Le Prix Artémisia 2010

Après Johanna Schipper pour Nos âmes sauvages (Futuropolis) en 2008 et Tanxxx & Lisa Mandel pour Esthétique et filatures (KSTR) en 2009, le Prix Artémisia 2010 est décerné à Laureline Mattiussi pour L’Ile au poulailler (Treize étrange).

-Talent en vue ! a lancé du haut du grand mât la vigie d’Artémisia.
Nos yeux se sont braqués sur un navire pirate arborant un pavillon du plus beau noir, cette couleur qui, dit-on, contient toutes les autres.
À son bord, une femme aux longs cheveux nattés, couteau entre les dents et pistolet au poing, vêtue d’une chemise rouge et d’un pantalon flottant. Une nature forte, débordant d’audace et de courage. Chose inhabituelle, cette créature du diable navigue à la tête d’une bande de flibustiers ! Dans les récits d’aventures maritimes les femmes sont plus souvent prisonnières à fond de cale ou en proie à quelque état d’âme sur le pont du navire, la tête nichée au creux de l’épaule d’un beau capitaine.

Le jury d’Artémisia s’est immédiatement emballé pour cet album original dont le graphisme audacieux, énergique, dynamique ne s’encombre ni de détails ni de fioritures.

Les images de Laureline Mattiussi vont droit à l’essentiel. Le trait est fluide, souple, vivant ; les corps et les visages sont expressifs, non sans parfois quelques outrances qui en font la puissance et la singularité. Nulle mièvrerie dans cet album. Aucune complaisance non plus à l’égard des lecteurs du sexe dit fort. Cette piratesse n’est pas là pour que le guerrier se repose, mais pour l’affronter, le défier. Ce n’est pas une jolie nana aux traits délicats, à la bouche pulpeuse, à la taille de guêpe et à la poitrine opulente, non, c’est une chef de meute mal fagotée dans des vêtements d’hommes trop grands et qui se présente toutes griffes et dents dehors.

Notre ?héroïne?, enfin, ne va pas à l’abordage des seuls navires, mais également des matelots qu’elle trousse et détrousse, séduit et abandonne gaillardement.

Nous avons affaire à une femme libre et téméraire, une guerrière de la mer, comme on les aime chez Artémisia.

Les dialogues sonnent juste et le rythme du récit, tout en voguant agréablement au fil des vignettes, nous tient en haleine jusqu’à la dernière bulle.

Le tout est servi par un bel et grand album de 80 pages et par un papier mat sur lequel les couleurs en aplats de la maîtresse d’équipage Isabelle Merlet font merveille.

Il nous est souvent arrivé de penser au Pravda et au Jodelle de feu Guy Pellaert en lisant cet album.

Ce récit se déploie sous la plume d’une jeune dessinatrice, Laureline Mattiussi, qui n’a produit qu’un seul album avant celui-ci mais nous semble déjà faire preuve d’un grand savoir-faire et d’une parfaite maîtrise de son art.

Nous attendons le deuxième tome de cette aventure avec impatience!
Captain Laureline, Artémisia te salue et te souhaite bon vent !

(Communiqué Artemisia)

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