Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...LE RETOUR DE « FANTAX » !!!
Dans l’immédiat après-guerre surgit un héros mystérieux et implacable : Fantax. Nous sommes à Lyon en 1946, et le dessinateur Pierre Mouchot, alias Chott, vient de créer un personnage emblématique qui marquera durablement les esprits. Plus de 60 ans après, la fille et le petit-fils de Chott nous proposent une édition intégrale de « Fantax » : un événement qui vient combler un manque évident dans notre paysage éditorial ! Rencontre avec Tanguy Mouchot pour parler de ce projet et du travail de son grand-père?
Cecil McKinley : Bonjour Tanguy, je suis très content de pouvoir vous interviewer pour parler du travail de votre grand-père, car il a été un auteur qui a marqué son temps et les esprits en créant des héros assez atypiques au sein de la production française, mais aussi en créant un atelier et une maison d’édition, participant ainsi à la grande aventure des « petits formats ». Son parcours est aussi symptomatique des ravages qu’a pu engendrer la loi du 16 juillet 1949 sur la liberté de création… Bref, connaître Chott c’est aussi lever tout un pan de l’histoire de la bande dessinée en France. Votre témoignage est donc des plus importants, ce qui me pousse à vous poser cette première question : avez-vous connu votre grand-père ?
Tanguy Mouchot : Non, malheureusement je ne l’ai pas connu, tout ce que je sais de lui, c’est par le biais de sa fille, donc ma tante. Par la suite, j’ai fait des recherches sur des sites Internet, exploré différentes sources. Par exemple, j’ai été en contact avec Bernard Joubert qui m’a envoyé quelques références de livres, et notamment « Haro sur le gangster ! » de Thierry Crépin dans lequel j’ai appris plein de choses que ma tante ignorait.
Cecil McKinley : Votre tante, c’est Danièle Mouchot, qu’on retrouve dans les crédits de l’album ?
Tanguy Mouchot : Oui, c’est elle.
Cecil McKinley : Donc c’est avec elle que vous vous occupez de cette édition…
Tanguy Mouchot : Oui. En fait, mon grand-père a eu deux enfants : mon père et ma tante. Malheureusement, mon père est mort il y a plus de 25 ans, donc c’est avec ma tante, sa fille, que je fais ce travail.
Cecil McKinley : Quand avez-vous eu l’idée de vous lancer dans cette aventure de l’édition intégrale de « Fantax » ?
Tanguy Mouchot : J’avais bien conscience depuis tout petit que mon grand-père était connu, qu’il avait fait des bandes dessinées ; je savais aussi que beaucoup de collectionneurs s’étaient intéressés à cette œuvre, voulant la rééditer. Ma tante était constamment contactée par eux, avec des demandes plus ou moins louches et plus ou moins sérieuses. Elle n’a jamais donné suite pour plusieurs raisons, faute de temps, faute de confiance, aussi… Je crois que le dernier procès de 1961 de son père l’a refroidie, et je pense qu’inconsciemment elle avait peur de retomber face à cette loi. Mais c’est vrai que maintenant nous sommes protégés, puisqu’il y a distinction entre BD adulte et BD jeunesse : du coup on sort de cette loi. Tout a vraiment commencé il y a deux ans, suite à un rendez-vous avec un collectionneur, Monsieur Jean-Antoine Santiago, qui voulait nous rencontrer ma tante et moi pour nous parler d’un projet de réédition de « Fantax ». Nous nous sommes donc réunis au mois d’août 2008, et je me suis dit : « Pourquoi pas, maintenant j’ai ma situation, j’ai du temps, donc allons-y ! »
Cecil McKinley : C’était le bon moment pour le faire correctement…
Tanguy Mouchot : Voilà, c’est cela… mais surtout le faire nous ! Je crois que c’était très important pour ma tante. Donc on en a parlé avec ce monsieur, mais il était un peu précipité, il voulait faire les choses en un peu trop vite et grand à notre goût, voulant tout de suite créer une maison d’édition, créer une société, mettre des parts. Donc on lui a dit qu’on le recontacterait lorsque nous aurions mis quelque chose en place, comme une association… On l’a recontacté quelques mois plus tard, mais a priori il s’était un petit peu vexé parce qu’il avait vu sur Internet qu’on avait diffusé quelques bribes sur des forums de collectionneurs pour voir quel impact ça aurait. En voyant ça, je pense qu’il a dû se dire qu’on montait le projet de notre côté, et du coup il a monté sa maison d’édition de son côté et a réédité « Brik » et « Yak » qui avait aussi comme scénariste Marcel Navarro (voir le » Coin du patrimoine » sur ce sujet : http://bdzoom.com/spip.php?article4002). Il n’est donc plus dans l’aventure, mais c’est quand même grâce à lui que ça s’est déclenché. Danièle Mouchot et moi-même avons donc commencé seuls il y a deux ans, avec un premier fac-similé du numéro 1 Ce numéro rarissime, étant évalué à 2000€, était donc devenu inabordable et inaccessible à de très nombreux lecteurs. Nous avons proposé un fac-similé à 35€, tiré à 400 exemplaires seulement, numéroté et signé. Dedans, il y avait un petit « package collectionneur » contenant une reproduction d’une planche de « Gus et Gaëtan » (deux autres personnages créés par mon grand-père), plus une lettre dont l’intérêt était qu’elle fût rédigée sur le papier à lettres de l’époque de la maison d’édition de mon grand-père. L’argent récolté nous a ensuite permis d’enclencher la sortie du tome 1 de l’intégrale de « Fantax ».
