Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...La « vraie » édition originale de L’Oreille cassée !
Quand on est collectionneur des « Tintin » noir et blanc, on a croisé un jour ou l’autre une édition de L’Oreille cassée aux pages de garde bleues, datée de 1938.
Et si c’était la véritable édition originale ?
De longue date, pour beaucoup d’experts, seules les pages de garde grises caractérisent l’édition originale de 1937.
Alors, pourquoi les deux autres titres édités en même temps que l’édition originale de L’Oreille cassée –Tintin au Congo et Tintin en Amérique- le même mois de novembre 1937- ont-ils bénéficié des toutes nouvelles pages de garde bleues si chères à Hergé ?
Et pourquoi la nouveauté « Tintin » de l’année, imprimée en même temps, aurait-elle un tout petit tirage et des pages de garde grises ??!!
Hergé n’aurait jamais laissé passer une chose pareille….
Mais reprenons la séquence des correspondances entre Hergé et Casterman (Charles Lesne) sur l’année 1937 pour y voir clair :
Juin 1937 : Hergé et Lesne conviennent du programme « Tintin » de l’année : « Amérique, Congo et Oreille. À sortir pour la St Nicolas (5 et 6 décembre)….»
Le 23 juillet, Lesne fait part à Hergé d’une idée qu’il a eue avec Louis Casterman : « Nous voudrions améliorer la présentation de la garde des couvertures. Il nous semble, à Monsieur Louis Casterman et à moi-même, que l’impression, ton sur ton, d’un cliché représentant en une succession de dessins, les scènes les plus typiques des différents Tintin serait une bonne chose… » 3 jours plus tard, Hergé répond : « Votre idée est vraiment excellente. »
….Mais Hergé part en vacances en août…Lesne écrit alors, visiblement furax : « Cette fois je viens te tirer les oreilles ! Ou bien tu te f… de moi, ou bien tu as juré de me faire perdre mes derniers cheveux. Dans un cas comme dans l’autre, tu es un grand pendard ! » En effet, le travail n’est toujours pas fait …. Ce qui n’empêche pas Hergé de repartir le 1er septembre à la mer car Germaine est surmenée. À son retour, Lesne s’impatiente encore : « Je te rappelle que je t’avais demandé une grande planche composée de multiples dessins Tintin pour l’impression des feuilles de garde des albums. Est-ce oui ou non ? »
Hergé y travaille enfin le 29 septembre : « Je travaille en ce moment à la « garde » des Tintin…Le dessin que je fais représente un savant désordre de petits TINTIN de petits MILOU, pris parmi les albums parus et à paraître ». Il envoie son dessin le 4 octobre à Casterman : « J’aimerais beaucoup voir cela en négatif, comme pour la garde d’Astrid. Cela serait plus amusant, me semble-t-il. Je joins un petit croquis (quel beau bleu, hein ?) ».
Finalement, le mercredi 10 novembre, Lesne envoie à Hergé « le premier Congo sorti de presse » et promet l’Amérique pour le mardi suivant… Il annonce le 14 novembre : « Un mot en hâte pour te dire que les albums vont bientôt sortir…»
Après ce « coup de feu », Casterman adresse à Hergé les contrats d’édition pour les 2 nouveautés : L’Oreille cassée et le Congo qui sont tirés à 5 800 ex. chacun, tandis que l’Amérique, considérée comme réédition, est tirée à 3 900 ex. Hergé renvoie ces contrats ainsi que ses commentaires sur les albums le 2 décembre…, et commente la page de titre de L’Oreille cassée : « Milou a perdu son nez !…. »…Sans mot dire sur la couleur des pages de garde….
Quelques mois plus tard, en mars 1938, le compte d’auteur d’Hergé relève que sur 5 800 ex. imprimés de l’Oreille Cassée en 1937, il reste encore 3 788 ex…
Lire la séquence de ces échanges nous permet de lever le voile sur ce sujet controversé : 3 albums – Congo, Amérique et Oreille – furent tirés en même temps en novembre 1937, comportant les toutes nouvelles pages de garde bleues, si attendues pour la St Nicolas …
Ces tirages furent complets à cette date (respectivement 5 800, 3 900 et 5 800 exemplaires)… Nul autre tirage ne fut mené en 1938…
Les pages de garde bleues firent bien partie de la nouvelle présentation… Au point qu’Hergé ne fit qu’une seule remarque sur la nouveauté Oreille cassée à réception de l’album : l’absence de nez sur le museau de milou en page de titre !
