Alors, Kaboom ? Oui, pas mal, et vous ?

Voici le deuxième numéro de ce nouveau magazine de bande dessinée (comme le revendique le logotitre) au nom accrocheur, mais quelque peu intrigant, qui est largement diffusé en kiosque. Après un premier opus au sommaire un peu plus généraliste, tiré à 50 000 exemplaires à l’occasion du Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême, cette seconde livraison est largement consacrée aux mangas — ceci afin de coïncider avec Japan Expo —, ainsi qu’aux comics ; pour être en adéquation avec le Comic’on et la sortie, sur les grands écrans, du nouveau film avec Superman : Man of Steel. Une revue pour geeks ? Oui, mais pas que…

Proposé par l’agence 2B2M pour compléter l’approche culturelle du bimestriel Chronic’art, Kaboom coûte un peu moins de 7 euros, paraît trois fois par an, et aborde quand même la bande dessinée franco-belge ; ne serait-ce qu’à travers d’intéressantes interviews de Mezzo et Michel Pirus, de Ted Benoît ou de Jean-Marc Rochette ; cette dernière étant croisée avec celle du réalisateur coréen Bong Joon-Ho, lequel s’exprime sur son adaptation du « Transperceneige » écrit par Jacques Lob.

D’ailleurs, si on en croit le rédacteur en chef Stéphane Beaujean, cofondateur des librairies Aaapoum à Paris et membre du nouveau triumvirat à la tête de la programmation artistique du festival d’Angoulême, dans l’éditorial du premier numéro : « Ici, la bande dessinée n’est pas traitée comme un univers cloisonné, mais comme un miroir orienté sur notre monde dont le reflet est simplement fait de dessin. La parole est le plus souvent laissée aux auteurs, de tous genres, pays, ou époques, qui confient ce que le dessin traduit de leurs désirs et de leurs peurs… »



La bande dessinée devient donc un point de départ pour d’autres sujets esthétiques, politiques ou sociaux, et leurs articles se veulent complémentaires de ceux, plus spécialisés, de mensuels comme dBD, CaseMate ou Zoo.

 Cette ligne éditoriale qui tente, aussi, de toucher un nouveau public est, certes, séduisante, d’autant plus qu’elle laisse une grande place à l’expression d’auteurs aussi différents que les Américains Brian K. Vaughan ou les Japonais Naoki Urasawa, Takehiko Inoue, Taiyô Matsumoto et Yoshihiro Tatsumi, analysant aussi bien le mythe « Superman » que l’histoire de la mythique revue japonaise Garo, en utilisant un langage à mi-chemin entre la fluidité journalistique et la haute tenue universitaire. Ceci dit, l’amateur de bandes dessinées classiques risque de rester un peu sur sa faim, car cela laisse quand même, au final, une très large part à la culture geek…

Sachez, enfin, que deux couvertures sont disponibles pour ce très recommandable n° 2 : l’une dédiée au manga « Hokuto no Ken » de Tetsuo Hara et Buronson (voir Ken revient en grandes pompes…) et l’autre reprenant la couverture de l’excellente anthologie « Superman » publiée en mars par les éditions Urban Comics (voir « Superman Anthologie »).

Gilles RATIER

Kaboom n° 2 - Prix : 6,95 euros

Directeur de publication : Benoît Maurer

Rédacteur en Chef : Stéphane Beaujean

Directeur Artistique : Vincent Montagnana

Rédacteurs : Mitsuhiro Asakawa, Julien Bastide, Stéphane Beaujean, Léopold Dahan, Xavier Guilbert, Olivier Malosse, Saica Matsuzaki, Sylvain Quément, Miyako Slocombe et Nicolas Tellop

 

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6 réponses à Alors, Kaboom ? Oui, pas mal, et vous ?

