Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...« Canicule » par Baru [d’après Jean Vautrin]

Décidément, les adaptations de romans en bande dessinée proposées ces derniers temps sont assez remarquables. Après le « Millenium » vu par Homs et Runberg ou « L‘Étranger » version Ferrandez, cette mise en images musclée par Baru d’un des premiers polars de Jean Vautrin (alors qu’il signait de son vrai nom, Jean Herman, des scénarios de films) vaut également le détour !
Ce roman publié en 1982 a servi de base au film éponyme d’Yves Boisset, réalisé deux ans plus tard, avec Lee Marvin, Jean Carmet et Victor Lanoux dans les principaux rôles : dans la fournaise d’un été caniculaire, un gangster américain(1) s’est perdu dans les plaines de la Beauce profonde après un casse qui a mal tourné. Il essaye d’échapper à la fois à ses anciens complices et aux forces de police qui l’ont acculé dans un petit périmètre, à proximité d’une ferme dans laquelle il pense trouver le salut. Il enterre alors discrètement son magot dans un champ et se cache dans un grenier. Seulement voilà, chacun de ses faits et gestes a été épié et il se trouve confronté à un monde de barjots composé d’un tyran domestique libidineux, d’une femme haineuse, d’un beau-frère confit dans l’alcool, d’un enfant battu, d’une folle nymphomane et d’une vieille servante au bord de la tombe. Un récit sanglant et explosif dont l’ambiance rurale se rapproche des meilleurs romans noirs de Jim Thompson ou Charles Williams…
La prestation de Baru, elle, est particulièrement noire et spectaculaire, dans l’esprit de sa précédente adaptation du « Pauvres z’héros » de Pierre Pelot, également chez Casterman. D’emblée, il impose sa vision déjantée de la France profonde, mélange malin du cinéma d’ Audiard et des films gore, grâce à son ton exacerbé, son trait dynamique, son rythme cassant et ses couleurs éclatantes…
Gilles RATIER
(1) Détail amusant, le gangster ressemble curieusement à Baru, lui-même !
Canicule » par Baru [d’après Jean Vautrin]
Éditions Casterman(18 €) – ISBN :978-2-203-05931-3