Jean-Claude Gal

Les Humanoïdes associés viennent de rééditer l’ultime bande dessinée de Jean-Claude Gal(1), un extraordinaire dessinateur d’heroic-fantasy qui passa, sur la planète 9e art, telle une météorite, et dont le nom restera à tout jamais attaché à l’aventure Métal Hurlant !

Nous pouvons donc redécouvrir aujourd’hui « La Passion de Diosamante », un scénario d’Alexandro Jodorowsky qui date de 1992 (du moins en ce qui concerne la première parution en album chez ce même éditeur) : cinquante-cinq planches somptueusement mises en images, dans un style précis inspiré par le peintre, sculpteur et illustrateur, américain Frederic Sackrider Remington ou par le dessinateur de « Prince Valiant » : Harold Rudolf Foster.

Et vu les bonus proposés ici, même ceux qui possèdent déjà la première édition, de ce qui fut le premier (et malheureusement dernier) album de Jean-Claude Gal entièrement réalisé en couleur directe, vont devoir casser leur tirelire : ce premier volet étant complété par « Les Enfants de Diosamante », dix-huit planches totalement inédites du second tome de cette œuvre inachevée. Préfacé par le vénérable maître scénariste, l’ouvrage contient également nombre de croquis, crayonnés, recherches et planches interrompues…
Voilà qui fait vite oublier la pourtant louable tentative d’Igor Kordey qui tenta de prendre sa suite : en effet, après le décès de Jean-Claude Gal, ce dessinateur croate fut sollicité pour recréer cet univers ; « Les Enfants de Diosamante » devenant « La Parabole du fils perdu » (cinquante et une planches édités par les Humanos en 2002(2)), mais le résultat, même s’il est très honorable, a du mal à supporter la comparaison.
Ayant eu le privilège de rencontrer furtivement Jean-Claude Gal, le temps d’une courte interview réalisée, avec l’ami Claude Déous(3), pour le fanzine Dommage, nous avons pensé ressortir quelques extraits de cette entrevue pour ponctuer l’évocation de sa trop courte biographie ; d’autant plus que ce professeur de dessin (qui continuait à enseigner tout en réalisant ses bandes dessinées) était très méticuleux et que ses productions étaient donc plutôt rares : « Je concilie difficilement ma profession et la bande dessinée… Cette situation a des avantages et des inconvénients. Côté avantages : la liberté de délais (c’est énorme quand on est dessinateur) et la possibilité (tout aussi importante) de ne dessiner que ce que j’ai envie. Côté inconvénients : ne pas pouvoir dessiner « tout » ce que j’ai envie, notamment des collaborations à certains numéros spéciaux de Métal Hurlant(4) ! Mais aussi faire des couvertures(5), des illustrations, et des bandes dessinées de western ou de science-fiction, par exemple ! De toute façon, je suis trop lent pour me permettre de ne vivre que du dessin et je n’envisage pas, pour le moment, d’abandonner le métier de prof. »