Cecil McKinley : Avez-vous pu partir des planches originales, pour faire cette édition ?
Tanguy Mouchot : Oui, c’est aussi ce qui nous a encouragé à nous lancer dans ce projet, pouvant faire un travail de qualité justement parce qu’on part des planches originales. J’ai vu certaines rééditions de vieilles bandes dessinées tirées d’après publications, et il y a toujours un petit grain, un petit quelque chose qui installe une distanciation avec le trait du dessin. Nous avons en plus la chance de travailler avec Reed Man qui reprend les planches informatiquement, leur ajoutant un peu d’éclat, car même si les planches originales sont très bien conservées, elles sont néanmoins un peu abîmées : il manque parfois un peu de noir, il y a de l’encre qui a sauté… C’est donc ce qui nous a encouragé à faire quelque chose de beau, un album cartonné à dos toilé, mais qui ne soit pas adressé qu’aux collectionneurs…
Cecil McKinley : C’est vraiment très agréable de voir les reproductions de ces sublimes couvertures – mais aussi les quatrièmes de couvertures – avec leurs couleurs d’origine… C’est vraiment très beau !
Tanguy Mouchot : On y tenait beaucoup, parce que ce qui a fait le succès de cette série et des autres aussi (« Big Bill le Casseur », « Marco Polo », « Robin des Bois »), ce sont surtout les couvertures. À l’époque, quand les gamins arrivaient chez le marchand de journaux et qu’ils voyaient ça, surtout en grand format par rapport aux autres publications de l’époque, avec ce rouge et ce jaune, ça marquait les esprits ! Donc on voulait absolument conserver ces couvertures et les inclure dans l’intégrale.
Cecil McKinley : On le voit bien sur les couvertures de différentes séries « made in Chott » reproduites pour illustrer l’introduction de Jean-François Mattéi : votre grand-père avait un vrai sens du graphisme, et un vrai amour de l’art de la couverture. Il a d’ailleurs continué à réaliser de nombreuses couvertures pour les titres de la maison d’édition qu’il avait créée.
Tanguy Mouchot : Au niveau de sa formation, il est aussi peintre, et a fait de la sculpture. Sur la fin de sa vie, il a fait de la restauration de peintures et a réalisé quelques enluminures à titre personnel. C’était vraiment un artiste complet.
Cecil McKinley : Pierre Mouchot, alias Chott, a débuté sa carrière à la Sagédition, à Lyon, je crois…
Tanguy Mouchot : Oui, dans les années 40.
Cecil McKinley : Alors quand on sait que derrière le pseudonyme du scénariste de « Fantax » (J. K. Melwyn-Nash) se cache Marcel Navarro, on peut dire que « Fantax », par son graphisme, a préfiguré aussi la charte graphique de ce qui allait venir comme petits formats de chez Lug, des Kiwi et autres Mustang jusqu’aux Strange, non ? Je pense surtout à ce jaune omniprésent…
Tanguy Mouchot : Une chose est certaine, c’est que le premier titre super-héroïque édité par Lug, ils l’ont appelé Fantask ! Là, il y a un lien qui me semble évident…
Cecil McKinley : Oui ! Je suis persuadé que l’expérience qu’a eue Marcel Navarro avec votre grand-père l’a fortement influencé, cela se sent…
Tanguy Mouchot : Sans doute… il a gardé une ligne éditoriale qui a fonctionné. À propos de Marcel Navarro, je suis en train de prendre contact avec ses héritiers afin de leur présenter le projet, qu’ils puissent s’y impliquer s’ils le souhaitent. Je leur ai envoyé le fac-similé et l’album, j’attends maintenant des retours de leur part…
Cecil McKinley : Ce serait bien. Venons-en précisément à « Fantax ». Le petit fac-similé que vous avez édité de Paris Monde Illustré nous propose la toute première histoire de notre héros, publiée pendant 20 semaines (de février à mai 1946) dans cet éphémère journal lyonnais. Apparemment, « Fantax » a tout de suite frappé les esprits, connaissant un succès assez rapide pour permettre à Chott de créer son propre titre dans la foulée…
Tanguy Mouchot : Oui, ils l’ont testé, ça a fonctionné, il y a eu un public très vite. Mon grand-père a donc monté sa maison d’édition avec Marcel Navarro, rejoints très rapidement par Robert Rocca qui à l’époque n’avait que 16 ans, je crois. Rocca a appris à dessiner avec mon grand-père, et après il a retravaillé à la Sage, chez Artima… Au début ils étaient donc deux ou trois, et tout ça se faisait dans l’appartement de mes grands-parents, sur la table du salon.
