Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« Murena » pleure son dessinateur…
Alors que le monde de la bande dessinée s’apprête à prendre la route d’Angoulême, les éditions Dargaud annoncent une bien triste nouvelle, Philippe Delaby (talentueux dessinateur, notamment du péplum « Murena ») nous a quittés le 28 janvier, à Tournai, à l’âge 53 ans.
Né le 26 janvier 1961 à Tournai, Philippe Delaby étudie la typographie à l’Institut Don Bosco, puis entre à l’École des Beaux-Arts de sa ville natale. Quatrième d’un concours organisé en 1980 par le Courrier de l’Escaut, il gagne la possibilité de publier sa première histoire dans le journal de son choix.
Ce sera l’hebdomadaire Tintin où il propose « La Vengeance », un court récit qui restera de longues années sans suite. Il lui faudra pourtant attendre la fin des années quatre-vingt pour retrouver les éditions du Lombard et publier, en 1987, un premier récit authentique dans Tintin, sur scénario du spécialiste du genre, Yves Duval. Après une tentative de la reprise graphique, à la suite de Didier Convard, de « Cranach de Morganloup » le héros médiéval du scénariste Jean-Luc Vernal (deux pages dans un Super Tintin en 1987), de nombreuses autres histoires à trame historique suivront, dans le journal des jeunes de 7 à 77 ans, puis dans son successeur Hello Bédé (à partir de 1989).
Certaines d’entre-elles seront réunies sous forme d’albums dans la collection cartonnée Histoires de l’Histoire des éditions du Lombard en 1991 (« Arthur au royaume de l’impossible », prépublié entre 1987 et 1988, et « Richard Cœur de Lion : l’épée et la croix », prépublié entre 1989 et 1991), puis dans la collection brochée Les Meilleurs récits de… des éditions Loup (Hibou), en 2003.
Pour Hello Bédé, outre de nombreuses illustrations pour des nouvelles ou le rédactionnel de cet hebdomadaire, Philippe Delaby dessine aussi « Bran, légende née des tourbillons du vent du nord » en 1993, sur un scénario de Jean-Luc Vernal, une histoire éditée en album au Lombard la même année.
Toujours pour cet éditeur bruxellois, il dessine « L’Étoile polaire », une trilogie écrite par Luc Dellisse, proposée en albums de 1994 à 1996.
Rompu à la dure école des récits complets historiques qui impose au dessinateur de passer d’une époque à l’autre tout en maîtrisant son imposante documentation, Philippe Delaby apprend la patience, le souci du détail, le réalisme du trait.
Lorsque Jean Dufaux le contacte en 1993, il fait partie de ces auteurs qui vivent très mal de leur métier, sur le point de l’abandonner. Jean Dufaux sent en lui d’énormes possibilités qu’il ne parvient pas à concrétiser sur le papier.
Il lui permet de retrouver confiance en lui avec le scénario du premier album de « Murena », péplum époustouflant se déroulant à Rome au premier siècle, qui deviendra en quelques années un best-seller de l’édition BD.
Tout en travaillant sur « Murena », dont le premier album paraît en 1997 aux éditions Dargaud, il succède à Grzegorz Rosiński sur « La Complainte des landes perdues », toujours avec son ami et coach Jean Dufaux, signant trois albums somptueux : « Moriganes » en 2004, « Le Guinea Lord » en 2008 et « La Fée Sanctus » en 2012. Le neuvième opus de « Murena » a été un des plus grands succès éditoriaux de l’année 2013.
Tout en conservant le classicisme des grands anciens, Philippe Delaby a dépoussiéré la bande dessinée historique par des mises en pages audacieuses, une utilisation originale de la couleur, un traitement adulte du récit, en étroite collaboration avec un scénariste à la fois complice et exigeant. (1)
Après cette disparition brutale on peut se demander ce que vont devenir ces deux séries aujourd’hui orpheline de leur dessinateur.