Né à Digne, 6 août 1942, Jean-Claude Gal est décédé d’une hémorragie cérébrale le 23 août 1994, alors qu’il était en vacances en Écosse. Surtout connu pour sa participation à Métal Hurlant, il débute sa carrière artistique, en 1972, en publiant une histoire courte dans l’hebdomadaire Pilote ! « Avant Métal, je n’ai pas fait grand-chose : j’ai subi un refus au journal Spirou, chez qui j’avais apporté un album tout prêt et que j’avais dessiné entre 1967 et 1970 (les cinquante planches en noir et blanc de « L’Aigle de Rome », réalisées dans un style proche de celui de Jacques Martin et qui furent, finalement, éditées chez Pierre Charles(6), en 1981, avec des illustrations et d’autres histoires fantastiques beaucoup plus courtes(7), deux pages pour le fanzine Gélule en 1970 (« L’Assaut final »), quelques illustrations pour le livre « Le Siège Château-Gaillard » chez Gallimard en 1976 et pour des cartes touristiques de parcs nationaux américains (dessinées entre 1971 et 1975) puis, surtout, deux récits pour Pilote (« Le Châtiment » et « Un village perdu, à flanc d’abîme » scénarisé par Jean-Pierre Dionnet)… C’est tout ! ».
C’est justement Jean-Pierre Dionnet qui est à l’origine du lancement de sa carrière dans la bande dessinée. Jean-Claude Gal fait sa connaissance à la librairie « Le Kiosque » de Jean Boullet, alors que le jeune et passionné scénariste réalisait son apprentissage à Pilote. C’est lui qui va montrer les clichés de ses premières histoires fantastiques à René Goscinny, lequel décida alors d’en publier une : « Le Châtiment » (trois pages au n°671 de 1972). Et c’est juste après que Dionnet fait part, à son nouveau dessinateur, d’un projet de scénario composé d’une suite d’histoires courtes regroupées sous le titre « Les Armées du conquérant » : « Mes rapports professionnels avec Jean-Pierre Dionnet sont simples et compliqués… Simples, parce que je le connais de longue date et que nous sommes habitués à notre manière personnelle de travailler : il me donne son texte en me laissant toute liberté en ce qui concerne le découpage et la mise en page ; de mon côté, j’essaie de respecter le dialogue et l’ambiance générale d’une scène. Quand il y a un problème, nous nous concertons pour la mise au point définitive. Compliqués, car si mes obligations professionnelles me prennent du temps, les siennes, en tant qu’éditeur, lui en prennent encore plus ; et la régularité du scénario suit les fluctuations de Métal. »

Jean-Pierre Dionnet soumet alors le synopsis des « Armées du conquérant » à Goscinny qui l’accepte, à condition que l’histoire ne se passe pas dans un passé ou un futur indéterminé, mais au Moyen-âge. Le futur rédacteur en chef de Métal Hurlant réécrit donc l’histoire et prit pour héros « Alphonse et Donatien » : deux personnages qui ne connurent qu’une seule aventure : « Un village perdu, à flanc d’abîme » (huit pages publiées au n°723 de Pilote en 1973). Mais la fin imaginée par Dionnet ne plut pas à Goscinny ; et les auteurs durent refaire les deux dernières pages : la première version ayant été publiée, bien plus tard, dans l’album « L’Aigle de Rome ». La rédaction de Pilote donne quand même son feu vert pour un deuxième épisode dont Gal ne réalise qu’une ou deux pages et qui fut réécrit, plus tard, pour devenir le dernier chapitre des « Armées du conquérant » (les personnages ayant été rebaptisés « Alfan et Danatian ») ; en effet, le magazine, qui s’amuse déjà à réfléchir, est alors en pleine mutation et ne tient plus vraiment à publier des séries d’aventures : « J’ai pratiquement toujours collaboré avec Dionnet ; et après son départ de Pilote, en 1973 ou 1974, nous avons recommencé à faire « Les Armées du conquérant » pour un journal de science-fiction qui devait être publié par Fernand Nathan : Le Snark ! Ce journal ne se fit pas et ce fut, en quelque sorte, Métal qui le remplaça : notre série fut simplement transférée dans ce mensuel ! Et si je n’ai pas utilisé la couleur, c’est un peu par hasard : Métal avait, au début, peu de pages en couleurs et, dans la mesure où j’utilise beaucoup les ombres, mon dessin supportait le passage en noir et blanc. Comme un certain public avait apprécié cela, nous avons continué. Mais j’ai, en fait, toujours eu envie de faire de la couleur…».

Les cinq chapitres des « Armées du conquérant », audacieux récits d’heroic-fantasy réalisés exclusivement en noir et blanc, furent donc publiés aux n°1 (douze planches), 2 (douze planches) et 3 (quatre planches) de 1975, puis aux n°5 de 1976 (13 planches) et au n°14 de 1977 (seize planches) du mensuel Métal Hurlant, avant d’être compilés en un album aux Humanoïdes associés, en 1977 (puis en 1981) :
« Mes rapports avec les Humanoïdes associés sont un peu particuliers, dans le sens où, ne dépendant pas financièrement de la bande dessinée, je reste libre et je ne suis pas soumis à des délais de livraison stricts : je travaille à mon rythme et j’apporte mon histoire quand tout est fini. Ceci dit, avoir fait partie du n°1 de Métal Hurlant, avec Moebius, Druillet, Mandryka et Corben comme partenaires, restera toujours « ma » grande aventure dans le monde du 9e art, celle que rien ne pourra remplacer et qui fait que, sentimentalement, je reste attaché aux Humanos ! »