Or si les pages de garde avaient été absentes, que n’aurait dit Hergé !
Mais Casterman, qui connaissait les colères de son auteur fétiche, avait sans doute caché un petit nombre d’Oreille montées avec des pages de garde grises…
Il n’y eut donc qu’un seul tirage de l’édition originale de L’Oreille cassée en 1937 monté avec les toutes nouvelles pages de garde bleues. Sans doute un petit nombre d’exemplaires aux pages de garde grises furent assemblés en fin de tirage, faute de quantités suffisantes ou, au début, pour écouler les stocks restant…
Saviez-vous, pour conclure, qu’Hergé changea le nom d’origine de l’indien à la pirogue ? Lors de la mise en version album, il s’aperçut que Carajo signifiait b….. en espagnol. Il le transforma en Caraco… Et tout rentra dans l’ordre…. Caramba !
  Gilles FRAYSSE
Merci à Philippe Dognon qui m’a permis d’examiner à la loupe ses magnifiques albums à l’état neuf et toutes les variantes de cette édition si controversée et pour les renseignements d’expert qu’il m’a fournis.
Excellent article et très belles illustrations.
Ainsi que des explications très intéressantes,qui terminent de faire la lumière sur ce point d’interrogation pour de nombreux collectionneurs,e a grâce au courrier de Charles Lesnes,qui se révèle très précieux.
Félicitations aux auteurs de lecture article
Bernard SOETENS
« Saviez-vous, pour conclure, qu’Hergé changea le nom d’origine de l’indien à la pirogue ? Lors de la mise en version album, il s’aperçut que Carajo signifiait b….. en espagnol. Il le transforma en Caraco… Et tout rentra dans l’ordre…. Caramba ! »
Je ne sais pas ce que signifie Carajo, mais cela signifie b….
Tiens donc, cela signifie b……
Carajo signifie b…..
Boudin ?
Je viens de regarder sur google (ouf) Alors Carajo signifie pénis
merci de rien
j’ai jeté la semaine dernière un « oreille cassé » à la poubelle par ce qu’il avait une garde en gris.
allons bon …NNNNOOOOOONNNNN!
Un manque de pdg bleues est techniquement plus plausible qu’un essai de pdg grises .
Il n’empêche que c’est la rareté qui fait la cote..
J’en profite pour glisser L’ARNAQUE dont je fut victime à DROUOT le 30 novembre 1996 lors de la vente TINTIN AD’HOC ( Tajan / expertise Leroy ) .
J’étais un » bleu » à l’époque en matière de Tintin .
Déjà possesseur de l’édition 1938 de L’OREILLE CASSEE aux pdg bleues ( achetée l’année d’avant à un libraire parisien ) , je montais à Paris en TGV pour acheter celle des 2 éditions en pages GRISES inscrites au catalogue de cette vente ( le lot numéro 60 ).
Pas la plus belle à l’état neuf car hors de mes moyens ..mais l’autre .
Ce n’est que 7 ans plus tard , en révisant ma collection que je m’aperçus de …l’erreur …
Donc avant la 10 ° année suivant mon achat et plusieurs fois depuis je fis part de mes doléances ..( échange contre une édition 1937 ou complément financier tout en gardant le lot acquis .
En vain .
Donc , un tiers a échangé l’album aux pdg grises – sous vitrine – que je me suis fait montrer entre 11 h et 12 h contre une » seconde édition » qui a toujours eu une cotation inférieure .
Dos rouge » plastifié » !! ?
Que pour L’OREILLE ?
Celà demande quelques explications , référencées .
