Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Le Marsupilami regagne son nid, et Gaston aussi…
Comme vous le savez déjà tous, les éditions Dupuis viennent de racheter Marsu Productions. La vénérable entreprise de Marcinelle récupère donc, ainsi, l’ensemble des droits d’exploitation de l’univers d’André Franquin, notamment tout ce qui concerne le « Marsupilami » et « Gaston » : séries créées dans le beau journal de Spirou !(1) Voilà qui nous permet d’espérer de belles intégrales à venir, la grande compétence de Dupuis en ce domaine étant, aujourd‘hui, reconnue comme telle. Pourtant, à l’époque, c’est bien le plus célèbre dessinateur de « Spirou » qui avait décidé, lui-même, de rejoindre la jeune maison monégasque. Il reprochait alors aux Dupuis de n’avoir jamais rien proposé avec ce personnage qui était pourtant publié dans leur journal depuis trente ans : mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis… Pour célébrer ce retour aux sources, bdzoom.com vous a retrouvé une interview que Philippe Mellot avait réalisée le 30 juin 1988, à l’occasion de la sortie de l’album n°2 du « Marsupilami »(2), dans laquelle le maître lui avait confié quelques secrets, s’expliquant longuement sur la gestation du mythique animal.
Nous vous la re-proposons donc dans le cadre de notre « Coin du patrimoine », en attendant qu’elle soit reprise très bientôt (le 7 juin prochain), dans Franquin et les fanzines : un magnifique ouvrage dirigé par José-Louis Bocquet pour les éditions Dupuis ! Ce très beau livre proposera l’intégralité des entretiens que le créateur de « Gaston » et du « Marsupilami » accorda à ces revues spécialisées dirigées par des amateurs, à partir de 1971. Vecteurs dynamiques et passionnés de la bande dessinée, les fanzines ont longtemps été un porte-voix pour ce genre considéré alors comme mineur. Franquin, à l’instar d’autres auteurs de son époque, leur a accordé de nombreux entretiens et une vingtaine d’entre eux seront ici compilés(3), dont des inédits en français, accompagnés de leur iconographie originale.
Philippe MELLOT : À partir de quelle idée avez-vous créé le Marsupilami dans Spirou et les héritiers, en 1952 ?
André FRANQUIN : Le point de départ ce fut un livre de Bernard Heuvelmans qui m’avait beaucoup amusé : l’auteur passait en revue les animaux légendaires du monde entier – l’abominable Homme des Neiges, par exemple.
Il affirmait que certains de ces animaux existaient vraiment et qu’on en découvrirait encore. C’était vrai, j’en ai découvert un : le Marsupilami.
PM : Vous avez accordé de nombreux « pouvoirs » au Marsupilami, entre autres la parole dans Les Pirates du silence, pourquoi la lui avoir retirée par la suite ?
AF : J’avais prévu qu’à chaque épisode se révélerait un pouvoir du Marsupilami : il fut amphibie, il peut se déplacer sous terre à la façon d’une taupe ; depuis des générations les marsupilamis pratiquent la vannerie pour construire leur nid. Certains oiseaux le font bien. Et puis s’ils connaissent les nœuds mieux qu’un vieux marin, c’est à force de dénouer interminablement les queues des jeunes tout petits qui furent dans le nid. Faire parler le Marsu fut une erreur. Mais je n’ai pas encore trouvé à quoi lui sert son nombril – qui n’en est pas un puisqu’il est ovipare -. Il doit y avoir là un organe mystérieux et je suis curieux de savoir quel rôle peut bien jouer ce petit trou circulaire…
PM : Le personnage du Marsupilami est resté longtemps absent. Après sa disparition des aventures de Spirou et Fantasio, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de le hisser au rang de héros ?
AF : Très occupé par Gaston Lagaffe, je n’ai, pendant toutes ces années, dessiné que trois petits épisodes où le Marsupilami jouait un rôle.
En abandonnant « Spirou et Fantasio », j’avais désuni une équipe qui fonctionnait bien. Et puis, je croyais qu’à la suite de cette longue absence le personnage était oublié.
L’enthousiasme contagieux d’un jeune éditeur me prouva le contraire. Puis il y eut la rencontre d’un jeune dessinateur talentueux, et je me suis retrouvé dans la forêt de Palombie.