Jean-Claude Gal s’attaque ensuite à « La Vengeance d’Arn », premier volet de la saga d’« Arn ». Les cinquante-huit pages de cette autre violente histoire d’heroic-fantasy, à nouveau dessinée en noir et blanc et toujours scénarisée par Jean-Pierre Dionnet, sont publiées du n°56 au n°59 de Métal Hurlant, en 1980. L’album sort, en 1981, aux Humanoïdes associés(8).

En raison des nombreux retards scénaristiques de Jean-Pierre Dionnet, coincé entre les tournages de ses émissions de télévision et la comptabilité de Métal Hurlant, Jean-Claude Gal, qui le connaît trop bien pour lui en parler directement, expose son problème à Picaret. Ce dernier lui propose aussitôt de le dépanner en continuant l’histoire entamée par Dionnet.

C’est ce qui explique que, en plus du soin maniaque qu’apporte Gal à son dessin réaliste très fouillé, les cinquante-huit planches de la suite et fin de cette histoire (« Le Triomphe d’Arn ») ne paraissent en album, qu’en 1988 : la revue Métal Hurlant qui s’interrompt au n°133 d’août 1987 n’ayant pré-publié que les vingt-six premières planches à partir du n°131 !

« Ma technique de dessin est pourtant très simple : un crayonné très poussé, un encrage au pinceau exclusivement ; parfois une sorte de combinaison encre de Chine plus gouache blanche (surtout pour les gris et les très petits détails). Quant au thème récurrent de l’heroic-fantasy, ça, c’est le grand mystère… J’imagine que les raisons qui portent vers tel ou tel type d’histoire sont un peu comme les pièces éparpillées d’un puzzle qui se forme dès la petite enfance. Ces pièces se multiplient, se compliquent, se réunissent ou se défont tout au long des expériences que l’on peut avoir et elles finissent par s’emboîter plus ou moins, aboutissant à une sorte de prédilection pour un genre particulier. Dans mon cas, on peut trouver dans ces pièces aussi bien Burne Hogarth que Jijé, Harold Foster que Joe Kubert, les montagnes que le désert, les péplums des années cinquante que les westerns de ces mêmes années, le goût de l’Antiquité que mon enfance passée en Kabylie, etc. Ou peut-être encore l’obsession bizarre de « découvrir » ce qui sépare la réalité de ce qui a existé et l’idée qu’on se fait de cette réalité. »
Entre-temps, vers 1984, Bill Mantlo, un scénariste émérite de la Marvel (sur « Daredevil », « Alpha Flight », « Rom », « Thor », « X-Men », « The Micronauts »…), est très attentif à la production européenne qui est beaucoup plus diversifiée que celle des États-Unis. Or, il a été impressionné par la maîtrise de l’encrage, l’audace de la perspective et la pluridisciplinarité de l’auteur de ce péplum orientaliste qu’est « Les Armées du conquérant » et qui sera très vite publié dans Heavy Metal (le Métal Hurlant local).

Renseignements pris sur Jean-Claude Gal(9), Bill Mantlo (qui vient d’hériter de la responsabilité éditoriale de la revue Epic) est convaincu de sa capacité à reprendre le relais de John Buscema sur la série « Conan ». Il lui propose même un galop d’essai sous la forme d’un court scénario à paraître dans Epic : ce sera les dix pages de « La Cathédrale ». Le contact entre les deux hommes est enthousiaste et les projets s’échafaudent : épisodes annuels de « Conan », une série western, l’adaptation du « Salammbô » de Flaubert en heroic-fantasy… Seulement voilà, la direction des Humanoïdes associés se sent trahie car Gal s’est engagé à finir le dessin de la saga d’« Arn » ; pour finir d’arranger les problèmes, le dessinateur est trop attaché à son sol natal pour venir vivre aux USA. « Pendant longtemps, j’ai occupé mes loisirs en voyageant, notamment au Sahara et dans le sud-ouest américain où j’ai vécu quelque temps. Actuellement, étant chargé de famille depuis peu, ils se limitent à la lecture. »