Cecil McKinley : Ce qui est assez rigolo, c’est de voir que si Fantax a une double identité (dans le civil, il est connu comme étant le Lord Horace Neighbour), votre grand-père et Navarro se prennent au jeu en signant l’œuvre eux aussi sous une identité secrète : Pierre Mouchot devient Chott et Marcel Navarro devient J. K. Melwyn-Nash !
Tanguy Mouchot : Oui ! En fait, d’après certains témoignages, il semblerait qu’ils y aient énormément réfléchi. Pas trop Chott, mais surtout J. K. Melwyn-Nash, vraiment teinté à l’américaine : pour les gamins de l’époque, ça faisait mouche à coup sûr ! Et tout ce qu’ils mettaient sur les couvertures (« Avec l’autorisation spéciale de Lord Neighbour »), ça donnait de la crédibilité aux récits.
Cecil McKinley : Oui, il y a toute une mise en scène, on appelle ça un « reportage », on essaye d’apporter une sorte de crédibilité à ce qui est pourtant assez fantasque, effectivement !
Tanguy Mouchot : Oui, c’était vraiment ce souci à la fois d’exotisme et d’authenticité…
Cecil McKinley : Il ne faut pas oublier que les bandes dessinées du Golden Age américain ont fortement impressionné et influencé les jeunes lecteurs et artistes durant la période de guerre et d’après-guerre, toutes les bandes des années 30, de « Tarzan » à « Prince Valiant » en passant par « Flash Gordon » …
Tanguy Mouchot : Oui, Hogarth, bien sûr ! Robert Rocca me l’a confirmé : dans l’atelier de Chott il y avait une armoire dans laquelle il y avait plein de planches et de bandes dessinées d’Hogarth, et il s’en inspirait.
Cecil McKinley : Oui, mais même si c’est vrai que l’influence d’Hogarth est parfois plus que manifeste (on peut aussi penser à Lee Falk et à son « Phantom »), je trouve qu’on ressent presque autant celle d’Alex Raymond : le glamour et l’esthétique de Patricia rappellent un peu la grâce qu’on trouvait chez Dale dans « Flash Gordon », mais c’est surtout dans « Agent X9 » qu’on retrouve tout ce sens de la mise en scène très polar, sombre et direct, certaines dynamiques de poses…
Tanguy Mouchot : Je ne saurais vous dire, mais pour revenir à Hogarth, je l’ai découvert en feuilletant les pages Internet car j’entendais parler de plagiat, de vulgaire calque, de copie, donc du coup je m’y suis intéressé. Je suis par exemple allé à l’expo sur Tarzan au musée du quai Branly à Paris, dans laquelle il y avait une planche de mon grand-père exposée (« Mowg, fils de la brousse », un petit héros qu’il avait créé en 1943, je crois, pour un éditeur belge ; bande dessinée qui d’ailleurs avait été interdite à l’importation, pendant des années on ne la trouvait pas en France). Donc je suis allé voir cette expo, d’abord pour voir la planche de mon grand-père, mais aussi pour découvrir Hogarth. Je me suis bien rendu compte qu’il y a une influence, parce qu’en plus il y a certains documents que j’ai trouvés dans des forums où Fantax a des poses quasiment identiques à celles de Tarzan, donc là je ne peux pas nier, je suis tout à fait d’accord.
Cecil McKinley : Oui, on sent que Chott a parfois été plus qu’influencé lorsqu’on voit certains dessins, mais il est loin d’être le seul à l’avoir été ainsi ! Maintenant, de là à dire que ce n’est que du copié collé, je ne suis pas d’accord, car en même temps qu’il ne cache pas ses influences, il ne cesse d’expérimenter, de chercher, d’explorer toutes les façons les plus dynamiques pour raconter son histoire par l’image. Et de toute façon, à l’époque, les dessinateurs américains eux-mêmes se piquaient des trucs dans des influences constantes. Ces influences et filiations ont toujours été, même flagrantes : quand on regarde certains vieux albums d’Hugo Pratt comme « Ann de la Jungle » et qu’on compare certaines cases à celles de « Terry et les Pirates » de Milton Caniff, on pourrait dire que c’est pratiquement décalqué ! Je pense à Hugo Pratt, car avec son ami Mario Faustinelli, il avait créé à la même époque un personnage appelé l’As de Pique, assez influencé par Will Eisner : l’influence des bandes dessinées américaines était telle que la première bande dessinée publiée du jeune Pratt était un héros de la même famille que Fantax, un justicier masqué un peu fantomatique. Pour le coup, la création de « Fantax » s’inscrivait réellement dans l’air du temps, quelque chose de moderne mais chargé d’influences qu’on a retrouvé dans d’autres pays… Il me semble évident que « Fantax » est avant tout un hommage à ces auteurs-là, cette Amérique-là.
Tanguy Mouchot : Oui, et puis après Fantax a été aussi une source d’inspiration pour d’autres héros, comme Diabolik.
