« La Javanaise T2 » par Annabel, Cyrus et François Debois

Mata Hari : voilà un nom qui sent l’espionnage, la sensualité, le mystère et le drame, et l’exotisme, car Mara Hari dont on connait les photos dénudées en danseuse javanaise fut une femme ambitieuse au funeste destin. Mais c’est de l’histoire de sa fille que s’inspire ce diptyque, l’histoire de Jeanne, décidée à refaire sa vie là-bas, à Java, en 1917…

Le premier volume, sorti en janvier 2013, évoquait en effet cette femme écœurée par la vie dissolue de sa mère et qui refuse de lui pardonner, alors même que cette dernière est emprisonnée et va être fusillée. Jeanne refuse surtout de lui jurer de ne pas retourner à Java, car c’est ce qu’elle s’est juré de faire !

 Sa mère, de son vrai nom Margaretha Geertruida « Grietje » Zelle, est née en 1876 aux Pays-Bas. Mariée à un militaire, elle s’installe bientôt dans les Indes Néerlandaises et, plus précisément, à Malang, dans l’île de Java, où le couple aura deux enfants. Divorcée, elle obtient la garde de sa fille et s’installe à Paris où elle danse, courtise, se prostitue, fait du cirque, triomphe même dans un numéro de danseuse érotico-exotique sous le nom de Mata Hari (ce qui signifie « soleil » en malais). Pour finir, elle est condamnée à mort pour intelligence avec l’ennemi en temps de guerre et exécutée le 15 octobre 1917 par fusillade, dans les fossés de la forteresse de Vincennes. Pas facile pour Jeanne McLeod d’avoir une telle mère, d’autant qu’en rejoignant Jakarta, Jeanne comprend vite que sa venue est tout, sauf une bonne idée. Elle y est aussitôt arrêtée.

Alors qu’elle tente de s’expliquer, une soudaine explosion la fait disparaître corps et âme. Elle se réveille mystérieusement, très loin de Jakarta, en pleine jungle, dans un dispensaire de la Croix-Rouge, où Jeanne se rend compte qu’elle sait à présent parler le bahasa, une langue locale ! Dès lors, ce ne sont que souvenirs curieux, rencontres bizarres, impressions confuses… Jeanne se retrouve même mêlée à des meurtres rituels et répétés. Son destin se met à recouper les traces de sa mère et celles de Paul Van Voort qui en son temps a initié sa mère et se trouve probablement être un tueur en série… Dommage que la construction du récit soit quelquefois confuse, car la matière et le contexte ne manquent pas d’intérêt et d’originalité. Peut-être ne fallait-il pas vouloir tout mélanger : grande et petite histoire, intrigue policière, fantastique, récit initiatique ? Cela dit, la dessinatrice fait oublier ces difficultés de lecture par un dessin documenté très efficace et par un sens du cadrage qui séduit le lecteur. 

Alors bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/

« La Javanaise  T2 » par Annabel, Cyrus et François Debois

Éditions Glénat (13,90 €) – ISBN : 978-2-7234-9450-2

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