Et quand « La Cathédrale » est achevée, deux ans plus tard, Bill Mantlo a pris du recul vis-à-vis de ses activités de scénariste et le support américain auquel ce récit était destiné a définitivement cessé de paraître : c’est Pilote qui le publiera dans le n°139 du mensuel, en 1986. C’est ainsi que ce dessinateur, qui aimait tant le contact particulier avec la partie la plus passionnée de son public, ne dessina jamais « Conan »(10) : « Bien sûr, les séances de dédicaces sont souvent épuisantes – plus qu’on ne le pense généralement – mais, personnellement, je fais toujours volontiers un dessin à l’acquéreur d’un album, Dans la mesure où l’on essaie de varier les dédicaces, c’est d’ailleurs un exercice assez enrichissant. ». Dont acte, sur l’image de gauche…

GILLES RATIER, avec Christophe Léchopier (dit « Bichop ») à la technique

(1) Il ne faut pas confondre Jean-Claude Gal avec le dessinateur Georges Langlais qui signait Gal, lui aussi, mais dans les années 1950 ! Il fut le principal illustrateur de la série « Les Grands noms de l’Histoire de France » écrite par Jean-Michel Charlier dans le magazine Pistolin, entre 1955 et 1958 (voir l’excellent site http://www.jmcharlier.com), celui de plusieurs « Belles histoires de l’Oncle Paul » scénarisées par Octave Joly dans Spirou, et de la série « Brazza le Conquérant » dans L’Intrépide. Curieusement, son style, aux noirs très appuyés, peut faire, éventuellement penser, à celui de Jean-Claude Gal, mais en moins minutieux !

(2) La même année, les Humanos rééditèrent « La Passion de Diosamante » sous le titre « Diosamante tome 1 : La Parabole du Royaume en feu ».

(3) Claude Déous, professeur de dessin aujourd’hui à la retraite, est le co-fondateur (avec un certain Gilles Ratier) de la revue amateur Dommage qui parût de janvier 1981 à janvier 1985 et qui reçut l’« Alfred » du meilleur fanzine au festival d’Angoulême, en 1983. Si Claude a produit de nombreuses bandes dessinées pour ce magazine, il n’a publié qu’un seul album, dans un style très « ligne claire » : « Ombres chinoises » chez Lucien Souny, en 1986.

(4) Ce fut pourtant le cas puisque, outre « Les Armées du conquérant » et les aventures d’« Arn », Jean-Claude Gal réalisa les travaux suivants dans Métal Hurlant :
- une illustration au n°19 de 1977
- « Le Jour où j’ai vu Elvis » : un récit complet de trois pages au n°45bis de 1979
- une collaboration d’une planche et demie au cadavre exquis « Coup dur à Stalingrad », au n°50 de novembre 1980
- une reprise d’« Un village perdu, à flanc d’abîme », sous le titre « Alphonse et Donatien », au n°57bis de 1980 (spécial « Anthologie de l’âge d’or »)
- « Sous le signe du lion » : quatre pages scénarisées par Yves Cheraqui au n°77 de 1982 et qui furent reprises dans l’album collectif « Zodiaque » paru aux Humanoïdes associés, en 1983
- une illustration pour l’éditorial de Joe Staline au n°95 de 1984
- « La 100ème femme de Barocek » : quatre pages scénarisées par Philippe Picaret au n°100 de 1984
- une illustration pour le rédactionnel « Texas hurlant », au n°113 de 1985
-une illustration pour l’éditorial de Claude Gendrot, au n°131 de 1987

(5) Jean-Claude Gal n’illustra, en fait, que la couverture de « L’Enfant contre la nuit » chez Robert Laffont (en 1978), celles de deux albums de « Garth » pour Pierre Charles aux éditions de L’Espadon en 1979 (voir note n°6) – il s’agit de « La Guerre des galaxies » et « Les Monstres des abysses », album finalement non publié mais dont la couverture est reproduite en couleur au dos de « L’Aigle de Rome » et en noir et blanc au dos du troisième album de la série, « Le Grand massacre », en 1980 – et celles de deux romans d’Edgar Rice Burroughs publiés par Temps Futurs, en 1982 : « Caspak, monde oublié » et « Hors de Caspak ».Á noter que l’on peut aussi trouver huit pages de croquis inédits de Jean-Claude Gal dans le deuxième (et dernier ?) numéro du fanzine Le Crobard, en 1978. Publié par les éditions du Genou, diffusées à l’époque par Futuropolis, il s’agit du fameux Dugenou (alias le maquettiste Philippe Ghielmetti) dont parle Florence Cestac dans son amusant bouquin « La Véritable histoire de Futuropolis » chez Dargaud !