Cecil McKinley : Oui, tout à fait ! Surtout qu’il y a eu plus de tentatives pour éditer « Fantax » en Italie qu’en France, dès 1948 ! Avant l’édition que vous proposez aujourd’hui, il n’y avait eu en France que quelques rares tentatives, comme par exemple celle de Bédésup au milieu des années 80…
Tanguy Mouchot : Oui, mon grand-père avait créé une maison d’édition en Italie qui s’appelait les éditions Western, avec Bonnelli. Donc, officiellement jusqu’au numéro 25, « Fantax » a été vendu en Italie. Après, si vous trouvez un « Fantax » italien qui va jusqu’au numéro 39, c’est un pirate. Les Italiens ont réédité en 70, aussi, et j’ai même trouvé une version allemande qui vient de la version italienne, en format A5, et ça, ça a dû être tiré en 2008 !
Cecil McKinley : Intéressant ! Ça veut dire que vous pourriez envisager une carrière internationale pour le retour de Fantax !
Tanguy Mouchot : Oui, pourquoi pas, la piste italienne n’est pas la plus idiote, car ils ont l’air assez friands de vieilles bandes dessinées rééditées…
Cecil McKinley : Tout à l’heure nous parlions des influences américaines de votre grand-père. Ce qui est remarquable, dans « Fantax » (ce n’est peut-être pas le seul à l’avoir fait, mais généralement si les dessinateurs de l’époque étaient influencés par les Américains, ils implantaient néanmoins leur création en France, voire en Europe), c’est que Chott est un auteur qui a situé l’action de sa série explicitement aux États-Unis, entendant nous faire plonger dans cet univers de film noir tout en réalisant une bande dessinée tout ce qu’il y a de plus française dans la manière de faire.
Tanguy Mouchot : Oui. Il adorait les westerns. J’ai retrouvé plein de photos de western des studios hollywoodiens qui lui ont servi pour « Big Bill le Casseur » notamment pour les décors, les costumes, ainsi que plein de photos de vieux « Tarzan » avec Johnny Weissmuller. L’Amérique semblait l’attirer, c’est sûrement pour ça qu’il a voulu implanter son héros dans ce pays-là. Et puis juste après la guerre, l’Amérique faisait encore rêver, ce qui n’a plus été le cas assez rapidement : dans les années 50 il ne fallait plus trop être américain, finalement.
Cecil McKinley : Quand on lit non pas l’épisode initial mais le premier épisode de l’intégrale, au bout de 4 pages Fantax étrangle un gangster à mains nues jusqu’à la mort. Il y a un caractère très cru, dans « Fantax ». C’est un justicier qui ne fait pas dans la dentelle : il y a un méchant, il le dézingue !
Tanguy Mouchot : Il faut se remettre dans le contexte dans lequel ont vécu mon grand-père et Marcel Navarro. Lorsque mon grand-père a monté sa maison d’édition, il avait 35 ans, et je pense qu’il avait vécu des choses assez horribles pendant la guerre. Donc pour eux c’étaient des choses qu’ils avaient vécues et connues, et puis voilà, le méchant, on ne prend pas de gants : on l’élimine, ou sinon c’est lui qui t’élimine ! Je pense que c’est dans cet esprit-là qu’ils l’ont envisagé, pour faire du simple et de l’efficace, en 12 ou 24 pages, l’histoire se déroulant parfois sur deux numéros : on avait le milieu le début et la fin ! Je pense que c’est l’immédiat après-guerre qui fait qu’ils ont pensé comme ça ; peut-être que s’ils avaient créé cette bande dessinée dans les années 60, ils l’auraient faite autrement, elle aurait peut-être été moins expéditive.
Cecil McKinley : Je trouve que cette radicalité est assez intéressante, aussi. Il y a de l’inspecteur Harry dans l’air…
Tanguy Mouchot : Oui, on ne tourne pas autour du pot : on lui a donné une mission, et il fait tout pour la réussir.
Cecil McKinley : Par son côté abrupt et brutal, Fantax cassait aussi le modèle parfois un peu lisse du héros justicier.
Tanguy Mouchot : Oui et non, car à l’époque à laquelle c’est sorti, il n’y avait pas ce modèle policé de super-héros, en France, comme on a pu le voir par la suite. Là il n’y avait pas de tabous, même au niveau social : plus tard Patricia deviendra sa femme, il aura deux enfants, donc c’est une personne qui n’est pas torturée psychologiquement comme peut l’être Batman, par exemple…
Cecil McKinley : Oui, et puis il a une condition sociale qui lui permet d’être assez peinard, quand même !
(Rires)
Tanguy Mouchot : Oui, tout à fait !
Cecil McKinley : Mais tout de même, par rapport à d’autres héros, Fantax est un personnage bien plus dur, et la bande dessinée en elle-même est très directe, frontale. Il y a par exemple un dessin où Fantax lance un couteau qui se plante dans la main d’un gangster, et le sang gicle en gros plan de manière explicite.