Henri FILIPPINI
Relecture, notes et compléments, recherches iconographiques et mise en pages : Gilles Ratier
(1) Certains de ces croquis, esquisses ou recherches ont été compilés dans des ouvrages au tirage limité à 500 exemplaires chez Point Image- JVDH (en 2001) ou aux éditions du Sceptre (« Highlanders », en 2006), ainsi que dans un petit album brioché chez Snorgleux éditions « Philippe Delaby Carnet d’auteur », en novembre 2010).
Son évolution graphique a été constante. Quelle disparition cruelle alors qu’il était au sommet de son art !
Pour une triste nouvelle, c’est une triste nouvelle! Cet auteur belge avait su donner de la magnificence à son trait qui venait épouser les scénarios ambitieux et torturés de son ami Dufaux, un vrai scénariste. Cela nous change un peu des multiples collections vécues, cher Monsieur Filippini, mais le problème demeure: qui aura le talent nécessaire pour terminer l’histoire en cours des Landes perdues, et de Murena dont seul le début de cycle a été publié?
Bonjour,
En tant qu’auteur , je suis continuellement désespéré de lire les commentaires des uns et des autres , suite au décès de l’un ou l’autre de mes confrères, la question réccurente étant de savoir si quelqu’un pourra reprendre voire terminer la série en cours ( que l’auteur a bien sûr lâchement abandonnée en quittant prématurément notre monde avant d’avoir achevé son travail…), ou si tel ou tel album sera réédité, j’en passe et des meilleures…j’en suis toujours incrédule!!
D’habitude, je laisse faire, mais cette fois, je dis « ASSEZ!!! »
Je prends la plume, une plume noire, une plume de deuil.
Philippe Delaby était certes un grand auteur, très talentueux, mais il était avant tout un grand Monsieur, un Humain, avec ses passions , la BD , oui, mais bien d’autres, sa famille etc….
Nombre d’auteurs, et non des moindres, décident par eux-mêmes de quitter notre monde, usés qu’ils sont par le travail de création, les exigences des uns et des autres, l’indifférence de certains éditeurs…et l’ingratitude et l’égoisme d’une partie du public!
Continuer de faire de la BD à l’heure actuelle, est un véritable parcours du combattant, pour la majorité des auteurs!
J’en ai connu pas mal, et certains parmi mes amis….qui ont laissé tomber…qui ont cessé de vivre , tout simplement.
Philippe était un gars costaud. Il avait encore de beaux jours devant lui…et pas seulement pour l’ogresse Bande dessinée!
La Faucheuse en a décidé autrement!!!
Alors , je demande, par respect pour lui, et pour l’ensemble de la profession, de vous abstenir de commentaires déplacés.
Ca doit être possible. Je l’espère!
Et surtout : le SILENCE.
Merci
Moi je ne suis pas choqué par ce genre de demandes ou meme d’espoirs ! Oui l’espoire de voire l’oeuvre de ces auteurs continuer, perdurer ! Car ces auteurs, si on les aime c’est pour leurs oeuvres !
Car la plupart d’entre nous ne les connaissons pas personnellement ! Et nous les voyons en tant qu’artistes !
Faire durer l’oeuvre d’un auteur qui est parti est le plus beau des respects que son lectorat peu lui apporter !
Quand Franz nous a quitté, Faure et Cortegiani ont bouclé la boucle de poupee d’ivoire! Le lombard a sorti les 2 derniers lester C.
Quand Michel Crespin nous à quitté, il a laissé derriere lui un album innaché dans lequel il avait mis tant et tant de choses ! Un investissement incroyable ! Lui rendre hommage aurait ete qu’un autre termine cet album !
Les auteurs sont aussi des personnes publiques. Ils sont aimé en plus du commun des mortels par un lectorat ! Cet amour n’est pas le meme mais le respect l’est !
Bonjour.
Eh bien moi je suis choqué par votre commentaire. On vous parle d’un être humain, de ce qu’il peut y avoir d’indécent à penser à la continuité de son œuvre parce qu’il serait un artiste avant d’être un homme, et vous répondez de plus belle sur cette indécence.