(6) Le regretté Pierre Charles (1952-2003), qui fut l’éditeur de Ciné-Zine-Zone et du fanzine Le Fulmar, ainsi que le rédacteur en chef de Ciné-Choc, lui publia aussi deux autres courts récits en complément de ces compilations de la bande dessinée anglaise « Garth » de Frank Bellamy (encore un fabuleux dessinateur dont il faudra bien qu’on vous parle un jour à travers l’un de nos « Coin du patrimoine ») et Martin Asbury :
- les cinq pages inédites du péplum « Le Mirmillon noir » (réalisées en 1971) dans « La Guerre des galaxies », le tome 1 de «La Collection de l’espadon » (au troisième trimestre 1979) dont Gal illustre aussi la couverture
- les trois pages inédites du western « Une Nuit de repos » (réalisées en 1971) dans « Le Gouffre dans l’espace », le tome 2 de « La Collection de l’espadon » (au quatrième trimestre 1979).
« C’est en « chinant » dans les librairies parisiennes, il est collectionneur et moi aussi, que j’ai établi mon premier contact avec l’éditeur Pierre Charles. »

(7) « L’Aigle de Rome » comporte également les récits suivants :
- les trois pages du « Châtiment » pré-publiées dans Pilote, en 1972
- les deux pages de « L’Assaut final » pré-publiées dans le n°1 de Gélule, en 1970
- les deux pages inédites de « La Montagne des génies » réalisées en 1972
- les dernières pages, refusées par Goscinny, de la première version d’« Un village perdu, à flanc d’abîme » et les essais du deuxième épisode d’« Alphonse et Donatien »
- quelques pages inachevées, les illustrations pour le livre « Le Siège Château-Gaillard » et pour des cartes touristiques de parcs nationaux américains.

(8) L’album « Épopées fantastiques » (aux Humanoïdes associés en 1995) reprend l’histoire « La Cathédrale », « Les Armées du conquérant » « La Vengeance d’Arn » et « Le Triomphe d’Arn » avec une post-face de Philippe Druillet ; il propose aussi les quatre pages, scénarisées par Jean-Pierre Dionnet, intitulées « La Vengeance d’Arn – Fragments », qui ont été publiées dans le n°88 de Métal Hurlant, en 1983, et dans la réédition de l’album aux Humanos, la même année.

(9) Pour en savoir plus sur Jean-Claude Gal, on peut également consulter le n°6 de Tilt Magazine (publiée en novembre 1982). Dirigée par Jacques Dhelliez (voir http://www.bdniouz.com), cette revue contient aussi un long entretien avec ce fabuleux dessinateur ; il y raconte, entre autres, son entrevue chez Dupuis : « J’étais allé me présenter chez Dupuis et j’avais vu Maurice Rosy, le directeur artistique de l’époque. J’étais resté cinq heures avec lui, à discuter. « L’Aigle de Rome » lui plaisait bien. Au bout de ces cinq heures, on est allé voir Dupuis : Monsieur Dupuis en personne ! Il était dans un bureau immense, un cigare à la bouche : on aurait dit Citizen Kane ! Ça reste un grand souvenir. On a parlé un moment, puis il m’a dit qu’il verrait. Au bout de quelques jours, ils m’ont renvoyé l’histoire, en me disant qu’ils l’avaient lue mais que c’était un peu trop dur pour de jeunes enfants… J’avais prévu le scénario complet de trois histoires et le synopsis d’une quatrième : cela faisait cinq albums en tout ; ce que je voulais faire, c’était un truc à la Hubinon : une saga. J’avais vu ça sur dix ans… »

(10)Tous les éléments de cette anecdote peu connue proviennent de l’excellent article de Pierre-Yves Mareau-Saladin (qui conte tout cela avec force de détails supplémentaires) dans le n°70 (été 2007) de Scarce : la revue spécialisée sur les comics.