PM : Le chasseur Bring M. Backalive avait déjà eu maille à partir avec le Marsupilami ?
AF : Oui, Bring M. Backalive est chasseur de marsupilamis. Je doute qu’il n’arrive jamais à ses fins, mais comme il est têtu peut-être le reverra-t-on pour un nouvel échec ?
Les ennemis du Marsupilami doivent avoir un moral à toute épreuve : le jaguar n’a jamais mangé du marsupilami alors que celui-ci devrait être logiquement sa proie dans l’échelle des « qui mange qui » dans la grande forêt.
PM : Nous avons affaire aujourd’hui au Marsupilami jadis filmé par Seccotine dans Le Nid des Marsupilamis.
Que devient celui qui fut le compagnon de Spirou et Fantasio ?
AF : Je doute que le lecteur se pose cette question pourtant très logique. Disons que c’est une licence poétique. Il est possible qu’apparaisse, dans le prochain album, deux marsupilamis adultes…
PM : Quelle est l’importance des nouveaux personnages dans le dernier album ?
AF : Notre bande dessinée cherche à faire rire, à faire plaisir.
Ce sont donc les réactions des lecteurs qui font l’importance et la durée de chaque personnage.
Pour cet épisode-ci, Batem et moi avons animé un petit compagnon de la famille Marsupilami : l’oiseau Tignass qui lui aussi a des dons étonnants, et un handicap : il est si petit que les lecteurs risquent de ne pas le voir dans l’image.
PM : Pensez-vous un jour poursuivre les aventures du Marsupilami hors de la forêt palombienne ?
AF : Oui, car nous craignons la monotonie. Nous allons tout d’abord varier le décor dans la forêt et dans les environs.
Et puis, le Marsupilami a prouvé qu’il pouvait voyager. Il est un plaisir que nous partageons avec certains romanciers : nous ne savons pas où nous mènerons nos personnages.
C’est un cliché mais il est vrai : c’est d’abord à nous même que nous racontons des histoires.
PM : Vous avez souvent déclaré que le Marsupilami vous était très cher, parlez-nous de cette tendresse.
AF : Les auteurs de BD ont en effet de la tendresse pour certains de leurs personnages. Pacôme Adilard Ladislas comte de Champignac me manque encore et pour longtemps.
Pour moi, le Marsupilami c’est la liberté, l’instinct, la force, mais il a aussi – toujours pour moi – le charme que les enfants trouvent au Teddy en peluche.
PM : Peut-on parler des prochaines aventures de ces délicieux petits animaux ?
AF : Ce second album se termine sur un mystère : « on devine une présence dans la grande forêt ».
La vocation du Marsupilami est d’accompagner des humains sympathiques auxquels il s’attache sentimentalement, et qui l’adorent.
Merci André Franquin…
(1) Gaston, héros sans emploi, fait sa première apparition le 28 février 1957, au n° 985, vêtu d’un costume étriqué et les cheveux gominés. Quant au Marsupilami, il est, à l’origine, le protagoniste de l’aventure Spirou et les héritiers, pointant le bout de sa queue pour la première fois au n° 730 du 31 janvier 1952. L’animal fabuleux va alors accompagner Spirou et Fantasio dans toutes leurs autres aventures dessinées par Franquin, notamment dans Le Nid des Marsupilamis (1956) – voir aussi L’atelier Franquin - ; le passage du documentaire présenté par Seccotine sur les mœurs de cette mythique bestiole (Le Film de l’année) ayant donné lieu, en 2010, à un album à part chez Marsu, au format à l’italienne : Houba ! Une histoire d’amour. Le Marsupilami sera même le héros à part entière de courts gags et histoires publiés dans l’hebdomadaire Risque-Tout (à la fin de 1955) et dans Spirou (en 1956, 1965, 1968, 1970, 1971, 1972, 1979 et 1981) et même au sein de son supplément Le Trombone illustré (en 1977). La plupart de ses brefs récits ont été réunis dans l’album Gaston et le Marsupilami (aux éditions Dupuis, en 1978, dans le tome 9 de l’Intégrale d’André Franquin aux éditions Rombaldi (en 1987) et dans Capturez un Marsupilami ! : album n°0 de la série, à l’occasion du cinquantième anniversaire du personnage, en 2003 (chez Marsu Productions). Car, entre-temps, l’ineffable mammifère a refait une entrée remarquée pendant l’été 1987, dans l’hebdomadaire V.S.D., avec sa première grande aventure : La Queue du Marsupilami, écrite par Greg et dessinée par Batem ; Franquin ne se chargeant plus que de la réalisation de quelques crayonnés.
