le jeu de mots! je suis jaloux!
      Ceci dit, plus sérieusement, votre analyse est juste, d’autant que je n’ai jamais bien compris le grand intérêt qu’il y avait à la prépublication d’histoires qui sortent en librairie pratiquement tout de suite, ce genre de revue était peut être pertinente autrefois mais les amateurs de bd en 2014 sont un tantinet plus éclairés – j’ai pas dit intelligents!- et plus exigeants en matière d’informations sur le 9ème art.
      Des revues comme Casemate ou Hop sont infiniment mieux construites et l’on y sent plus de passion et aussi de générosité envers le lecteur.

    • Cher anonyme, vous avez raison, les auteurs sont de moins en moins payés. Mais L’Immanquable (qui ne gagne pas d’argent) permettait au moins de faire découvrir des séries pas toujours connues.
      En revanche, sachez qu’à L’Immanquable, comme à DBD et à BDzoom.com, mes collaborations sont totalement bénévoles.
      Henri Filippini

      • Fabio dit :

        Etant abonné a DBD et à l’Imm. mon opinion a ce stade est d’améliorer le DBD plutôt qu’essayer de transformer l’Imm. en un duplicata de… DBD! En plus j’ai été certes fois un peu decu de voir des series pas vraiment inedites (y compris « Choc » de Maltaite) ou de voir les album apparaître avant la fin de la pré-publication…Je pense qu’il y a encore la place pour un magasin specialisé en pre-publication meme a un prix plus haut de 50%…Moi, je l’acheterai…Si non mieux d’investir sur DBD…sans doute…
        Cordialement
        Fabio

  3. Oui, c’est vrai, vous avez raison sur ce point, Monsieur Barre, même s’il faut préciser que parfois, les albums sortent alors même que l’histoire n’a pas finie sa prépublication dans les pages de cet Immanquable. Maintenant, c’est vrai que le rédactionnel était un peu « cheap », même si plus élaboré que celui des tout premiers numéros, où il était inexistant. La solution serait peut-être, cher Monsieur Filippini, de transférer les BD de l’Immanquable dans DBD. DBD ne craint rien, car il est bourré de rédactionnel, même s’il reste moins érudit et plaisant à lire que Casemate, Hop et autre fanzines de la grande époque. Je trouve quand même aberrant qu’une instance puisse décider de la vie ou de la mort d’une revue. Y a t’il une règle écrite qui donne le pourcentage minimal de pages de rédactionnel à proposer? Comment les éditions panzani qui éditent des dizaines de titres chaque mois (enfin, ce n’est pas de l’édition, mais de la simple traduction) font elles pour échapper à ce triste sort? Peut on envisager une pétition à Madame Filipetti, Monsieur Filippini? arf arf, vous avez bien VECU de la BD, maintenant cela sera de DBD. Circus laid, il n(y a rien à voir! arf arf!°). Bien cordialement. François Pincemi

  4. Cali44 dit :

    Et pourquoi pas un bimensuel avec une partie DBD et une partie prépublication? Cela permettrait au journal d’être plus réactif sur les sorties et les infos en plus.

  5. Gino dit :

    Support de prépublication, ou magazine d’informations ? Pour ma part, je verrais bien un « super » Immanquable, conciliant deux objets : faire partager ses coups de coeur dans la riche production actuelle via prépublications et news, et consacrer un nombre de pages suffisant (aux yeux de la Commission Paritaire) à retracer les grandes dates (séries, auteurs, journaux…) qui constituent le patrimoine du 9e art… Le caractère journalistique s’appuierait judicieusement au cahier prépublications. Moi, je suis preneur.
    Bon courage !

  6. ostap dit :

    qu’est ce qu’on attends pour faire une pétition sur internet?
    Il y a tout de même plus de texte dans les bulles d’une page de BD que dans tout un « public » ou un « oops » ( oui çà existe) entier.

  7. moreau dit :

    je me suis abonne a immanquable et ho surprise, quand il y a du retard, eh bien cado deu exemplaire du meme no et la surprise je suis oblige de l’acheter chez mon marchabd de journeaux zarbi comme abonnement§!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§????????????????????????????????????????????????????????

  8. moreau dit :

    je suis abonne a immanquable je paye mais miracleje ne recois plus rien pour quoi?????????????????????pour qui??????????????????????????????????????mystere?????????????????????????????????????????????c’est dommage

  9. Le fait que vous ayez reçu deux exemplaires du même numéro doit expliquer cela. Offrez votre deuxième numéro à un amateur de prépublication d’albums, ou téléphonez à Monsieur Bosser pour lui signaler ce bug, je ne pense pas que Monsieur Filippini gêre les abonnements en personne!

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