Tanguy Mouchot : Oui, il dessinait la réalité, en fait. Si le couteau se plante dans une main, il y a du sang qui gicle. Marcel et lui avaient dû être témoins de ce genre de chose, puisqu’ils avaient été tous les deux dans la Résistance.
Cecil McKinley : Le malheur de cette œuvre, c’est qu’elle soit née seulement trois ans avant la fameuse loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Une loi reflétant une société ne voulant considérer les bandes dessinées que comme de la sous-littérature enfantine, et par conséquent ne pouvant pas amorcer l’idée d’un distinguo entre bande dessinée pour adultes ou pour enfants…Ce fut le temps des censures…
Tanguy Mouchot : J’ai eu des témoignages de personnes qui planquaient leurs bandes dessinées sous le manteau… À l’école c’était très mal vu, ils se faisaient punir quand ils en avaient… Avec les parents c’était pareil… En gros, c’était de la « nourriture pour cons », pour parler rapidement ! Ce n’était pas accessible à tout le monde dans le sens où c’était vraiment mal vu.
Cecil McKinley : De ce que je sais et peux imaginer, votre grand-père a quand même dû être assez fatigué, perturbé, par les attaques successives portées contre son œuvre, et surtout la vague de procès qui eut lieu entre 1955 et 1961. Avez-vous un témoignage à nous donner sur ce point ? Non pas pour être indiscret et faire du « people », mais pour mieux appréhender comment un auteur peut réagir face à cela, et comprendre les conséquences que cela peut avoir sur son œuvre, et bien sûr son énergie créatrice…
Tanguy Mouchot : Je vous l’ai dit en préambule : pourquoi ma tante n’a jamais tenté de rééditer « Fantax » avant aujourd’hui ? Parce que la période des procès a viscéralement marqué ma famille. Au moins pour elle qui l’a vécu, sans doute aussi pour ma grand-mère qui est morte il y a une quarantaine d’années : ça les a énormément marquées, surtout que mon grand-père faisait ça en toute bonne foi, voulant avant tout faire plaisir aux jeunes adolescents, et il ne comprenait pas. Dans les différents témoignages qu’on peut avoir, notamment ce que j’ai appris dans le « Haro sur le gangster ! » de Crépin, Chott avait écrit quelques lettres à la Commission en leur disant : « je vais m’améliorer, ceci, cela », mais en fait rien du tout ! Il suivait sa ligne de conduite, et je pense que c’est ça qui a exaspéré la Commission. Et il a même eu ses soi-disant collègues contre lui, parce que le syndicat des éditeurs lyonnais lui reprochait une action jusqu’au-boutiste et lui disait : « Attention, tu vas tous nous embarquer là-dedans ! » L’un des rares à l’avoir défendu en l’aidant financièrement mais surtout moralement, c’est Marcel Navarro. Même s’ils ne travaillaient plus ensemble depuis le milieu de l’année 1948 à cause d’une divergence professionnelle, il l’a toujours soutenu, ils étaient restés très liés. Mon grand-père est mort en 1967, et j’ai retrouvé des courriers de Navarro datant de 67, demandant à ma grand-mère de rétrocéder le travail que mon grand-père était en train de faire pour lui. Je pense qu’il faisait encore du travail de lettrage pour Navarro à la fin de sa vie. Même après la mort de mon grand-père, Mr et Mme Navarro envoyaient des courriers à ma grand-mère, chaque année. Mais c’est vrai que lorsque Chott s’est retrouvé tout seul au milieu de tous ces procès, voyant en plus qu’il avait gagné les cinq premiers, dans sa tête il s’est dit : « Je continue ! » Mais c’est vrai aussi qu’il était très affaibli, financièrement, moralement. Et évidemment, le couperet est tombé en 1961 avec le dernier procès perdu à Angers, en cour d’appel. Là, il a été reconnu coupable de « montrer sous un jour favorable la violence et le banditisme », et il a été condamné à un mois de prison avec sursis et à 500 francs d’amende. Il a été amnistié immédiatement, suite aux faits d’armes de guerre, mais il a quand même été condamné. Ça a servi de leçon à pas mal de personnes, notamment pour Navarro et la Lug, puisqu’ensuite, plutôt que de se faire sanctionner, à la moindre lettre d’avertissement ils faisaient le dos rond : Fantask ils l’ont arrêté au numéro 7, Marvel au numéro 13…
Cecil McKinley : Oui, et ils ont fini par anticiper tellement que ça a donné les fameuses retouches de l’autocensure chez Lug…
Tanguy Mouchot : Mais en fait, pour être tout à fait précis (car il y a tout un tas de choses fausses qui circulent sur Internet), ce n’est pas « Fantax » qui a été poursuivi, puisqu’il l’avait arrêté en 1949 justement pour éviter que la censure n’interdise leur personnage fétiche, à lui et à Navarro. D’après ce que m’a dit ma tante, mon grand-père était même favorable à une loi – en tout cas il n’était pas du tout un opposant –, mais quand il a vu les premiers collègues avoir des ennuis, il a préféré saborder lui-même « Fantax » en 49, clôturant l’aventure de manière très brutale, puisque dans le dernier épisode Fantax perd sa fille. Le titre est Fantax joue et perd, on le voit accroupi face à la tombe de sa fille, et ça s’arrête là.