Je ne comprends pas tout de votre histoire, mais le fin mot de l’histoire est qu’avec une édition pages de garde bleues, vous étiez en fait l’heureuse propriétaire de l’édition originale de 1937 et non pas d’une seconde édition de 1938 comme vous semblez le dire !
Pour ce qui concerne les dos, effectivement je prépare un référencement complet de tous les types de dos, c’est très intéressant et effectivement, certains albums des années 30 ont un dos tissu légèrement plastifié voir photo)
Bien cordialement, Gilles
Bonjour ,
Je suis toujours et contre mon gré , » l’heureux propriétaire » de 2 E.O aux pdg bleues , alors que je devrais en avoir une aux pdg grises suite à mon achat du 30 novemvre 1996 à Drouot ( TINTIN AD ‘ HOC / TAJAN / LEROY ) .
Les lots 59 ( neuf ) et 60 ( mon achat en bon Etat ) étaient des A 2 « Grises » 1937 cotant 7000 F .
C’est sur cette base normale que débuta et se termina l’enchère .
Il n’y avait pas d’albums aux pdg bleues .
L’ARNAQUE a consisté – pour un monsieur connaisseur et bien placé – à échanger l’album » gris » contre un » bleu » , entre l’adjudication et la récupération de l’objet .
Ceci étant , bien que probablement E.O l’une et l’autre , les deux moutures ont toujours
été cotées différemment au profit des pdg grises ou blanches ..
Cet écart , minime au début ( + 13 % ) est aujourdh’ui de + 60 %. ( 4000 / 2500 € )
En 2 mots , aujourd’hui , c’est 1500 € de préjudice .
Peut – être que les empreintes digitales du quidam figurent toujours sur l’album .
Je terminerai en signalant que ce titre ( L’Oreille Cassée ) , concentre à lui seul quelques albums » extra terrestres » dont les exégètes – connus de tous et ayant eu largement accès aux archives – seraient passés à côté sans les voir .
Archives , dont même pas le quart de la moitié d’une bribe d’indice papier ne puisse suggérer ou évoquer .
» En même temps » , mais forcément l’un puis l’autre puis le troisième .
Tout est dans la nuance
Le 10 novembre : » premier Congo sorti de presse » .
Un peu après le 14 novembre , Amérique .
Après signature des contrats d’édition , cet ordre fut – il celui de l’impression ?
Si oui , on peut imaginer qu’après Congo et Amérique l’imprimerie manqua de nouvelles pdg marines …d’où 1000 pdg grises au début de l’impression .
Celà fait beaucoup , j’en conviens .
Tout ce qui se « tramait » dans l’imprimerie , n’arrivait pas toujours aux oreilles d’Hergé en temps utile ( lu dans Wilmet ou Assouline je crois..)..
Même Lesne n’y maîtrisait pas tout ( photogravure et rendus des couleurs ) .
Rappelons que la nécessaire « pingrerie » d’Hergé et Lesne n’était pas un vain mot . Sauf erreur , le non gaspillage a toujours été de mise chez Casterman .
De plus , le grand boom des ventes n’avait pas encore débuté .
Bonjour a tous et félicitation pour le travail, c’est magnifique
J’ai juste une petit question. Voila en feuilletant plusieurs volume du vol 714, je me suis rendu compte que je possède un b39 de 1970 avec 14 langues de traduction au verso de la page de titre. Je dois dire que cela m’intrigue un peu car le b 37 de 1968 qui a 15 langues de traduction au lieu de 12 est de 1968
Pouvez vous m’éclairer
Je vous remercie et vous souhaite une bonne journée
Fabrice
Bonjour,
L’édition originale affiche 12 langues de traduction. Mais pour savoir pourquoi une édition B37 en a 15 la même année que l’EO, j’avoue que je ne sais pas, sauf à penser que ce serait un re-cartonnage.
Merci en tous cas de nous signaler ce genre de spécificités !
Bien cordialement, Gilles
Bonjour,
L’édition originale affiche 12 langues de traduction. Mais pour savoir pourquoi une édition B37 en a 15 la même année que l’EO, j’avoue que je ne sais pas, sauf à penser que ce serait un re-cartonnage.