Peu importe que vous ne connaissiez pas un artiste personnellement, ce n’est pas pour ça que ce n’est pas un être humain avant tout, avec sa vie personnelle, sa famille, ses amis, et tout ce qui le constitue avant qu’il ne se mette devant sa table à dessin.
Votre commentaire me met en colère, après ce si beau message de Sternis qui aurait mérité que personne ne surenchérisse dessus, pour laisser enfin place au SILENCE, comme il le souhaite. Les auteurs, si on les aime, ce n’est pas en premier pour leurs œuvres, non, mais bien pour leur nature, leur être intérieur, leur personnalité qui font qu’ils créent telle chose et pas une autre. Une œuvre n’est que la branche d’une arborescence personnelle. Il est très déplaisant et perturbant d’apprécier une belle œuvre réalisée par un salaud, cela pollue le plaisir qu’on peut en tirer. Par contre, savoir qu’un auteur est une belle personne, cela change tout, y compris le visage de son œuvre.
Après, qu’on ait l’espoir qu’une série continue après la mort de son auteur, cela peut se concevoir, mais est-ce vraiment le bon moment pour parler de ça, et est-ce vraiment obligatoire de le dire sur la place publique, plutôt que de le garder pour soi afin de ne pas heurter ceux qui restent? Contrairement à ce que vous dites, je ne pense pas que le plus bel hommage qu’on puisse rendre à un auteur disparu soit de faire continuer son œuvre inachevée. Lui rendre hommage, humainement, ce peut être aussi laisser les choses en l’état, parce que c’était sa création, et que personne n’a à y ajouter quelque chose, à part bien sûr pour faire acheter des albums aux fans qui ne voient pas plus loin que le bout de leur collection qui s’arrête avant la fin… Grand fan de Franquin, j’aurais préféré ne jamais voir ce funeste « Gastoon » sortir, ni rien sortir d’autre, pour qu’on lui foute la paix une bonne fois pour toutes. Ce n’est pas un hommage, c’est tout le contraire de cela.
Ces fameux arguments que vous nous sortez sur l’amour et le respect et l’hommage faits à un auteur par son œuvre qui perdurerait au-delà de lui n’est qu’une fumisterie de petit fan étriqué, je ne vois pas où le fait de compléter l’album de Crespin par un autre serait un hommage, au contraire: il doit rester en l’état, il est beau ainsi, inachevé, pur, sans intentions éditoriales ultérieures plus ou moins crapuleuses. À moins bien sûr que ça ait été la volonté avouée de l’auteur de voir son œuvre être reprise par d’autres; mais là aussi, on peut tout de même attendre que l’homme soit enterré et qu’un deuil soit fait avant de monter ainsi au créneau… Je ne connaissais pas Delaby personnellement, je n’ai rien à gagner à écrire tout cela, mais je pense avant tout à ses proches, et à la disparition d’un être, et pas à ses albums qui ne verront jamais le jour…
Cecil McKinley
Merci beaucoup Cécil..;
vous avez tout compris…il n’ ya avait pas à enchérir en effet…mais la plupart des « fans » de quoi que ce soit …sont malheureusement égoïstes…dans « fan » il y a « fanatique »….
Je ne commente quasiment jamais, mais là, c’était un devoir pour moi…pour Philippe..et les autres …c’est fait, et je m’arrête là..
merci beaucoup!
Bien à vous
Philippe
murena ,c’est de l’hypocritement correct sans rapport avec la réalité de l’époque censée être représentée, un seul noir grand humaniste, profondément bon, et un seul arabe, borgne mais quand même quasiment invincible.. ben voyons, on dirait du bourrage de crane de sos racisme
Sans parler des gaulois représentés comme des barbares aux moeurs bizarres.. franchement à jeter cette bd.. dufaux a fait mieux, beaucoup mieux