Cecil McKinley : Mais il a fait plusieurs tentatives pour le ressusciter, dans les années 50, non ?
Tanguy Mouchot : Oui, il a essayé de le reprendre sous différentes formes. D’abord dans Reportages sensationnels, une revue destinée à des lecteurs un peu plus âgés, avec des romans policiers et six planches de « Fantax », mais il n’y a eu que cinq numéros. J’en profite pour dire que la couverture du petit fac-similé de Paris Monde Illustré est en fait la couverture inédite du numéro 6 qui aurait dû paraître. Après il a essayé une autre formule, un petit magazine qui s’appelait Fantax Magazine où là il n’y avait pas de BD, c’était uniquement des romans, mais ça n’a pas fonctionné non plus, il n’y a eu que six numéros de publiés. Enfin, il a essayé de ressortir « Fantax » en 59, et là il n’y a eu que 9 numéros : certainement que dix ans plus tard la magie était passée, car ça n’a plus eu le même succès…
Cecil McKinley : Est-ce que ce sont ces nouveaux essais de publications dans les années 50 – jusqu’en 59 – qui ont été attaqués ?
Tanguy Mouchot : Non, là où il a été attaqué, c’est pour « Big Bill le Casseur », le cow boy masqué. Notamment parce qu’il était masqué, et comme le dit Bernard Joubert dans le film « Marvel 14 : les super-héros contre la censure » de Philippe Roure et Jean Depelley : « On est Français, on a de l’honneur, on ne combat pas masqué ! » On lui reprochait aussi sa brutalité, parce que Big Bill était de la même veine que Fantax et qu’il découpait aussi à tout va. Donc c’est bien sur « Big Bill le Casseur » qu’il a été embêté de 55 à 61, pas sur « Fantax ». Il y a eu quelques avertissements parce qu’ils ont vu « Fantax » revenir par-ci par là, mais non, c’était principalement « Big Bill », le problème.
Cecil McKinley : C’est quand même un effet pervers de la censure, non, de saborder « Fantax » plutôt que d’aller au-devant des ennuis ?
Tanguy Mouchot : Il sentait peut-être qu’ils allaient l’embêter sur « Fantax », donc comme c’était au moment où plein d’autres titres émergeaient et qu’il y avait énormément de travail à faire, il a fait ce choix éditorial, et a ensuite développé plein d’autres bandes. Je pense qu’en 1949 ça ne l’a pas trop perturbé, d’arrêter « Fantax ». C’est surtout tous ces procès à partir de 1955 qui l’ont usé…
Cecil McKinley : Je crois savoir qu’il y a des ramifications heureuses qui se sont faites, avec ce projet. Pourriez-vous nous en parler ?
Tanguy Mouchot : Oui, au tout début de l’aventure, quand j’ai commencé à sonder un peu certains sites Internet pour glaner des informations, je suis tombé sur Reed Man, et je crois que c’est ce qui m’a définitivement fait dire « On y va ! » Car en fait Reed Man a été formé par Rémy Bordelet à la Lug-Semic dans les années 90, et ce fameux Rémy Bordelet avait lui-même été formé par mon grand-père. Donc il y a cette filiation artistique qui reste, et Reed Man me disait qu’à chaque fois qu’il voyait Rémy il lui disait « Holala, si seulement ?Fantax ?pouvait ressortir un jour ! » Donc cette volonté était commune à tous ceux qui avaient pu côtoyer « Fantax » de près ou de loin, c’était une bande qui tenait vraiment tout le monde à cœur. Du coup, ça devenait naturel que je travaille avec Reed. Cette rencontre m’a touché, comme quoi le hasard fait bien les choses (mais certains diront qu’il n’y a pas de hasard…). Pareillement, j’ai retrouvé Robert Rocca qui est toujours en vie, qui a maintenant 83 ans, que j’ai rencontré à plusieurs reprises et qui appréciait énormément mon grand-père. C’est ce qu’il y a de chouette, dans cette aventure… Tous ces témoignages me permettent de mieux connaître mon grand-père, puisque je ne l’ai jamais connu, et d’en apprendre un peu plus sur lui, sur l’homme qu’il était… C’est aussi une aventure personnelle, de retour en arrière, d’apprendre d’où l’on vient, de savoir ce qui s’est passé avant… Et pour moi c’est aussi un devoir de mémoire, parce qu’il n’a pas mérité la fin qu’il a eue.
Cecil McKinley : Oui, c’est tellement évident… J’espère que vos efforts et votre passion contribueront pour longtemps à ce devoir de mémoire.