Merci en tous cas de nous signaler ce genre de spécificités !
Bien cordialement, Gilles
Bonjour,
merci de votre réponse et a bientôt très certainement
Fabrice
ah, je vois que les spéculateurs sont nombreux sur ce site! Lisez vous les livres que vous achetez à prix d’or, messieurs, où s’agit il pour vous seulement d’un titre de placement?
Ainsi l’argent sentirait mauvais , même dans la BD !
Costaud celui qui , habitant très loin de Paris , pouvait au début des années 90 , prévoir que ses achats d’alors seraient plus chers 10 ou 20 ans plus tard .
Sauf si tu es marchand et / ou »expert » en salle des ventes et / ou participant au BDM .
C’est bien me semble t-il à l’intérieur de ce » triumvirat » que cotes et départs d’enchères se décident … se »négocient » ?
Pas tous lus ces albums achetés voici 20 ans et plus , par contre feuilletés et re feuilletés dès lors que j’entrepris de m’intéresser à l’Å“uvre d’Hergé .
Vu l’âge où j’ai commencé à lire les 9 premiers titres , il s’est trouvé que ma » Madeleine Proustienne » fut Tintin , après la destruction de deux albums N & B lors d’un malheureux accident domestique .
Heureux celui , Ã qui tu largueras tes Bd pour quelques picaillons .
Je voulais signaler une grosse erreur au niveau des cotations des recueils Pilote dont on se demande bien sur quelles bases elles sont fondées.
Explication: J’ai mis en vente sur eBay aux enchères pendant 10jours 5 recueils à 50€ pièce (cotés 250€ selon le BDM) en précisant que ces reliures étaient d’état exceptionnel (coins piquants, pas de traces de frottements sur les plats). Aucune n’a trouvé d’acquéreur. La cotation est absolument fausse (5 fois moins et pas de preneurs) et c’est statistiquement et mathématiquement significatif . Il faudrait nettement revoir les prix à la baisse et c’est l’inverse qui se produit à chaque parution du BDM
Bonjour Pierre.
Comme beaucoup de revendeurs vous avez tendance à ne pas bien comprendre la démarche du B.D.M. Je ne veux pas ennuyer Michel Denni avec ça, aussi je me permet de vous répondre en citant la page 4 de la dernière édition du BDM : « Le B.D.M. n’a jamais eu la prétention de créer et d’imposer des côtes. Il se contente de faire le point tous les deux ans, au 30 juin, sur l’état du marché de l’ancien, en publiant des côtes, après enquête auprès des experts de l’U.N.E.C.O. et des collectionneurs cités au verso de la page de titre. Nous indiquons toujours la côte en cours en France dans les librairies spécialisées… » Il n’a jamais été question, donc, de ventes sur eBay !!!
Et en citant Michel Denni, à travers ses différents posts déjà mis en ligne sur ce site : « La cote se fait uniquement avec l’accord des participants (dont la liste se trouve donc en bas de page 2 du B.D.M.) et en se référant à la loi de l’offre et de la demande qui régit, que cela plaise ou non, l’économie de marché » et « la crise économique aidant, il est vrai qu’il n’y a plus d’envolées des cotes, sauf en salles de vente sur des états super neufs, au contraire certaines cotes risquent même de s’effondrer ».
Il est donc fort probable que l’intérêt pour les reliures Pilote, comme pour beaucoup de périodiques, se soit tout simplement essoufflé. Tous les spécialistes vous le diront, les revues et magazines de BD sont aujourd’hui très difficiles à vendre… Il faut tomber sur le collectionneur adéquat, c’est tout.
Donc pas d’erreur, mais une simple évolution (qui ne va pas, hélas pour vous, dans votre sens).
Bien cordialement
Gilles Raier
Concernant les arnaques , cela fait partie de la cupidite humaine et , lorsqu’il y a beaucoup d’argent vole , il suffit de faire faire un examen au carbone 14 , je crois .
Avec en prime l’assureur de la salle de vente qui va payer le paquet du a l’arnaque( e) tout va bien .
Qu’on se le dise
France Dolle