Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Après avoir expérimenté diverses techniques narratives et peaufiné son style graphique dans diverses bandes dessinées plus légères (le scénario de science-fiction d’« Ether Glister » et l’illustration d’album pour enfants de « Madame la Lune », chez Delcourt) ou carrément plus expérimentales (ses deux tomes du « Bel inconnu » chez Carabas), l’ancienne élève de l’école des Beaux-Arts d’Angoulême qu’est Nathalie Ferlut s’est affirmée, l’an passé, avec « Lettres d’Agathe », également paru dans la toujours très intéressante collection « Mirages ».
Avec ce portrait poignant et bouleversant, qui lui a permis de décortiquer les rapports entre mères et filles, elle a réussi à ne jamais tomber dans le cliché, maniant de façon plutôt subtile les moments où l’héroïne, sous le poids de la culpabilité, est à deux doigts de se désintégrer.
Et on retrouve ce même procédé d’écriture, à la grande force émotionnelle et assez littéraire, somme toute, dans ce subtil conte, triste et malicieux à la fois, qui nous parle de la fin de l’adolescence. À la fin de l’automne 1989, alors que le mur de Berlin vit ses dernières heures, sa nouvelle héroïne ne sait pas quoi faire de sa vie, traînant, sans conviction, son look de petite punkette romantique dans les rues et les bars de sa ville. Élisa (appelée ainsi en référence à la chanson de Serge Gainsbourg) se met alors au défi de séduire un homme bien plus âgé qu’elle… ; et elle va découvrir à la fois l’amitié, l’amour et la mort !
Voici un récit intelligent et sensible que la dessinatrice (et scénariste) a su porter tout au long des 110 pages de ce bel ouvrage où la vie de jeunes gens pessimistes, qui ne demandaient pourtant qu’à croire aux beaux discours censés changer le monde de la génération précédente, est remarquablement restituée. Ceci grâce à un dessin lâché (qui fait souvent penser à celui de l’Anglaise Posy Simmonds), à une colorisation aux ambiances radicales dues à Thierry Leprévost, à des personnages forts dans lesquels on s’identifie rapidement et à une narration aussi originale qu’efficace : au final, il s’agit certainement de l’un des plus beaux livres de ce début d’année !
Gilles RATIER
? Élisa ? par Nathalie Ferlut
Éditions Delcourt (14,95 Euros)
non pas ça ce n’est pas bien ça pas du tout.