Tanguy Mouchot : C’est donc vraiment pour rendre hommage à tous ces gens, tout cet atelier Chott qui travaillait vraiment en atelier : tous les dessinateurs qui y bossaient dessinaient à peu près de la même manière, puisqu’ils étaient tous formés par mon grand-père, donc ils étaient assez interchangeables, c’était une manière assez moderne de fonctionner, un peu à l’américaine. Tout le monde était capable de dessiner tout ce qui était produit dans l’atelier. Et puis ils travaillaient dans des situations difficiles : manque de papier, manque d’encres… C’étaient des conditions qui n’étaient pas vraiment évidentes, et leur rendre hommage à tous, je pense que c’est notre rôle.
Cecil McKinley : C’est tout à votre honneur… Et quand sortira le deuxième tome de « Fantax » ?
Tanguy Mouchot : Normalement, il sort en janvier, pour Angoulême. Petit scoop, la couverture de ce tome 2 devrait être réalisée par Thomas Frisano. J’en avais parlé avec Reed Man, puis l’ai rencontré dans un festival à Paris. Après avoir discuté avec lui, lui avoir montré une planche originale de mon grand-père, et observé ses dessins (son père faisait les couvertures de la Lug), je lui ai proposé de réaliser cette couverture. Au niveau artistique, c’est la même façon de travailler : à la gouache, encore à l’ancienne. C’est ce côté-là qui m’a plu, et puis c’est un ancien de la Lug qui va dessiner du « Fantax » qui avait un lien avec Marcel Navarro, donc la filiation continue !
Cecil McKinley : Oui, c’est vraiment très chouette, que les choses aient pu se faire avec ces personnes-là… C’est l’idéal !
Tanguy Mouchot : Oui, je suis très attaché à ce qu’il y ait des liens, comme une famille, qu’il y ait des filiations intéressantes. Pour que le projet soit viable, je pense qu’il faut ce genre de choses. Et puis après il y a plein d’idées, il y a des suites envisageables, par exemple…
Cecil McKinley : Eh bien je vous le souhaite ! Merci beaucoup, Tanguy, et je rappelle à nos internautes que s’ils veulent souscrire à l’intégrale de « Fantax », ils peuvent aller sur votre site en cliquant sur ce lien : www.editionchott.com!
Tanguy Mouchot : Merci, n’hésitez pas à venir nous rendre visite sur ce site !
Cecil McKinley : Et pour vous, chers internautes, penchons-nous maintenant sur l’album en lui-même…
Le premier tome de cette édition intégrale de « Fantax » reprend les numéros 1 à 8 de la série, soit les épisodes parus entre juillet 1946 et février 1947. L’album s’ouvre sur une introduction de Jean-François Mattéi (professeur de philosophie et membre de l’Institut universitaire de France) qui nous parle avec verve et passion de son intérêt pour « Fantax ». Après tout ce que nous venons d’aborder dans cette interview (procès, censure, bande dessinée considérée comme une sous-littérature nuisible…), il est assez réjouissant de lire aujourd’hui ce texte signé par un éminent universitaire ! Car croyez-le ou non, chers êtres humains de la France du 21e siècle, mais on a beau clamer partout que la bande dessinée est sortie de son ghetto, qu’elle s’arrache à prix d’or dans les salles de vente, qu’il y a un musée Hergé et que les éditeurs généralistes veulent tous leur section « BD », je continue à penser que ce n’est pas parce que la bande dessinée est présente dans les supermarchés et que Télérama, Beaux-Arts Magazine ou Philosophie Magazine consacrent des numéros entiers à ce bon vieux 9e art que la bande dessinée est considérée comme il se doit. Il y a toujours un peu de condescendance. Un mépris à moitié avoué. C’est chouette mais ce n’est pas sérieux. On ne peut plus faire autrement que de dire que la bande dessinée c’est de l’art, mais les parents d’élèves continuent de dire que leurs enfants ne lisent pas parce que « Calvin & Hobbes » ce n’est pas Balzac. Bah non c’est pas Balzac. Ça n’a jamais voulu être Balzac. Et ça n’a surtout pas à être Balzac, Balzac le fait très bien tout seul. Et entre nous (c’est une pure provocation mais c’est loin d’être irrecevable), Balzac aurait été infoutu de faire une aussi bonne bande dessinée que « Calvin & Hobbes ». Son tigre aurait été trop humanisé, et de toute façon il ne savait même pas dessiner les pavillons de banlieue américaine : hou le gros nul !!! Rentrer dans ce genre de processus de pensée, c’est comme demander à la peinture abstraite de représenter quelque chose. Surtout lorsque certaines bandes dessinées sont mieux écrites et ont plus de substance que nombre de succès de rentrée littéraire. Vous penserez que je fais une grosse digression et que je m’éloigne du sujet, mais je ne le crois pas… « Fantax », par sa nature, son parcours, vénérée par les fans tout autant que détestée par une certaine intelligentsia de l’époque, ne peut que soulever ce genre de réflexion – et c’est tant mieux. Au-delà de l’œuvre en elle-même, du plaisir bédéphilique qu’on en tire en la lisant, il y a le miroir de notre histoire réelle et de ses dérives sur la création. Car si la bande dessinée semble sortie de son ghetto, qu’en est-il des petits formats et autres périodiques trop souvent considérés en globalité comme de la sous-bande dessinée (donc de la sous-sous-littérature) ? Combien de décennies encore avant de considérer avec acuité le flot de papiers drainant des pépites au milieu de productions souvent mièvres et moyennes – il est vrai ? La signature de Jean-François Mattéi en ouverture de cet album est une belle preuve du combat concret contre la bêtise. Mais revenons à notre héros masqué.
