Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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Le moins que l’on puisse dire sur Éric Stalner, c’est que ce stakhanoviste n’en finit pas de produire des séries réalistes feuilletonesques fort divertissantes, tant sur le plan historique (« Ils étaient dix », « La Croix de Cazenac » ou « Flor de Luna ») que sur celui du polar (« La Liste 66 » ou « Blues 46 ») et de l’anticipation : particulièrement avec la saga à auteurs multiples « Voyageur » ou avec cette humaniste et lyrique « Zone » qu’il réalise en solo.
Et malgré le rythme impressionnant de sa production, Éric Stalner arrive toujours à composer des planches riches et savamment construites, où son trait élégant, rehaussé par les lumineuses couleurs de Bruno Pradelle, fait mouche à tous les coups…
Annoncé en quatre tomes, son nouveau récit écologiste, et un brin alarmiste, met en scène un monde futuriste (dans une Grande Bretagne dévastée, en l’an 2067) où la population, victime d’un virus foudroyant, a été décimée à 95 %, 48 ans plus tôt… Et les survivants tentent d’échapper, par tous les moyens, aux clans formés par ceux qui ont été contaminés ! Aventurier dans l’âme, un jeune érudit va pourtant partir affronter tous les dangers de cette jungle chaotique et inhospitalière ; ceci afin de retrouver une jeune fille qu’il avait pris sous son aile et qui a fugué en volant la carte qui permet de quitter la Zone : un petit village vivant en autarcie et qui a fait table rase des préceptes du passé.
Si cette quête initiatique (dont le second tome est déjà annoncé pour le mois de novembre prochain) ne brille pas totalement par son originalité, les personnages sont attachants, l’histoire est prenante, les dessins sont de toute beauté et la narration est vraiment convaincante : que demander de plus ?
Gilles RATIER
? La Zone T.1 : Sentinelles ? par Éric Stalner
Éditions Glénat (13 Euros)