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9 réponses à Jean-Claude Gal

  1. Je ne sais pas si cela est digne de faire de la retape sous cet excellent article.
    Mais il peut être bon de savoir pour les amateurs de Jean-Claude Gal que nous vendons les trois volumes de Garth sur Paris, à 3 euros le pack (soit 1 euros au lieu des 13 de la cote BDM).
    Si ce message passe, qu’il est donc approuvé, j’indique l’adresse :
    aaapoum Bapoum
    14 rue Serpente
    75006 Paris
    0144073772.

  2. Gamin, j’avais osé montrer mes premières planchounettes (copies de Arn et de chevalier Ardent) à Jean-Claude Gal, au festival BD de Hyères. Il me les avait disséquées et m’avait donné de bons conseils (« travaille en volumes » …). Il n’y avait pas de queue devant lui ni devant personne car c’était cool à l’époque (o tempora o mores). Tremblotant, je lui ai fait dédicacer un Arn tout bousillé que j’avais acheté trois francs six sous dans je ne sais quel bouge infâme et un autre sans doute acheté sur place avec mes maigres économies de lycéen (Cosette, c’est moi). Avant de partir en courant je lui avait dit d’un trait, rouge de honte, « Vousêteslemeilleurdessinateurréalistequejeconnaisse ». Il a esquissé un sourire de modestie. C’était une crême d’homme.
    Plus tard, j’ai racheté ses albums et mes suis fait tout la collection des Métal Hurlant que je ne connaissais pas à l’époque. Voilà … je raconte encore ma vie …
    C’est de votre faute, aussi .. Vous ravivez de douloureux souvenirs comme celui de son départ précipité.
    dédicace 1
    dédicace 2

  3. Merci pour vos articles enrichissants et précis.
    A propos de la note 6, je pense qu’il faut rectifier un petit détail : Martin Asbury ne signe pas des scénarii pour F. Bellamy. Il lui succéda après son décès en 1976. Leur style graphique diffèrent beaucoup, mais sont tous deux efficaces. N’oublions pas que ces forçats devaient aligner un strip par jour.
    Pour son édition Pierre Charles fit le choix d’empiler ces strips quotidiens par cinq sur de grandes planches… Cela provoque un effet un peu étouffant au détriment de notre attention. Mais ces éditions ont le mérite d’exister.

    • Bdzoom dit :

      Évidemment, vous avez raison ! C’est la preuve que je ne suis pas parfait (humour !)…
      Merci pour votre précision !
      Cordialement
      Gilles Ratier

  4. Norman Boyd dit :

    Pouvez-vous s’il vous plaît me dire si le « Garth: les monstres des abysses » n’a jamais été publié? Merci, Norman

    • Gilles Ratier dit :

      Bonjour !
      Comme indiqué dans la note n°5 de l’article consacré à Jean-Claude Gal :  » Ce dessinateur illustra la couverture de « Les Monstres des abysses », album finalement non publié mais dont la couverture est reproduite en couleur au dos de « L’Aigle de Rome » et en noir et blanc au dos du troisième album de la série, « Le Grand massacre », en 1980″.
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

  5. valeria dit :

    je viens d’acquérir la vengeance d’Arn, recemment colorisée par Dan Brown.c’est magnifique.dès que j’ai feuilleté l’album en magasin , j’ai craqué pour l’organisation des vignettes ,ces dessins aux détails qui font qu’on n’en finit pas de scruter la page et ce souffle épique, grandiose et viril.
    quel dommage que Gal n’est pas dessiné Conan!

  6. cateux fabien dit :

    bonjour , je suis artiste peintre et prof d’arts plastiques , je le dois en partie à jean claude gal que j’ai eu comme prof pendant trois ans, et que j’ai revu ensuite, bravo pour cet article qui lui rend homage;
    pour avoir vu des originaux et la taille impressionante de ceux ci , les albums en taille standards perdent beaucoup de la précision ahurissante et géniale qu’il avait.
    merci
    fabien

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