Le premier très grand plaisir de cet album, c’est de tourner la page qui donne sur la première couverture, avec toutes ses belles couleurs, mélange de nuances et d’à-plats agencés dans une fragmentation d’instants forts nous promettant un récit plein d’action et de rebondissement. L’intérêt de la reproduction en pleine page des couvertures est de se rendre compte des évolutions rapides de la série : après une typographie jaune d’or au premier numéro, le « futur jaune Lug » arrive dès le deuxième numéro ; Melwyn-Nash, lui, perd son « e » à la fin de « Melwyne » au troisième numéro, sûrement pour faire encore plus américain. Mais très vite on va de couverture en couverture, pour assouvir une soif vivifiante d’images hautes en couleurs, et admirer ces agencements de moments clés des histoires tous plus sensationnels les uns que les autres : Fantax fonçant à moto, sautant d’un immeuble, nageant sous l’eau, explosant un vilain, et toujours la belle Patricia semblant en fâcheuse position. Notre héros la sauvera-t-elle des griffes des méchants ? Vous le saurez en lisant ces épisodes reproduits tels quels mais superbement traités par Reed Man qui leur redonne tout leur éclat, respectant même les teintes bistres et bleues de l’époque : chapeau, ça fait plaisir à voir ! Quant aux histoires en elles-mêmes, elles sont dynamiques et cruelles, et l’intrépide et musclé Lord Horace Neighbour n’hésite jamais à passer le costume de Fantax pour se lancer dans le combat afin de pourfendre ceux qui menacent la liberté, comme Al Capy le gangster ou la faction fasciste du Werwolf, car le spectre de la guerre est encore très présent. Fantax devra ainsi empêcher qu’on fasse évader les nazis jugés à Nuremberg… Mais Fantax ira combattre le crime bien plus loin, comme sur l’île de Java où il aura affaire à un puissant mais maléfique Maharadjah. Ses aventures exotiques rappellent évidemment que le mythes des terres lointaines, porté par les grands artistes américains du Golden Age, est encore très puissant dans l’imaginaire collectif. On pense au Phantom, à Terry et ses fameux pirates… La silhouette noire et encagoulée de Fantax traverse les pages avec célérité et puissance : le voici qui bondit, surgissant du haut d’une case comme s’il s’agissait d’un plafonnier, se cramponnant aux façades, bondissant sur les vilains, se jetant dans les airs, plongeant dans l’eau, combattant les bêtes sauvages à mains nues, et bien sûr donnant un fabuleux uppercut aux méchants pas beaux. La dynamique des planches, leur découpage, semble suivre les mouvements du personnage, comme une narration du mouvement entraînant le récit plutôt que l’inverse. Le travail des ambiances, des atmosphères, engendre souvent de très belles cases, comme cette voiture vrombissante surgissant d’une poterne, ou la scène avec les éléphants… « Fantax » est bel et bien une bande dessinée à découvrir ou redécouvrir, véritable témoignage d’une époque contrastée où tout s’est un peu mélangé. C’est un vrai pan de notre patrimoine en bande dessinée que nous proposent aujourd’hui les éditions Connaître Chott, mais aussi l’histoire d’un auteur, puisque Danièle Mouchot signe à la fin de l’album la première partie d’un texte biographique sur son père. C’est donc avec impatience que nous attendons les prochains volumes de cette intégrale, en souhaitant tous les bonheurs éditoriaux du monde à cette œuvre si injustement maltraitée. Vive Chott, vive Fantax ! Fantax !! Fantax !!!
Cecil McKINLEY
« Fantax » T1 (1946-1947) de Chott et J. K. Melwyn-Nash Éditions Connaître Chott (28,00€)
Pour ceux qui habitent dans le coin, il y a une expo sur FANTAX à la FNAC de Nice.
Voici le lien :
http://www.fnac.com/Nice/FANTAX/cp1915/w-4?SpaceID=81
Robert Rocca sera présent à la FNAC de Nice, le 6 novembre, pour dédicacer l’album !!!
A bientôt.
C’est mon prof de Français.Mdr
Je ne sais pas si votre site fonctionne encore, mais je recherche des informations sur 3 publications de la bande dessinée : « Olivier de Port-Vendres » parues en 1941et qui semblent être signées par Chott. Pourriez-vous m’en dire plus, car je n’ai rien trouvé sur internet sur cette parution de 1941. J’aurais apparemment les numéros 2, 3 et 10.
En vous remerciant
Cordialement
BB
Bonjour Bernadac,
Désolé, je ne peux vous répondre sur cette recherche assez pointue… je n’ai pas d’éléments là-dessus…
Bien à vous,
Cecil