(2) Rappelons que, édités par Marsu Productions, les deux premiers albums du Marsupilami ont été écrits par Michel Greg, les albums du 3 au 9 par Yann, le 10 et le 11 par Xavier Fauche et Éric Adam, le 12 par Batem, le 13 par Kaminka et Marais, le 14 par Bouquardez et Olivier Saive, les 15 à 18 par Dugomier et, à partir du 19, par Stéphane Colman (et nous en sommes aujourd’hui au vingt-sixième). Outre André Franquin que tous les amateurs connaissent particulièrement bien, le dessinateur des aventures du Marsupilami est donc Batem, de son vrai nom Luc Collin, né le 6 avril 1960 à Kamina, dans l’ex-Congo Belge. D’autre part, nous vous renvoyons aussi à L’Encyclopédie du Marsupilami édité par Marsu Productions en 1991 : un ouvrage contenant des dessins de Franquin, Batem, Adam, Massart et Éric Closter et des textes de Jean-Luc Cambier et Éric Verhoest ; ainsi qu’aux sites http://www.marsupilami.com/, http://www.inedispirou.com et http://fr.wikipedia.org/wiki/Marsupilami qui nous ont permis d’illustrer honorablement cet article.
(3) Voici, en exclusivité, le sommaire final de cet épais recueil indispensable pour tous les amateurs de bandes dessinées franco-belges : Schtroumpf/Les Cahiers de la bande dessinée n° 10 (janvier/février 1971), Krukuk n° 1 (janvier/février/mars 1971), Esquisses n° 3 (septembre 1972), Falatoff n° 12/13 (novembre/décembre 1972), Comics Sentinel n° 1 (novembre/décembre/janvier 1972), Copyright n° 3/4 (juillet/octobre 1973), Stripschrift n° 66 (juin 1974), Gaston n° 1/2 (octobre 1976), Antirouille hors-série (été 1977), Haga n° 40 (automne 1979), En Attendant n° 22 (novembre 1979), Schtroumpf/Les Cahiers de la bande dessinée n° 47/48 (janvier 1980), Spécimen n° 1 (janvier 1981), Le Journal illustré le plus Grand du Monde n° 1 (octobre 1982), Tonnerre n° 4 (1984), Saucysson Magazine n° 4 et n° 6 (mars et octobre 1986), Ratatouille n° 4 (septembre 1986), L’Âge d’or n°6 (janvier/février 1988), Sapristi n° 16 (printemps 1988), bdzoom.com (juin 1988), introduction à la version néerlandaise de l’intégrale des Idées noires aux éditions Rombaldi (juillet 1988), À l’Aise n° 15 (automne 1988), Angoulême 89, le Magazine (janvier 1989), introduction au tirage de tête de Modeste et Pompon Un rêve de designer aux éditions Magic Strip (1989), Esquisse n° 2 (réalisé en 1990 mais non publié), Champagne ! n° 6 (noël 1992) et Auracan n° 2 (novembre/décembre 1993).Dossier concocté par Gilles RATIER
Pour conclure ce « Coin du patrimoine » consacré au Marsupilami, l’ami Jean-Pierre Verheylewegen nous signale que c’est dans le cadre de l’embellissement de la Ville de Bruxelles, par les fresques BD, que s’inscrit la nouvelle réalisation ci-dessous située à la sortie de la station de métro Houba Brugmann, à côté de l’Hôpital Brugmann, au sud du Heysel (photo Robert Sleypen) : 75 ans de Spirou, ça se fête sous toutes les formes ! D’ailleurs, le prochain mur BD sera entièrement consacré à ce personnage mythique…
Trés bon article! Mais si je m’attends à une énième série de Gaston…. comme s’il n’y en avait pas déjà eu assez…
Excellente interview, comme d’habitude.
Je m’aperçois avec horreur que j’ai déjà presque tout ça!
Que faire?