  1. Merci pour ces précisions, cher Monsieur Ratier. Effectivement, il y a un peu trop de mangas et de comics à mon goût dans ce numéro, mon dieu, les pages consacrées au franco-belge doivent au compter quinze au maximum, bel exemple de la défense de l’exception culturelle française… Superman ne doit pas être un héros pour « geeks », comme vous dites (ni même pour les greeks qui ont d’autres chats à fouetter actuellement, un peu comme leurs voisins turcs), sinon le film qui vient de sortir n’aurait pas des millions de spectateurs rien qu’en France et en Belgique. C’est un héros mythique, traduit dés 1940 environ dans le journal de Spirou, ce qui montre le flair de Monsieur Dupuis.. Maintenant, pour le reste… Monsieur Beaujean travaille pour le FIBD (un sacré scandale, que leurs dernières listes, et même la nomination du Grand Prix évoque par son absence de transparence celles qui ont lieu à l’UMP: triste référence…), et si je n’ai jamais vu sa plume dans les pages des excellents Casemate ou DBD, il me semble qu’il collabore activement à toute la presse branchée parisianiste. Donc je vais me contenter de feuilletter ce numéro à la Maison de la Presse.

    • Ah… Monsieur Pincemi est sans doute trop jeune pour avoir connu l’époque où Monsieur Beaujean officiait dans l’excellent DBD.

      • Effectivement, Monsieur Vlad, pour le peu que j’ai lu DBD, un peu trop grand public à mes yeux (je préferais des revues comme Hop et Haga, Cahier de la BD et le Collectionneur, hélas tous disparus, mais rédigés par des passionnés compétents à l’attention des collectionneurs exigeants), il est principalement rédigé par Messieurs Bosser et Filippini. Mais je n’ai pas pris la peine de vérifier dans ma collection, et vous pouvez deviner que je mémorise plus les noms des auteurs que ceux des journalistes BD (j’en reste aux précurseurs Sadoul, Frémion, Gaumer, Filippini et cie). Je m’étais contenté de faire une recherche sur google, où il n’est fait aucune mention de sa participation passée à DBD, mais plutôt de revues comme celles éditées par Karmitz, les Inrocks ou Chronic art. Il y a même Du9. Joli condensat de la branchitude parisianiste, à mille lieues de la réalité des marchés…

  2. stéphane beaujean dit :

    Ah oui, c’est sûr qu’il faut baigner dans la bande dessinée depuis fort longtemps pour ce souvenir des nombreuses années où j’ai collaboré à DBD. C’était le bon temps de mes débuts à AAAPOUM BAPOUM et dans la presse, j’étais encore fringuant à l’époque.

    Plus sérieusement, ce numéro de Kaboom est plutôt orienté sur le Japon et sur un magazine de bande dessinée japonaise des années 60, d’avant garde à l’époque, et qui a eu une influence considérable sur la vie politique.

    Je ne sais pas si c’est geek, je n’en ai pas le sentiment. Mais je pense que quiconque aime la bande dessinée peut se pencher avec intérêt sur l’un des rares moments de l’histoire du monde (le seul avec le cas argentin à ma connaissance) où le neuvième art a joué un rôle de premier plan dans l’influence d’une société. Comme si Pilote avait aidé à déclencher le mai 68 français en somme.

  3. Mario dit :

    Hop! existe encore grâce à qui vous voulez…je dirai exclusivement grâce à ses collaborateurs et à ses lecteurs fidèles.
    Quant au contenu de ce numéro et même si Manga et Comic ne sont pas mes tasses de thé, je trouve intéressant qu’on parle des autres Bandes Dessinées internationales.
    Perso, j’essaie d’acheter régulièrement des ouvrages de Hollande, d’Autriche, d’Allemagne, même si je découvre qu’il y a majoritairement du matériel étranger.
    J’espère que, sans oublier la F-B, d’autres « nations » seront mises à l’honneur, que ce ne sera pas un simple « je surfe sur la vague de ce qui marche en ce moment » et qu’on parlera aussi de la Bande Dessinée Populaire.
    ;o)

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